Le 03 février 2024, et à la veille du début de la campagne électorale, le Président de la République Macky Sall a signé le décret n° 2024-106 du 3 février 2024 abrogeant le décret n° 2023-2283 du 29 novembre 2023 portant convocation du corps électoral .
À travers un communiqué publié ce dimanche, l’Initiative Citoyenne « Jog Ngir Senegaal » donne ci-après son appréciation des cinq (5) raisons par lesquelles le président Macky Sall a justifié la prise de ce décret du 03 février 2024.
En premier lieu: "les dysfonctionnements constatés dans le contrôle du parrainage ont été notés dans l’élection présidentielle de 2019 et dans les élections législatives de 2022, pourtant ces dernières n’ont pas été annulées".
Ensuite, « même si l’élimination du candidat M. Karim Wade peut être considérée comme regrettable, la vérité voudrait que le parti démocratique sénégalais (PDS) s’en prenne à son créateur, qui est l’auteur de la Constitution de 2001 ayant indiqué qu’il fallait être « exclusivement » de nationalité sénégalaise mais aussi à M. Karim Wade, lui-même, qui a produit le décret du premier ministre français ayant prouvé que, jusqu’à la date du 16 janvier 2024, il avait une double nationalité. Et, qu’en conséquence, il aurait été coupable de parjure (faux et usage de faux) en 2019, mais aussi « lors du dépôt au greffe du Conseil constitutionnel de sa déclaration de candidature le 22 décembre 2023 » (voir considérants nos 83 à 89 de la décision susmentionnée) », ajoute l’Initiative.
Avant de poursuivre : l’article 92 a indiqué, en son alinéa 4, que « les décisions du Conseil constitutionnel ne sont susceptibles d’aucune voie de recours. Elles s’imposent aux pouvoirs publics et à toutes les autorités administratives et juridictionnelles. Il apparait évident selon l’Initiative citoyenne que toutes les tentatives de remettre en cause le contrôle des parrainages et la décision No 2/E/2024 du 20 janvier 2024 du Conseil constitutionnel, par les candidats dits spoliés et par les députés du PDS, qui ont mis en place avec le soutien de ceux de la mouvance présidentielle, une commission d’enquête parlementaire (CEP) à cet effet, ne devraient, en aucun cas, être soutenu par le président de la République qui a juré devant Dieu et devant la Nation sénégalaise…d’observer comme de faire observer scrupuleusement les dispositions de la Constitution et des lois ».
Par ailleurs, indique t-elle, la polémique sur une candidate dont la bi-nationalité a été découverte après la publication de la liste définitive des candidats par le Conseil constitutionnel commandait, tout simplement une nouvelle décision dudit Conseil qui modifierait celle du 20 janvier 2024 en application de l’alinéa premier de l’article 34 de la constitution. Car, cette découverte est bien un motif d’ « empêchement définitif» ( de participer à l’élection) de l’intéressée.
Enfin, prendre en compte les soupçons de corruption de deux membres du Conseil constitutionnel, c’est mettre sciemment de côté la présomption d’innocence. Il aurait fallu tout simplement demander au PDS de porter plainte devant le Procureur de la République afin que l’affaire soit jugée en flagrant délit compte tenu du fait que les noms de ceux qui seraient corrompus et du corrupteur ont été avancés. Alors dans le pire des cas (si les allégations sont fondées), les corrompus seraient remplacés et le candidat corrupteur écarté par décision du Conseil constitutionnel qui pourrait valablement siéger avec ses cinq (5) membres (voir articles 5 et 22 de la loi organique n°2016-23 du 14 juillet 2016 relative au Conseil constitutionnel).
Compte tenu de tout ce qui précède, il apparait clairement que le Président Macky Sall qui, sans aucun doute, n’est pas prêt à laisser le pouvoir à un de ses opposants politiques, a encore usé de subterfuges ou de ses « ndiouth-ndiath » ou « peexe», qu’un de ses conseillers avaient fustigés, pour tenter d’annuler l’élection présidentielle du 25 février 2024 avec la complicité de tous ces hauts fonctionnaires de l’Etat, civil, militaires et paramilitaires qui avaient pourtant l’obligation de le conseiller patriotiquement, soutient l’Initiative Citoyenne…
Qui invite tous les partis politiques, qui sont contre cette tentative d’annulation de l’élection, d’attaquer en extrême urgence ce décret devant le Cour suprême qui devrait avec le maximum de célérité l’annuler pour « excès de pouvoir » du président de la République (Article premier, alinéa 2 de la loi organique n° 2017-09 du 17 janvier 2017 sur la Cour suprême) dans l’intérêt supérieur du pays et permettre ainsi à la campagne électorale de bien démarrer.
Elle appelle enfin le président de la République à faire honnêtement son autocritique pour se convaincre que la passion du pouvoir ne doit pas justifier la commission d’un acte qui constitue, en toute vérité un coup d’Etat « civil » du Chef du « Pouvoir exécutif » avec la complicité du « Pouvoir législatif » ou une trahison de son serment.