Il s'agit pour l'instant de propositions et aucune décision n'a été prise. La liste, dressée par un groupe d'experts indépendants, est soumise au Comité des sanctions, qui dépend du Conseil de sécurité et décidera du nombre et de l'identité des sanctionnés. Aucun délai précis n'a non plus été fixé pour une décision, qui prendra de toute façon plusieurs semaines.
M. Djotodia est la principale personnalité figurant sur une liste d'une quinzaine de noms de cibles potentielles de sanctions, qui comprend également des chefs militaires. Des trafiquants de ressources naturelles et deux compagnies de diamants, Badica en Centrafrique et sa filiale en Belgique, Kardiam figurent sur le document soumis par les Experts de l'Onu au Conseil de sécurité. La société Badica est dirigée par Abdoul-Karim Dan Azoumi, l'un des principaux financiers du Coup d'Etat de la Seleka en mars 2013.
Ces sanctions ciblées, prévues par une résolution de l'ONU du 28 janvier dernier, consistent en un gel des avoirs et une interdiction de voyager. Mais les membres du Conseil hésitent entre accroître la pression sur M. Djotodia ou le ménager pour l'inciter à participer au forum de réconciliation nationale prévu en janvier à Bangui et qui constitue la prochaine grande échéance politique.
Chef de la rébellion à dominante musulmane de la Séléka, M. Djotodia était arrivé au pouvoir en mars 2103, à la faveur de la prise de Bangui par son mouvement et de la chute du régime de François Bozizé.En mai dernier, le Conseil de sécurité avait frappé de sanctions trois responsables centrafricains : l'ex-président François Bozizé, le coordinateur des milices anti-balaka Levy Yakété et le numéro deux de l'ex-coalition rebelle Séléka, Nourredine Adam. Le nom de M. Djotodia, qui vit en exil à Cotonou, avait à l'époque été évoqué mais n'avait finalement pas été retenu. Par contre, il faisait partie des cinq responsables centrafricains qui avaient été sanctionnés en mai par les Etats-Unis. Aujourd'hui président du front populaire pour la renaissance de la Centrafrique, Michel Djotodia est également cible par les experts en raison de ses nombreuses références à la partition du pays.
Affaiblie par l'intervention de l'armée française et de la force africaine Misca, la Séléka avait dû évacuer Bangui début 2014 et s'est retirée depuis lors dans ses fiefs du nord du pays, où elle est aujourd'hui très divisée.