Pour l'Union européenne, l'idée à travers cette mission est de lutter contre le trafic d'être humain. Pour l'instant, cette opération baptisée « EU Navfor Med » et dirigée par un amiral italien, se limite à de la surveillance en mer. Bruxelles y déploie un millier d'hommes ainsi que cinq navires de guerre, deux sous-marins, trois avions patrouilleurs maritimes, deux drones et trois hélicoptères. Leur but est de collecter des renseignements et de localiser les réseaux de passeurs.
« Première phase : nous collectons ensemble les renseignements. Où sont les passeurs ? Où sont ces êtres nuisibles ? Ensuite deuxième phase : il faut intercepter en haute mer les navires permettant aux passeurs de s'enrichir », a expliqué le ministre français de la Défense, Jean Yves Le Drian, sur Europe 1.
L’idée de cette deuxième phase n’est pas de couler les navires en pleine mer mais plutôt de saboter les moteurs de ces embarcations. Elle devrait durer au moins jusqu'à septembre.
Mesures « guerrières »
Mais pour le moment, l'opération ne prévoit pas d'intervention contre les trafiquants. Pour cela, l'Union européenne aurait besoin du feu vert du Conseil de sécurité des Nations unies. Une telle résolution ne peut être votée qu'avec le consentement des autorités libyennes. Pour l'instant, deux gouvernements rivaux s'affrontent en Libye et ils sont actuellement en pourparlers sous l'égide de l'ONU pour former un gouvernement d'unité nationale. En l’absence de ces autorisations, la phase d'interception des navires n’interviendra donc que dans un second temps.
À peine lancée, cette mesure suscite une vague de scepticisme de la part des ONG. Un militant d'Amnesty International reste « dubitatif sur l'efficacité » de ce projet. Côté société civile africaine et milieu associatif, on dénonce des mesures « guerrières », qui n'ont « pas d'effet à moyen terme ». « La solution, suggère un militant sénégalais, c'est d'organiser une réflexion commune entre dirigeants du Nord et du Sud sur ce problème ».