Les contaminations sont de plus en plus rapides. Il y a trois à quatre semaines, on parlait de 600 cas de fièvre hémorragique Ebola en plus par semaine. Selon l'OMS, il y a maintenant 1 000 cas en plus par semaine. Et selon les prévisions de l'Organisation mondiale de la santé, on pourrait atteindre un pic avec 10 000 contaminations de plus chaque semaine d'ici le mois de décembre. Mais ce sont des projections à prendre avec des pincettes. Pour l'instant, l'OMS a répertorié près de 9 000 cas et presque 4 500 décès et établit le taux de mortalité du virus à 70%. Mais tous les acteurs sur place l'affirment, il y aurait une sous-estimation du nombre de malades et de morts. L'OMS, l'ONU et les Etats-Unis appellent donc les pays occidentaux à augmenter de manière « spectaculaire » - c'est le terme employé par l'ONU - leurs aides, aussi bien financières que matérielles aux pays d'Afrique de l'Ouest. Depuis plusieurs mois, Médecins sans frontières l'affirme : ce qui manque surtout, ce sont des bras. Et si la France a bien mis en place un hôpital militaire de 50 lits dans le sud de la Guinée, les pays occidentaux sont en général un peu réticents à envoyer du personnel. Leur crainte c'est évidemment qu'il rentre malade.
Une meilleure traçabilité au sein de l’Union européenne
Ce qu'ont annoncé les ministres de la Santé de l'Europe ce jeudi 16 octobre, c'est que les mesures de contrôle de la santé des passagers dans les aéroports des trois pays touchés vont être vérifiées. Une analyse de ces mesures de sécurité qui vise à débusquer de potentielles failles, et qui sera menée avec le soutien logistique de l'OMS. Le but est de permettre une meilleure traçabilité dans l'Union européenne de possibles porteurs du virus. La traçabilité est devenue une question essentielle ces dernières semaines avec les loupés qu'il y a eu en Espagne et aux Etats-Unis. Tracer un voyageur, c'est lui faire remplir un formulaire qui indique précisément d'où il vient, où il va, et par où il passe. S'il s'avère malade, il est plus facile de retrouver les personnes avec lesquelles il a été en contact. C'est essentiel pour pouvoir isoler ces personnes, mener les analyses nécessaires et les traiter, s'il le faut.
De plus en plus, les pays occidentaux prennent la mesure des risques et des faiblesses de leur système de protection. Les Etats-Unis et l’Espagne pratiquent maintenant les quarantaines pour prévenir toute contamination. Et parmi les mesures d'urgence prises par les Etats-Unis : l'utilisation de nouvelles combinaisons de protection intégrales, encore plus couvrantes, pour protéger la santé des personnels soignants.
Une mobilisation internationale
Les ministres européens de la Santé s'étaient déjà réunis, mais ils semblent enfin prêts à coordonner les efforts pour prévenir toute épidémie sur le territoire européen en vérifiant les mesures de sécurité dans les aéroports en Guinée, en Sierra Leone et au Liberia. Mais surtout, la mise en place d'un système d'échange des informations collectées auprès des passagers pour connaître tous les mouvements des voyageurs en provenance de l'épicentre de l'épidémie. Et la Commission européenne doit aussi examiner si le dispositif européen d'achats groupés de vaccins pourrait être utilisé pour l'achat des matériels médicaux, des gants, combinaisons et masques.
Enfin, les Etats-Unis ont à nouveau exorté la communauté internationale à en faire plus pour lutter contre le virus. A la Maison Blanche, Barack Obama porte toute son attention à la crise, quitte à annuler des déplacements. Il a estimé lors d'une conférence de presse improvisée que le meilleur moyen de se protéger contre Ebola est d’attaquer le mal à sa source : « Plus tôt nous contrôlerons cette maladie à sa source en Afrique de l’Ouest, moins nos populations courront de risques de l’attraper. Je pense que de plus en plus de leaders ont accrû leurs efforts, même si cela prend un peu plus de temps qu’il ne le faudrait. » Les Etats-Unis continuent pour le moment de s’opposer à une interdiction des voyages, réclamée par de nombreux élus du Congrès, car ils craignent qu’elle ne soit contreproductive, et n’incite les voyageurs à dissimuler leur lieu de provenance.