Qui gouverne au Vatican ? Y a-t-il encore, au-dessus du Tibre, un pilote dans l'avion? On est en droit de se poser la question devant l'interminable polémique, qui est tout sauf insignifiante, opposant la Curie romaine au gouvernement français à propos de la nomination d'un nouvel ambassadeur de Paris auprès du Saint-Siège. Une affaire, apparemment protocolaire, mais qui révèle les contradictions internes qui divisent aujourd'hui le «sommet» de l'Eglise catholique.
Voilà un candidat de la France qui a le curriculum parfait pour siéger villa Bonaparte à Rome, l'historique demeure de son ambassade au Vatican, l'une des plus prisées et convoitées dans le milieu diplomatique: Laurent Stefanini, chef du protocole de l'Elysée sousFrançois Hollande et Nicolas Sarkozy, ancien chef du service des questions religieuses au Quai d'Orsay, avait déjà été, entre 2001 et 2005, premier conseiller de cette ambassade, où il s'était fait apprécier par sa discrétion et son professionalisme. Au terme de cette mission diplomatique au Vatican, il avait même été décoré de l'ordre de Saint-Grégoire-le-Grand, l'une des plus hautes distinctions délivrées par le pape.
Ce candidat de la France qui, en outre, n'a jamais fait mystère de ses convictions et de sa pratique catholiques, a bénéficié d'un coup de pouce, à Rome, de l'archevêque de Paris, le cardinal André Vingt-Trois, et surtout du cardinal Jean-Louis Tauran, la plus haute personnalité française dans l'entourage du pape: c'est lui qui préside l'important Conseil pontifical du dialogue interreligieux (avec l'islam sutout) et a été nommé, il y a peu, par le pape argentin «camerlingue» de l'Eglise, un poste très élevé dans la hiérarchie vaticane. Le camerlingue est celui qui assure la transition du pouvoir après la mort ou la démission du (...)