Y a-t-il encre des personnes lucides dans le camp présidentiel ? C’est une question qu’on est obligé de se poser après la salve d’insultes et d’invectives que les responsables du camp de présidentiel ont cru devoir opposer à l’accueil triomphal que les militants du PDS ont réservé au Président Wade. Comment peut-on faire preuve d’un si grand déni de réalité ? En plus d’avoir été incroyablement assommés par l’annonce du retour du Président Wade, les responsables du régime ont preuve d’une innommable pénurie d’inventivité.
La politique est, dit-on, l’art de gérer la cité : en tant qu’art, elle exige de la créativité, de l’imagination, de la spontanéité et de la promptitude à réagir face à l’imprévu. Dans chaque situation, en effet, c’est le génie qui permet à l’homme politique de s’en sortir : en tant qu’art la politique ne repose pas sur des règles immuables prédéfinies. Elle ne repose pas non plus sur une science parfaite dont l’application garantirait le succès. L’art ou le génie : c’est malheureusement ce que Mimi et ses camarades n’ont pas. C’est pourquoi ils sont fatalement obligés de commander des « visions » et de commanditer des articles de presse. La gestion catastrophique du retour de Wade n’est que l’ultime révélation d’une grande imposture politique. Mimi Touré qui, quoiqu’on dise, souffre d’un invincible problème d’image, s’en est mêlée avec une incroyable maladresse tant dans la posture que dans le discours. L’image, on le sait, est essentielle en politique, or ce que madame le PM renvoie comme image est catastrophique, abominable et hautement contre-productif. L’allure, le débit de la parole, le regard, la gesticulation : tous ces éléments forment une structure qui donne à un message sens et portée. Chez Mimi est au contraire, tout est déstructuré ou du moins exclusivement articulé autour du châtiment. Personne n’a jamais entendu le PM dire quelque chose de pertinent : elle est prisonnière de ses convictions et de sa soif vindicative ; et ce n’est pas acceptable pour un gouvernant. Á l’entendre baragouiner à la télévision sa sempiternelle sentence sur la culpabilité et le nécessaire châtiment de Karim Wade, on ne peut s’empêcher de penser qu’elle ne doit sa survie qu’à une forme de cannibalisme politique. Non seulement le discours est inlassablement redondant, mais sa structure est frappé de gamineries manifestes. Au regard de tout cela la seule question qu’on est en droit de se pose est : comment peut-on choisir une telle personne comme PM ? La réponse nous semble être la suivante : entre Macky, Abdoul Mbaye et Mimi Touré c’est l’histoire du cocher aveugle, de la charrette et du cheval borgne. Il faut dire d’ailleurs que la vulgarité et l’insolence sont la marque de fabrique des militants de l’APR dans les débats radiotélévisés. C’est, en effet, extrêmement rare de voir les défenseurs du régime tenir un discours argumenté, structuré, cohérent et percutant. Au lieu de cela on se contente de deux armes dont la fonctionnalité et la durée de vie sont limitées. La première consiste à inlassablement diaboliser ses adversaires en les traitant de bandits, de voleurs, de criminels, etc. La deuxième consiste à mythifier des actes et des idées dont la platitude n’a qu’une seule fonction : endiguer la réflexion et la capacité critique. La baisse des prix du loyer illustre la superficialité et la quotidienneté de la vision de Macky. Cette baisse, comme la plupart des idées du professeur Iba Der Thiam, est généreuse, mais superficielle et franchement bornée, mais on en fait l’horizon prometteur d’une politique sans vision et dans laquelle tout ce qui est lumières est banni. L’industrie du mensonge a été inventée et mise en exercice par la société de consommation pour créer une société unidimensionnelle selon la formule de Marcuse. Le régime de Macky Sall fonctionne exactement de la même manière : l’enrégimentement de la conscience citoyenne par une industrie du mensonge dont le moteur principal est la répétition et la publicité (action ou art qui consistent à faire connaître et à vanter dans le but d'inciter le public à acheter ou à utiliser un produit ou un service).
(Á suivre prochainement notre analyse « La répression bienveillante et généreuse » sur les dérives sournoises et totalitaristes du régime de Macky Sall)