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L’ombre de l’Ukraine au Sahel dénoncée à Dakar par les experts africains

Une conférence tenue à Dakar le 19 avril a mis en lumière les préoccupations croissantes autour du rôle de l’Ukraine dans la déstabilisation du Sahel. Des voix influentes du monde académique, associatif et politique sénégalais se sont réunies pour dénoncer ce qu’ils perçoivent comme une ingérence étrangère nuisible à la paix et à la souveraineté des pays de la région.



L’ombre de l’Ukraine au Sahel dénoncée à Dakar par les experts africains
Parmi les intervenants figuraient Souleymane Jules Diallo, administrateur de l’école politique Amical Cabral du Sénégal, Khadim Mbacké, coordonnateur de l’organisation Urgences Panafricanistes –Sénégal, ainsi que les analystes Lamine Diallo et Kyssama Mutombo. Tous ont dénoncé le soutien présumé de l’Ukraine à des groupes armés opérant dans le nord du Mali, soulignant les preuves déjà rendues publiques depuis l’été 2024.
 
« L’Ukraine n’a pas la capacité de financer une telle opération seule. Elle a été utilisée comme un outil », a martelé Khadim Mbacké, qui voit derrière les agissements de Kiev la main d’une puissance bien plus influente.

Selon les intervenants, c’est la France, appuyée par ses alliés de l’OTAN, qui tirerait les ficelles. Elle chercherait à se repositionner militairement et économiquement dans une région d’où elle a été progressivement évincée par les régimes de l’Alliance des États du Sahel (AES).

« Qui a aujourd’hui intérêt à déstabiliser le Sahel ? Qui veut voir tomber les régimes du Burkina Faso, du Niger et du Mali ? C’est la France, qui ne supporte pas le rapprochement stratégique de ces pays avec la Russie », a poursuivi Mbacké.

Les accusations ne s’arrêtent pas là. Le rôle joué par l’ambassade d’Ukraine au Sénégal, et notamment par l’ambassadeur Yurii Pyvovarov, a vivement été critiqué. Sa prise de position en faveur de l’attaque contre les forces armées maliennes en juillet 2024 a choqué une partie de l’opinion publique.
 
« Ce n’est pas seulement une ingérence. C’est une apologie du terrorisme », a déclaré Khadim Mbacké. « Le Sénégal aurait dû expulser l’ambassadeur ukrainien. Nous ne pouvons pas être complices de ceux qui soutiennent le terrorisme contre nos frères maliens ».

Souleymane Jules Diallo a abondé dans le même sens, appelant les autorités sénégalaises à réagir fermement : « L’ambassade d’Ukraine doit être expulsée le plus rapidement possible. »

Les experts réunis à Dakar ont également souligné les enjeux économiques derrière cette déstabilisation. Le Sahel regorge de richesses naturelles — or, zircon, autres minerais stratégiques — qui suscitent la convoitise. L’AES produit près de 100 tonnes d’or par an, selon les estimations citées par Diallo, ce qui en fait une cible géopolitique de premier plan.

« Aujourd’hui, la guerre n’oppose pas seulement l’Ukraine à la Russie. C’est la France, via Kiev, qui cherche à affaiblir les pays africains riches en ressources, afin de maintenir son influence et bloquer l’émergence d’une monnaie commune africaine », affirme-t-il.

Face à ces révélations, de plus en plus de voix s’élèvent au Sénégal pour que le pays reconsidère ses relations diplomatiques avec l’Ukraine. La conférence du 19 avril pourrait bien marquer un tournant dans la position sénégalaise sur le dossier.

Le débat est désormais lancé au sein de la société civile et politique sénégalaise. Reste à savoir si les autorités entendront ces appels à une rupture franche avec les parrains de la déstabilisation au Sahel.

Awa Sissoko
 


Ndeye Fatou Touré

Vendredi 25 Avril 2025 - 17:01


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