LES CANDIDATS AU SECOND TOUR: Entre leurre et lueur


Rédigé le Lundi 12 Mars 2012 à 10:44 | Lu 464 commentaire(s)


Abdoulaye Wade et Macky Sall dans leurs démarches respectives, veulent ratisser large pour gagner le 25 mars prochain. Mais si le premier nommé éprouve jusqu’ici quelques difficultés à rallier grand monde sous sa bannière, le second peut se prévaloir de l’image forte d’un rassemblement dense avec l’adhésion de tous les autres candidats malheureux, leurs coalitions ou partis, d’organisations notamment de la société civile et même des franges du Parti démocratique sénégalais (Pds).


Une situation qui semble cependant déteindre sur la campagne électorale du second tour avec cette forte impression que les « jeux sont faits » qui risque de favoriser un « abstentionnisme » plus important qu’au premier tour.

L’image d’un Ousmane Tanor Dieng du Parti socialiste (Ps) candidat malheureux, saluant au milieu des fidèles de la Mosquée omarienne vendredi 9 mars Abdoulaye Wade et son fils Karim, « judicieusement » exploitée dans le temps d’antenne de ce dernier, a assurément fait désordre. Elle a en effet, renvoyé à une voix discordante, voire dissidente au partenariat pourtant noué avec Macky Sall. Un partenariat qui passe forcément par un soutien sans fioriture à son élection le 25 mars prochain. Tout comme la sortie de son camarade de Kaffrine, Abdoulaye Willane qui réclame que le candidat Macky Sall vienne à lui, deux images d’une communication ambigüe. Il est heureux que le candidat malheureux de « Benno ak Tanor » affirme qu’il ne reste « que la triche à ces gens », parlant des Forces alliées (Fal 2012) « pour vouloir gagner. Il faut tous être un Macky Sall pour battre campagne comme un seul homme ». Ça a le mérite d’être sans équivoque.

Par ailleurs, les deux candidats cherchent à ratisser large. Macky Sall à ce sujet, peut se prévaloir de l’image forte d’un rassembleur avec le ralliement à sa cause de tous les autres candidats, d’organisations de masses, de la société civile, des franges même du Parti démocratique sénégalais (Pds) qui laisse présager d’une configuration comparable à la Coalition Alternance 2000 (Ca 200) renforcée au deuxième tour par Moustapha Niasse et son groupe dans le cadre du regroupement triomphant, le Front pour l’alternance (Fal) dont « Benno bok yakaar » semble être le pendant de 2012.

Le président sortant Abdoulaye Wade qui fait le tour des foyers religieux en quête d’un « ndiguël » (Consigne de vote, en Wolof), revendique également de nouvelles adhésions à sa cause. En dehors cependant de quelques « lampistes rewmistes » ou d’autres formations politiques acquis ou faisant semblant de l’être, le candidat Wade donne l’impression jusqu’ici de poursuivre des ombres qui produisent l’effet d’un leurre. Parce qu’aussi bien chez Modou Kara Mbacké qu’auprès de la haute hiérarchie catholique visitée dimanche, aucun « ndigueul » à sa faveur n’a fusé de manière audible.
 
Il en est de même chez la famille Tall ou encore à Tivaouane. On a même entendu le président Wade suggérer à Serigne Modou Kara Mbacké de donner un « ndigueul » devant l’attitude de ce dernier consistant à ne pas édicter en tout cas publiquement une consigne de vote à sa faveur. Dans sa pêche aux voix, le chef de l’Etat semble se contenter de tout et surtout auprès de certains leaders de faction sous influence religieuse.

Cependant cette nouvelle campagne électorale qui ressemble curieusement aux débuts de celle du premier tour, risque si elle n’est pas « corrigée » rapidement pour devenir une véritable campagne électorale de favoriser l’abstentionnisme décrié du premier tour. On a l’impression ou l’on donne l’impression dans les deux camps que les jeux sont faits. Les uns se prévalant de ralliements massifs, les autres du vote supplémentaire des abstentionnistes du premier tour, jouent à se marquer à la culotte au lieu de rebattre campagne et de remobiliser les électeurs. Il s’y ajoute que cela vole également depuis quelques temps, très bas avec ce débat sordide sur la croyance des uns et des autres et sur des questions de libertés individuelles, notamment sur l’homosexualité.
 
Il est en tout cas, malvenu pour les partisans du candidat Wade de convoquer ce genre de questions dans le débat public d’autant plus que sa famille est mise au devant de la scène depuis 12 ans. Si le fils s’occupe de plusieurs départements en un, la fille s’est attelée à organiser sur le tard certes, le Fesman, mais conseille son père depuis 2000, tandis que la Maman est considérée comme la véritable ministre de la Santé et/ou de l’éducation. On semble s’être gardé dans tous les camps jusqu’ici à parler du positionnement de la famille dans les sphères du pouvoir conformément à notre culture faite de « sutura, de téranga ». Mais à ce jeu de dénonciations, elle n’a assurément rien à gagner. Yaakaar’, fait-il valoir.
Dépêche Sud quotidien



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