La Banque mondiale décrit une croissance faible en Afrique subsaharienne: le Kenya, la Côte d'Ivoire et la RDC tiennent le coup



C'est une croissance économique faible et encore en baisse en 2023, qui ressort de la dernière publication de Africa's Pulse qui se base sur la mise à jour d'avril 2023 de la Banque mondiale pour cette partie du continent. Les causes de cette faiblesse de la croissance sont l'incertitude de l'économie mondiale, la sous-performance des plus grandes économies du continent, une inflation élevée et une forte décélération de la croissance de l'investissement, selon un rapport de la Banque mondiale publié mercredi. Cette dernière appelle les gouvernements africains à se concentrer davantage sur la stabilité macroéconomique, la mobilisation des recettes intérieures, la réduction de la dette et les investissements productifs afin de réduire l'extrême pauvreté et de stimuler la prospérité partagée à moyen et à long terme. Ce pour mieux faire face à l'assombrissement des perspectives de croissance et à l'augmentation des niveaux d'endettement.

"La croissance économique en Afrique subsaharienne devrait ralentir, passant de 3,6 % en 2022 à 3,1 % en 2023. L'activité économique en Afrique du Sud devrait encore s'affaiblir en 2023 (0,5 % de croissance annuelle) en raison de l'aggravation de la crise énergétique, tandis que la reprise de la croissance au Nigéria pour 2023 (2,8 %) demeure fragile, la production de pétrole restant modérée. La croissance du produit intérieur brut (PIB) réel de la sous-région de l'Afrique de l'Ouest et du centre devrait baisser à 3,4 % en 2023, contre 3,7 % en 2022, tandis que celle de l'Afrique de l'Est et australe reculerait à 3,0 % en 2023, contre 3,5 % en 2022", indique le communiqué de la Banque mondiale parvenu ce mercredi à PressAfrik.

"La faiblesse de la croissance, combinée aux vulnérabilités de la dette et à une croissance morose des investissements, risque de faire perdre une décennie à la réduction de la pauvreté. Les décideurs politiques doivent redoubler d'efforts pour freiner l'inflation, stimuler la mobilisation des ressources intérieures et adopter des réformes favorables à la croissance, tout en continuant à aider les ménages les plus pauvres à faire face à l'augmentation du coût de la vie", a déclaré Andrew Dabalen, économiste en chef de la Banque mondiale pour l'Afrique.

La Banque mondiale a alerté sur les risques de surendettement qui restent élevés. "22 pays de la région présentant un risque élevé de surendettement extérieur ou étant en situation de surendettement en décembre 2022. Les conditions financières mondiales défavorables ont augmenté les coûts d'emprunt et les coûts du service de la dette en Afrique, détournant l'argent des investissements de développement indispensables, et menaçant la stabilité macro-budgétaire", renseigne la Banque mondiale.

Le Kenya, de la Côte d'Ivoire et la RDC, les bons élèves 
Malgré ces défis, de nombreux pays de la région font preuve de résilience face aux multiples crises, informe la Banque mondiale. Il s'agit notamment du Kenya, de la Côte d'Ivoire et de la République démocratique du Congo (RDC), qui ont enregistré des taux de croissance respectifs de 5,2 %, 6,7 % et 8,6 % en 2022.

En RDC, le secteur minier a été le principal moteur de la croissance en raison d'une expansion des capacités et d'une reprise de la demande mondiale. La valorisation des richesses en ressources naturelles offre la possibilité d'améliorer la viabilité des finances publiques et de la dette des pays africains, mais le rapport met en garde contre le fait que cela ne peut se produire que si les pays adoptent des politiques adéquates et tirent les leçons des périodes d'expansion et de ralentissement économique passées, indique le communiqué.

"La décarbonisation rapide du monde apportera des opportunités économiques significatives à l'Afrique. Les métaux et les minéraux seront nécessaires en plus grandes quantités pour les technologies à faible teneur en carbone telles que les batteries. Si de bonnes politiques sont mises en place, ces ressources pourraient augmenter les recettes fiscales, accroître les opportunités pour les chaînes de valeur régionales qui créent de l’emploi, et accélérer la transformation économique", a noté James Cust, économiste principal à la Banque mondiale. 

À l'heure de la transition énergétique et de l'augmentation de la demande de métaux et de minéraux, les gouvernements riches en ressources ont la possibilité de mieux tirer parti des ressources naturelles pour financer leurs programmes publics, diversifier leur économie et élargir l'accès à l'énergie, affirme la Banque mondiale dans son rapport.

Avant d'ajouter que "les pays pourraient potentiellement plus que doubler les recettes moyennes qu'ils tirent actuellement des ressources naturelles. Capturer ces ressources fiscales sous forme de redevances et d'impôts, tout en continuant à attirer les investissements du secteur privé, nécessite des réformes et une bonne gouvernance. Maximiser les recettes publiques tirées des ressources naturelles offrirait un double bénéfice pour les populations et la planète, en augmentant les recettes fiscales et en supprimant les subventions implicites à la production".

AYOBA FAYE

Mercredi 5 Avril 2023 15:23


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