Les enquêteurs étudient toutes les pistes, mais pour beaucoup, ce fait d'armes serait la conséquence d'un "clash" (joute verbale) entre le rappeur de Trappes (Yvelines) et son rival, Booba, de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). Depuis des semaines, La Fouine et Booba s'humilient tour à tour dans des interviews et des morceaux postés sur Internet.
Les clashs stimulent l'éloquence des rappeurs. Aux Etats-Unis, Eminem en a fait un film, 8 Mile ; 50 cent, son début de carrière ; Jay-Z et Nas, une affaire finalement juteuse, le premier signant le second sur son label. Pris dans la guerre des gangs entre les rappeurs des Côtes est et ouest américaines, les frères ennemis 2Pac et Notorious B.I.G ont été tous les deux assassinés à six mois d'intervalle et l'affaire n'a jamais été élucidée. En France, il semblerait que, cette fois, les choses soient allées aussi trop loin : La Fouine aimerait siffler la fin de la récréation.
Que s'est-il passé, lundi ?
Dimanche, il y avait la soirée de lancement de mon cinquième album, Drôle de parcours. Vers 4 h 30 du matin, j'ai dit à mon chauffeur que je voulais partir. Pendant toute la période de promotion, ma maison de disque met à ma disposition une voiture de location et un chauffeur. Avant, elle donnait un code pour les taxis, mais tous les artistes en ont abusé. Le chauffeur est allé chercher la voiture, l'a garée devant la boîte. On a roulé sur les quais, en direction de Saint-Maur-des-Fossés. Arrivé devant chez moi, mon chauffeur me dépose devant la porte, je sors de la voiture et j'entends deux coups de feu. Mon chauffeur avait fait demi-tour. Celui qui a tiré devait penser que j'étais dans la voiture, car c'est la portière où j'étais assis qui a été touchée. Les vitres sont teintées. Après le pont de Saint-Maur, mon chauffeur a croisé une voiture de police en patrouille et leur a dit que l'on me tirait dessus, puis il m'a appelé sur le portable en me disant : "Sors pas de chez toi, il est encore là, il est armé." Quand je suis ressorti, les policiers étaient avec mon chauffeur en train de chercher les douilles par terre. Plus tard, je suis allé au commissariat.
Dans votre album, vous rappez : "Nique sa mère le commissaire et son salaire de misère." Comment avez-vous été reçu ?
Jacques Brel chantait : "Les bourgeois, c'est comme des cochons, plus ça devient vieux, plus ça devient bête." Ce n'est pas pour ça qu'il n'en fréquentait pas. Pour vous dire, quand je suis allé faire ma déposition, l'inspecteur avait un poster de Booba au-dessus de son bureau. Il l'a enlevé, et m'a dit : "C'est un collègue qui voulait vous faire une blague."
Pourquoi ne pas avoir porté plainte, finalement ?
Je ne voulais pas faire de surenchère. De toute façon, ça ne change rien, c'est une enquête criminelle. Et rien ne m'empêchera de revenir sur ma décision. Celui qui a fait ça, ils vont le retrouver : Saint-Maur-des-Fossés, c'est tout petit, il y a des banques partout, avec des caméras. Le dimanche soir, c'est vide, il n'y a aucune voiture à 4 h 30 du matin. La personne s'est forcément fait filmer. Elle était bien renseignée, elle savait quand je rentrais. Elle devait avoir un complice dans la boîte de nuit qui l'a informée de mon départ et de ma position dans la voiture. Les policiers ont retrouvé les douilles, ce n'est qu'une question de temps avant qu'ils retrouvent le tireur.
Les clashs stimulent l'éloquence des rappeurs. Aux Etats-Unis, Eminem en a fait un film, 8 Mile ; 50 cent, son début de carrière ; Jay-Z et Nas, une affaire finalement juteuse, le premier signant le second sur son label. Pris dans la guerre des gangs entre les rappeurs des Côtes est et ouest américaines, les frères ennemis 2Pac et Notorious B.I.G ont été tous les deux assassinés à six mois d'intervalle et l'affaire n'a jamais été élucidée. En France, il semblerait que, cette fois, les choses soient allées aussi trop loin : La Fouine aimerait siffler la fin de la récréation.
Que s'est-il passé, lundi ?
Dimanche, il y avait la soirée de lancement de mon cinquième album, Drôle de parcours. Vers 4 h 30 du matin, j'ai dit à mon chauffeur que je voulais partir. Pendant toute la période de promotion, ma maison de disque met à ma disposition une voiture de location et un chauffeur. Avant, elle donnait un code pour les taxis, mais tous les artistes en ont abusé. Le chauffeur est allé chercher la voiture, l'a garée devant la boîte. On a roulé sur les quais, en direction de Saint-Maur-des-Fossés. Arrivé devant chez moi, mon chauffeur me dépose devant la porte, je sors de la voiture et j'entends deux coups de feu. Mon chauffeur avait fait demi-tour. Celui qui a tiré devait penser que j'étais dans la voiture, car c'est la portière où j'étais assis qui a été touchée. Les vitres sont teintées. Après le pont de Saint-Maur, mon chauffeur a croisé une voiture de police en patrouille et leur a dit que l'on me tirait dessus, puis il m'a appelé sur le portable en me disant : "Sors pas de chez toi, il est encore là, il est armé." Quand je suis ressorti, les policiers étaient avec mon chauffeur en train de chercher les douilles par terre. Plus tard, je suis allé au commissariat.
Dans votre album, vous rappez : "Nique sa mère le commissaire et son salaire de misère." Comment avez-vous été reçu ?
Jacques Brel chantait : "Les bourgeois, c'est comme des cochons, plus ça devient vieux, plus ça devient bête." Ce n'est pas pour ça qu'il n'en fréquentait pas. Pour vous dire, quand je suis allé faire ma déposition, l'inspecteur avait un poster de Booba au-dessus de son bureau. Il l'a enlevé, et m'a dit : "C'est un collègue qui voulait vous faire une blague."
Pourquoi ne pas avoir porté plainte, finalement ?
Je ne voulais pas faire de surenchère. De toute façon, ça ne change rien, c'est une enquête criminelle. Et rien ne m'empêchera de revenir sur ma décision. Celui qui a fait ça, ils vont le retrouver : Saint-Maur-des-Fossés, c'est tout petit, il y a des banques partout, avec des caméras. Le dimanche soir, c'est vide, il n'y a aucune voiture à 4 h 30 du matin. La personne s'est forcément fait filmer. Elle était bien renseignée, elle savait quand je rentrais. Elle devait avoir un complice dans la boîte de nuit qui l'a informée de mon départ et de ma position dans la voiture. Les policiers ont retrouvé les douilles, ce n'est qu'une question de temps avant qu'ils retrouvent le tireur.
La surenchère, c'est un peu vous qui l'avez entretenue en enregistrant des morceaux ou des interviews où vous vous menacez mutuellement avec votre rival, Booba...
Je suis en compétition avec Booba, mais cela reste de la musique : qui est le meilleur MC ? Qui est celui qui va le plus ridiculiser l'autre ? Jamais je n'aurais imaginé que l'on allait me tirer dessus... Dans l'après-midi, j'étais avec ma fille dans la même voiture. Je hais Booba et Booba me déteste, mais cela reste des mots. Le pire que l'on pouvait faire, c'est se battre. Mais là, je ne peux pas croire que Booba m'ait envoyé quelqu'un pour me tirer dessus. On est voisins à Miami[Booba y habite de manière permanente, La Fouine y a un pied-à-terre], on se croise tout le temps, on ne s'aime pas, certes, mais de là à faire ça, je n'y crois pas. Ce sont peut-être des fans, peut-être des jaloux, peut-être des gens qui attendaient la bonne occasion...
Est ce que vous ne débordez pas le cadre musical, quand vous menacez Booba sur l'antenne d'une radio ?
J'ai voulu répondre à Booba qui m'a attaqué en dévoilant dans un morceau, AC Milan, des fiches STIC [système de traitement des infractions constatées] où il essaie de me faire passer pour un violeur. J'ai trimé toute ma vie pour me sortir de Trappes. J'étais content, moi, d'être sorti des coups de feu. Et aujourd'hui, ça me rattrape sous ma fenêtre [où les journalistes font le pied de grue]. Je suis dégoûté. Je n'ai qu'une seule envie, c'est que cela finisse et que je puisse repartir du bon pied. Drôle de parcours, je considère que c'est mon meilleur album, je me suis lâché, vidé, et la seule chose dont les journalistes veulent me parler, c'est de ces coups de feu. Il y a même des gens qui vont jusqu'à dire que j'ai tout monté pour que l'on parle de mon disque. Mais je n'en ai pas besoin, ma chanson J'avais pas les mots marche très bien. Ça fait dix ans que j'essaie de me sortir de cette image. Je ne suis pas un voyou, je monte sur scène avec ma guitare, mes musiciens. J'ai même fait un duo avec Patrick Bruel.
Et vos jeunes fans, vous y pensez ?
Tout le temps. Les clashs, c'est de la connerie. J'aurais pu sortir handicapé de ces tirs et même en mourir. Ce n'est pas un jeu, c'est grave. Les gens que j'aime, je leur déconseille de rester avec moi, que ce soit ma fille, ma copine, ma famille, mes proches. Jamais je n'aurais imaginé que l'on en arriverait là...
Je suis en compétition avec Booba, mais cela reste de la musique : qui est le meilleur MC ? Qui est celui qui va le plus ridiculiser l'autre ? Jamais je n'aurais imaginé que l'on allait me tirer dessus... Dans l'après-midi, j'étais avec ma fille dans la même voiture. Je hais Booba et Booba me déteste, mais cela reste des mots. Le pire que l'on pouvait faire, c'est se battre. Mais là, je ne peux pas croire que Booba m'ait envoyé quelqu'un pour me tirer dessus. On est voisins à Miami[Booba y habite de manière permanente, La Fouine y a un pied-à-terre], on se croise tout le temps, on ne s'aime pas, certes, mais de là à faire ça, je n'y crois pas. Ce sont peut-être des fans, peut-être des jaloux, peut-être des gens qui attendaient la bonne occasion...
Est ce que vous ne débordez pas le cadre musical, quand vous menacez Booba sur l'antenne d'une radio ?
J'ai voulu répondre à Booba qui m'a attaqué en dévoilant dans un morceau, AC Milan, des fiches STIC [système de traitement des infractions constatées] où il essaie de me faire passer pour un violeur. J'ai trimé toute ma vie pour me sortir de Trappes. J'étais content, moi, d'être sorti des coups de feu. Et aujourd'hui, ça me rattrape sous ma fenêtre [où les journalistes font le pied de grue]. Je suis dégoûté. Je n'ai qu'une seule envie, c'est que cela finisse et que je puisse repartir du bon pied. Drôle de parcours, je considère que c'est mon meilleur album, je me suis lâché, vidé, et la seule chose dont les journalistes veulent me parler, c'est de ces coups de feu. Il y a même des gens qui vont jusqu'à dire que j'ai tout monté pour que l'on parle de mon disque. Mais je n'en ai pas besoin, ma chanson J'avais pas les mots marche très bien. Ça fait dix ans que j'essaie de me sortir de cette image. Je ne suis pas un voyou, je monte sur scène avec ma guitare, mes musiciens. J'ai même fait un duo avec Patrick Bruel.
Et vos jeunes fans, vous y pensez ?
Tout le temps. Les clashs, c'est de la connerie. J'aurais pu sortir handicapé de ces tirs et même en mourir. Ce n'est pas un jeu, c'est grave. Les gens que j'aime, je leur déconseille de rester avec moi, que ce soit ma fille, ma copine, ma famille, mes proches. Jamais je n'aurais imaginé que l'on en arriverait là...
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