« La France est surprise par les récentes accusations portées à son encontre par le président du Rwanda » qui « sont en contradiction avec le processus de dialogue et de réconciliation engagé depuis plusieurs années entre nos deux pays », a déclaré le porte-parole du Quai d'Orsay, Romain Nadal. « Dans ces conditions, Mme (Christiane) Taubira, Garde des Sceaux, ministre de la Justice, ne se rendra pas ce lundi à Kigali », a-t-il ajouté. La France devait être représentée aux cérémonies organisées dans la capitale rwandaise, marquant le 20e anniversaire des massacres.
Dans une interview à l'hebdomadaire Jeune Afrique, à paraître ce dimanche 6 avril, Paul Kagame a dénoncé le « rôle direct » de la Belgique, ancienne puissance coloniale, et de la France « dans la préparation politique du génocide » et « la participation de cette dernière à son exécution même ». Il accuse les soldats français de l'opération militaro-humanitaire Turquoise, déployée en juin 1994 sous mandat de l'ONU dans le sud du pays, d'avoir été «complices » mais aussi « acteurs » des massacres qui ont fait, selon l'ONU, 800 000 morts, essentiellement tutsi, entre avril et juillet 1994.
Maintes fois démenties par Paris, les accusations du président Kagame, ancien chef de la rébellion tutsi à la tête du Rwanda depuis 1994, reprennent celles déjà formulées par Kigali à plusieurs reprises et notamment en août 2008 à l'occasion de la publication du rapport de la commission d'enquête rwandaise sur le rôle supposé de la France dans le génocide. En janvier dernier, les militaires français nommément cités par Kigali, et notamment le général Jean-Claude Lafourcade, patron de l'opération Turquoise, avaient jugé que « leur honneur était sauf », considérant que le gouvernement rwandais avait été «incapable d'apporter la moindre preuve » de ses accusations « infondées, indignes et inacceptables ».
Les nouvelles déclarations de Paul Kagame surviennent alors que les relations franco-rwandaises, rompues entre 2006 et 2009, semblaient s'être normalisées, surtout depuis la condamnation en mars à 25 ans de prison de Pascal Simbikangwa, premier Rwandais jugé en France pour génocide. Un procès dont Paul Kagame a également minimisé l'enjeu : «On nous présente cette sentence comme un geste, presque comme une faveur de la France à l'égard du Rwanda, alors que c'est le rôle de la France dans le génocide qu'il conviendrait d'examiner », a-t-il insisté.
Source : Rfi.fr
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