Depuis deux mois, 140 000 ressortissants de la RDC ont quitté le Congo-Brazzaville. La plupart d’entre eux ont été expulsés parfois très violemment. Des expulsions qui sont à l'origine d'une véritable crise diplomatique.
L’objectif affiché de cette commission mixte était vraiment celui de normaliser les relations.
Les autorités kinoises ont parlé à plusieurs reprises de crise entre les deux pays et, de l’aveu de tout le monde, ces expulsions massives ont mis à mal les relations entre les deux voisins.
Richard Muyej, ministre de l’Intérieur de la RDC, est d’ailleurs largement revenu sur cette opération d’expulsions pour critiquer. Il a parlé de « surprise » accusant Brazzaville de ne pas avoir prévenu Kinshasa de l’ampleur de l’opération. Il a aussi parlé de « brutalité », de « conditions inacceptables » d’expulsions de citoyens de RDC avec des violations des droits de l’homme.
Le ministre de l’Intérieur de la RDC a également accusé Brazzaville d’avoir « violé » les accords de libre circulation qui lient les deux pays depuis 1999. Des termes assez durs, deux mois après le début de cette opération qui a vu 136 804 réfugiés congolais de RDC revenir dans leur pays d’origine.
En face, son alter ego, Raymond Mboulou, ministre de l’Intérieur du Congo-Brazzaville, s’est, pour sa part, montré imperturbable. Selon lui, les expulsions pourraient continuer et elles respectent les procédures.
« Nous ne pouvons pas dire que les expulsions vont s’arrêter. Tant qu’il y aura des criminels, les expulsions continueront. Les pots cassés se réparent si ce sont seulement des gens réguliers. Est-ce qu’ils sont réguliers ? Vous allez obliger le Congo à recevoir les gens irréguliers ?! Nous avons expulsé près de 1 945. Ce sont des criminels. Nous avons les dossiers », a déclaré le ministre de l’Intérieur du Congo-Brazzaville, à RFI.
Ecarts de points de vue
Ainsi, les autorités de Brazzaville refusent clairement de reconnaître qu’il y a pu y avoir des dérapages. Il y a également un écart de points de vue sur les chiffres puisqu’on parle de 1 900 expulsions. Le reste ne serait que des retours volontaires, selon Brazzaville.
Les deux pays, vont-ils s’entendre ? Là est toute la question et tout l’enjeu de cette commission. Désormais, des experts des deux pays doivent examiner l’ensemble de cette opération. Pour Kinshasa, l’enjeu sera de prouver qu’il y a bien eu des exactions commises et des violations des droits de l’homme - des documents filmés pourraient être projetés par les experts – et puis pour Brazzaville, l’enjeu sera de prouver que les procédures ont été respectées et que « seuls des criminels » ont été expulsés comme l’affirme le ministre de l’Intérieur, Raymond Mbandou.
Néanmoins, ce lundi soir, le ministre de l’Intérieur de la RDC, Richard Muyej, s’est voulu plus conciliant.
« Chaque partie a peint son tableau tel qu’il le perçoit. Les experts devront travailler et nous arriverons d’ici demain à des conclusions. Nous ne sommes pas en contradiction avec les homologues d’en face. Ils ont parlé des expulsés. Ils ont aussi parlé des retournés. Nous avons dit la même chose. Les experts débattront sur les conditions qui ont poussé les gens à rentrer. Soyez calmes. Jusque-là, il n’y a pas de graves contradictions. La différence se situe au niveau du ton que nous allons essayer d’aplanir et de rapprocher avant la fin », a pour sa part déclaré Richard Muyej.
Source : Rfi.fr