Après le Liberia, c'est désormais la Sierra Leone qui inquiète les épidémiologistes et les médecins. Les régions de Porto Loko et Freetown, en particulier, subissent actuellement un accroissement impressionnant du nombre de personnes touchées par l'épidémie.
Alors qu'au Liberia on recense moins de 50 nouveau cas par semaine, en Sierra Leone on en compte dix fois plus. Certains médecins estiment que l'ouest du pays est en phase exponentielle, ce qui signifie qu'il faudra mettre beaucoup de moyens pour enrayer l'épidémie.
Selon un spécialiste, cette recrudescence prouve que les mesures prises par le gouvernement sierra léonais « ne sont pas adaptées », en particulier les mesures de confinement, comme celle de trois jours prise en septembre dernier. « Cela n'a servi à rien », déplore un médecin.
Par ailleurs, le manque de moyens entraîne découragement et colère. Depuis lundi, les internes du plus grand hôpital de Freetown sont en grève pour protester contre le manque d'équipements. En deux jours, trois médecins sont morts à cause d'Ebola et une douzaine depuis le début de l'épidémie.
L'aggravation de la situation pourrait avoir des répercussions chez le voisin guinéen. Les contrôles à la frontière n'ont jusqu'à présent pas empêché des personnes infectées de se rendre en Guinée. L'Etat guinéen a d'ailleurs installé, avec la Croix-Rouge française, un centre de transit et de dépistage à quelques encablures de la Sierra Leone, dans la ville de Forécariah.
Deux régions instables
De son côté, l’ONU se dit toujours très inquiète par l'épidémie d'Ebola et signale deux foyers particulièrement préoccupants, à savoir l’ouest de la Sierra Leone et le nord de la Guinée. Joint par RFI, le docteur David Nabarro, responsable de la lutte Ebola pour l'ONU, estime qu'il faut une réponse forte sur ces deux régions :
« Il y a deux régions instables. La première est celle de l'ouest de la Sierra Leone, en particulier les villes de Freetown et Porto Loko. Cette région a besoin d'une réponse forte en raison d’un taux élevé de transmission de la maladie. Et nous avons là bas certains des meilleurs experts d'Ebola pour faire en sorte que nous ayons les lits en nombre suffisant, que nous puissions mobiliser les communautés et en particulier les équipes chargées des enterrements afin de faire face à ce fléau. La deuxième région qui est particulièrement problématique c'est la partie nord de la Guinée et nous travaillons étroitement avec les autorités maliennes pour faire en sorte que, si par hasard des cas traversent la frontière malienne, ils puissent être traités rapidement ».