Pas question pour les pays de la communauté des Etats d’Afrique de l’Est de dicter leurs volontés aux Burundais. C’est ce qu’a expliqué le ministre tanzanien des Affaires étrangères en guise d’introduction publique à une réunion à huis clos avec des représentants des partis politiques du pays. La région est simplement venue « assister », a-t-il indiqué.
Plus tôt, les ministres avaient rencontré le président Pierre Nkurunziza. Une visite préparatoire pour s’enquérir de la situation en vue d’un sommet extraordinaire qui se tiendra le 13 mai prochain à Dar es-Salaam, en Tanzanie. A l’issue de la réunion avec les ministres, l’un des opposants invités, Audifax Ndabitoreye, a été arrêté avant d’être libéré plus tard dans la soirée. « Cela ne va pas aider notre tentative de dialogue », confie un ambassadeur occidental alors qu’au même moment, justement, selon une source onusienne, pour la deuxième fois, autorités, partis politiques et société civile se réunissaient dans les locaux de l’ONU à Bujumbura.
« Nous ne participerons plus à ces réunions tant que ces mandats d’arrêt ne seront pas retirés », s’emporte l’opposant Jean Minani qui avait pourtant participé à la première de ces rencontres. La question du troisième mandat reste le point d’achoppement. Cela devrait faire aussi l’objet de vives discussions ce jeudi au Conseil de sécurité de l’ONU. Entre les Etats-Unis qui s’y opposent ouvertement et la Russie qui a déjà bloqué une résolution sur le Burundi et a demandé aux membres du Conseil de ne pas s’ingérer dans « les questions constitutionnelles des Etats souverains ».
Pierre Nkrurunziza promet que « ce sera le dernier mandat »
Le président Pierre Nkurunziza s’est quant à lui adressé mercredi soir aux Burundais pour prendre acte de la décision de la Cour constitutionnelle mardi qui lui a reconnu le droit de se représenter une troisième fois à la présidentielle. Pierre Nkurunziza l'assure, s'il est élu, ce sera pour la dernière fois :
« Nous prenons acte de la décision de la Cour constitutionnelle dans son intégralité et nous nous engageons à la respecter. Nous tenons à informer l'opinion nationale et internationale que si le peuple burundais nous fait encore confiance, ce sera le dernier mandat, tel que stipulé par l'arrêt de la Cour constitutionnelle, a-t-il affirmé. Nous invitons les responsables politiques et de certaines organisations de la société civile à rompre avec l'habitude d'utiliser la population, en particulier les enfants, comme boucliers humains dans les actes de violence : les écoliers, les élèves, les étudiants, tous doivent retourner à l'école sans délai. Leur place se trouve là-bas et non dans la rue. C'est pour cela que nous ordonnons : les enfants âgés de moins de 18 ans et qui ont été arrêtés au cours des manifestations doivent être relâchés sans délai. Les personnes majeures arrêtées et emprisonnées à cause de ces manifestations pourront être relâchées elles aussi, lorsque le mouvement aura cessé. Nous invitons les leaders des partis politiques à se rendre sur terrain en vue de mobiliser leurs militants pour une participation massive aux prochaines élections, car il n'y a pas d'autre solution à la crise actuelle que d'aller aux élections. »