Ce jeudi 7 avril, se tient à Metz le 18e conseil des ministres franco-allemand à Metz, un nouveau rendez-vous pour un tandem qui fait de moins en moins avancer l’Europe, un couple qui tourne au ralenti. Les relations franco-allemandes patinent aujourd’hui, mais elles avaient déjà mal commencé, dès l’élection de François Hollande. Pendant sa campagne présidentielle le candidat socialiste avait fait cette promesse : réorienter l’Europe, entamer un bras de fer avec l’Allemagne. Engagement renouvelé à peine élu le 6 mai 2012 sur la place de Tulle lors de son discours de victoire : « C’est la mission qui est la mienne, donner à la construction européenne une dimension de croissance, d’emploi, de prospérité, et c’est ce que je dirai à nos partenaires européens et d’abord à l’Allemagne au nom de l’amitié qui nous lie et de la responsabilité qui nous est commune ».
Promesse vite remisée, mais qui a longtemps créé de la méfiance entre Angela Merkel et François Hollande. Désormais, ces deux dirigeants, rationnels, pragmatiques, ont appris à travailler ensemble sur le dossier ukrainien et, malgré leurs désaccords, sur la crise grecque. Et ce n’est pas leur relation qui pose problème, à écouter le Premier ministre français Manuel Valls, lundi dernier dans un colloque : « Le risque d’éloignement de la France et de l’Allemagne, c’est une réalité, mais qui pose moins le problème des dirigeants politiques ou économiques, des intellectuels, qui se parlent, que des peuples ».
Pavé dans la mare
Manuel Valls qui a pourtant jeté un pavé dans la mare en février dernier, et cela sur un dossier sensible entre les deux pays : celui des réfugiés : « La politique d’ouverture des frontières d’Angela Merkel n’est pas tenable », déclare-t-il dans la presse allemande. Le même jour à Munich, le Premier ministre insiste : « L’Europe, la France et toute l’Allemagne ne pourront pas accueillir tous les réfugiés et demandeurs d’asile qui viennent de pays en conflit comme la Syrie ».
Critiquer la politique d’Angela Merkel sur son sol, outre-Rhin on est choqué et on le fait savoir. Surtout, ces derniers mois les deux leaders donnent le sentiment d’avancer en parallèle, séparément : Angela Merkel sur le dossier des réfugiés d’un côté, François Hollande de l’autre qui veut faire progresser les coopérations européennes sur le terrorisme. Mais au-delà de ses intérêts nationaux divergents, l’Allemagne pour avancer avec la France a des attentes précises. Pour Nicolas Barotte correspondant du Figaro à Berlin et auteur de l’ouvrage François et Angela : « L’Allemagne attend de la France des réformes, que la France se redresse, reprenne son rang au niveau européen, pour que France et l’Allemagne puissent partager le fardeau des efforts. Aujourd’hui ca n’est pas le cas, c’est très déséquilibré entre les deux pays, avec une Allemagne performante, en grande forme économique ; alors que la France est toujours à la traîne avec un problème de dette, un problème de chômage, un problème de compétitivité. Pour que l’Allemagne accepte de faire des efforts au niveau européen, elle attend que la France remplisse sa part ».
Doute en Allemagne
En Allemagne le doute est désormais installé, juge Philippe Gustin, ex-ambassadeur et co-auteur avec Stefan Martens de l’ouvrage France-Allemagne, relancer le moteur de l’Europe : « Quand je présente mon livre en Allemagne on ne pose souvent cette question, "est-ce que la France est encore à bord du bateau européen ?". On a une tendance au repli de la France et de l’Allemagne en Europe, ce qui fait que les décisions sont de moins en moins consensuelles. Oui, c’est une panne, et elle dure depuis très longtemps et malheureusement on n’a pas trouvé de mécanicien pour la réparer ».
Au gouvernement, ces dernières semaines on évoquait la possible sortie de l’Union européenne de la Grande-Bretagne (le référendum est prévu en juin 2016) et on veut croire qu’en cas de Brexit, France et l’Allemagne sauront se retrouver. Pour enfin reprendre l’initiative en Europe.
Source: Rfi.fr