La fin de la saga des milliardaires de la République (Par Mary Teuw Niane)



Le Sénégal est le pays des merveilles.
 
C’est un des rares pays où il est possible du jour au lendemain de passer du statut de goorgorlou désargenté prenant les cars rapides, arpentant à pieds les longues routes reliant la Banlieue au Plateau, quémandant la dépense quotidienne et subitement, sans transition, devenir milliardaire dispendieux, mécène, qui a la bénédiction des religieux, des médias, des organisateurs de spectacles, des membres de sa famille, des camarades de classe, de la société.
 
Nous savons bien que notre Lonase crée des heureux millionnaires cependant devenir milliardaire, multimilliardaire spontanément, sans passer par une activité productive ou de service, sans recevoir le don de milliardaires étrangers, est impossible.
 
Malgré tout nous sommes obligés de reconnaître qu’il y a bel et bien une magie noire, un parcours illicite et une alchimie satanique qui donnent naissance à ces nouveaux milliardaires que couve la République.
 
Leur richesse monstrueuse sur laquelle les bien-pensants de la société mettent un pagne lourd, sër dënk, sur son origine, est bâtie dans le pêché, le vol, l’assassinat de jeunes vies innocentes et la fornication.
 
Osons dire d’où viennent ces milliards !
 
Ils proviennent des vols de toute sorte des deniers publics baptisés pudiquement détournements des deniers publics, de l’accaparement et de la vente illicite de terrains appartenant à l’État, des rétro commissions sur les grands marchés d’infrastructures et d’équipements de l’État par des sociétés étrangères, d’octroi de licences de toute sorte, des ristournes sur les produits pétroliers importés, de profits d’entreprises qu’ils possèdent sous couvert de prête-nom, de la vente de la drogue dure, du trafic d’êtres humains notamment la prostitution de luxe, du concubinage homosexuel, etc.
 
L’argent de ces milliardaires est sale.
 
Il sent les effluves de la soif de l’orphelin, de la faim du pauvre, de la mort pour absence de soins adéquats du patient pauvre, de la sueur et du sang de tous ceux qui se lèvent tôt le matin pour gagner dignement, honnêtement leur vie.
 
Parmi les nouveaux milliardaires figurent des commis de l’État, ces personnes qui ont accompli toute leur carrière dans l’administration. Certains ont pu occupé les fonctions prestigieuses de directeur général, de ministre, de premier ministre, de président d’institutions, etc.
 
Peuvent-ils devenir milliardaires à la fin de leur carrière?
 
Supposons que leur salaire mensuel net soit, tout au long de leur carrière, en moyenne, de trois millions par mois, ces commis de l’État vont percevoir au bout de trente années de service la somme d’un milliard quatre-vingt millions (1 080 000 000). Évidemment lorsqu’on retire les différentes charges mensuelles liées à un salaire d’un Sénégalais, leurs économies ne peuvent pas atteindre en fin de carrière la somme d’un milliard de francs CFA.
 
Que dire alors de ces fonctionnaires qui en une année, en quelques mois sont devenus des milliardaires.
 
Ils sont tous des voleurs. Ils sont pires que les pickpockets, les voleurs de meubles, d’habits, de moutons, de chèvres, de poulets et d’œuf !
 
Car ils ne volent pas une personne ou quelques personnes, ils volent tout un peuple.
 
Ils nous narguent avec leurs richesses mal acquises. Ils corrompent toute la société. Ce sont eux qui donnent les gros adiya aux marabouts, qui financent les femmes, qui payent le salaire de certains journalistes, qui construisent des mosquées, qui clôturent des cimetières, qui habillent certaines familles et qui en nourrissent d’autres, ce sont eux aussi qui ont une multitude de maisons, construisent de grands immeubles, etc.
 
Personne n’ose les pointer du doigt.
 
Gare à vous qui diriez que Mor NDiakhoum est un voleur ! Vous serez traité de méchant, de médisant et de calomniateur !
 
Nous proposons que les candidats à la Présidence de la République soient soumis à une déclaration préalable de patrimoine suivi d’un rapport de confirmation de l’OFNAC.
 
La déclaration de candidature et le rapport de l’OFNAC doivent être publiés avant le démarrage de la campagne électorale.
 
Les Sénégalaises et les Sénégalais, ainsi édifiés, pourront se prononcer en toute connaissance de cause pour les voleurs de la République ou bien pour des candidats honnêtes.
 
Je sollicite le soutien à cette proposition de tous les citoyens, de la société civile et de tous les candidats pour l’élimination des voleurs de la République à la candidature à la Présidence de la République de 2024.
 
Je vous souhaite une excellente journée sous la protection divine. Juma Mubaarak.
 
Dakar, vendredi 15 septembre 2023
Prof Mary Teuw Niane

Salif SAKHANOKHO

Vendredi 15 Septembre 2023 13:00


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