La junte s'installe en Guinée, nomme des gouverneurs provinciaux

La junte qui a pris le pouvoir en Guinée et désigné le capitaine Moussa Dadis Camara comme chef d'Etat de fait, a nommé des gouverneurs militaires dans les provinces pour asseoir son autorité.



La capitale, Conakry, était calme jeudi, le coup d'Etat déclenché tôt mardi à la suite du décès du président Lansana Conté ne rencontrant apparemment plus d'opposition.

Après quelques jours de tergiversation, les membres du gouvernement se sont rendus jeudi dans le camp militaire Alpha Yaya Diallo, proche de Conakry, conformément aux consignes de la junte militaire.

"Tout le monde est allé là-bas. Les ministres du gouvernement se sont rassemblés à la résidence du Premier ministre, puis sont allés au camp", a précisé une source policière.

Le capitaine Camara, qui a été désigné président du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD), a toutefois souligné qu'il n'avait aucune ambition politique.

"Je n'ai pas l'ambition d'être candidat à l'élection présidentielle (...) Je n'ai jamais eu l'ambition du pouvoir", a-t-il déclaré à Radio France Internationale (RFI). Les putschistes ont annoncé qu'ils organiseraient une élection présidentielle dans deux ans.

Dans sa première allocution télévisée à la nation, le capitaine Camara a déclaré que la principale tâche du CNDD serait de lutter contre la corruption endémique, selon lui, sous le régime de Lansana Conté.

"Le gouvernement n'a pas fait son devoir. Il n'a pas mérité la confiance de la nation", a-t-il dit.

Des milliers de Guinéens ont acclamé mercredi le nouvel homme fort du pays dans les rues de la capitale, alors qu'il se rendait à la présidence dans un convoi de véhicules militaires.

Camara, brandissant un drapeau guinéen, a salué la foule d'où montaient des cris "Obama junior", en référence au président américain élu Barack Obama.

"ACTE CIVIQUE"

Mardi, au lendemain de la mort du président Lansana Conté, cet officier avait annoncé à la radio la suspension de la Constitution et la dissolution du gouvernement.

Le coup d'Etat a été condamné par les Nations unies, l'Union européenne, l'Union africaine et les Etats-Unis comme une atteinte à la démocratie.

Le capitaine Camara a justifié le coup de force du CNDD en estimant qu'il constituait un "acte civique" visant à "sauver un peuple en détresse".

De nombreux habitants disent approuver le putsch.

"Le coup d'Etat est une bonne chose, sinon les anciens dirigeants continueraient leur sale boulot de piller l'Etat", a déclaré un électricien, Naby Laye Traoré.

Un membre de la junte, le lieutenant-colonel Mathurin Bangoura, a dit que le CNDD choisirait un civil comme Premier ministre mais que les décisions devraient être prises de manière collégiale.

Le putsch de Conakry est intervenu après des troubles post-électoraux au Kenya et au Zimbabwe et le coup d'Etat militaire d'août en Mauritanie.

Parmi les 32 membres du CNDD annoncés par la junte, six sont des civils. Le général Mamadou "Toto" Camara, chef de l'armée de terre, en fait aussi partie.

Les analystes avaient prédit que le décès de Conté, qui s'était emparé du pouvoir en 1984 et avait survécu à plusieurs complots, serait source d'une instabilité marquée par des tensions politiques et militaires et par de possibles affrontements interethniques.

L'évolution du pays peut aussi avoir un impact sur l'activité économique. La Guinée est le premier exportateur mondial de bauxite, et ces richesses représentent potentiellement des milliards de dollars d'investissement.

Plusieurs grands groupes internationaux, comme Rio Tinto, Alcoa et United Company Rusal extraient en Guinée du minerai de bauxite, qui sert à la fabrication de l'aluminium. La production n'a pas été affectée par les troubles.

Source : Reuters avec yahoo news

Reuters

Jeudi 25 Décembre 2008 15:07


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