La pilule contraceptive fête ses 50 ans

Le 9 mai 1960, les Etats-Unis autorisaient pour la première fois la commercialisation de la pilule contraceptive. Une révolution pour l'émancipation des femmes et une avancée pour la planification familiale. Avant sa mise sur le marché, ce contraceptif a été testé sur les femmes de Porto Rico et d'Haïti. Mais de nos jours, les femmes haïtiennes n'ont quasiment pas accès à la pilule.



Des femmes enceintes dans une file d'attente de distribution de tentes en Haïti, en février 2010. Reuters/ Carlos Barria
C’est en 1955 qu’un Américain, le docteur Gregory Pincus, met au point cette pilule révolutionnaire. Deux ans plus tard, elle est mise en vente afin de soigner certains dérèglements hormonaux et enfin commercialisée il y a exactement 50 ans, en tant que contraceptif pour les femmes mariées uniquement jusqu’en 1972. L’Allemagne fédérale est le premier pays à la commercialiser en 1956. En France, elle n’est autorisée qu’à partir de 1967, et après de longs débats.

Tout a commencé grâce au travail d’un Allemand, Ludwig Haberlandt, qui crée dans les années 20, un premier contraceptif hormonal par injection. C’est ainsi que les recherches et essais effectués par la suite ont conduit à ce procédé permettant un blocage de l’ovulation de la femme.

L’utilisation de la pilule, qui a provoqué un large mouvement de libération chez les femmes, a été ralentie avec l’apparition du sida. Le préservatif a, par rapport à la pilule contraceptive, le double avantage d’éviter une grossesse mais également, de protéger contre les maladies sexuellement transmissibles.

Les Haïtiennes, femmes « cobayes » de la pilule


Entre 1952 et 1956, la pilule contraceptive a été administrée à des Haïtiennes afin d'en vérifier et corriger le dosage en hormones. Comment ont été réalisés ces tests, quels en sont les effets sur la santé de ces femmes cobayes? Aucune étude médicale ne permet aujourd'hui de répondre à ces questions.

Pour le Docteur Lauré Adrien, directeur de la Société haïtienne d'obstétrique et de gynécologie, ces expérimentations ont forcément engendré des troubles majeurs de l'équilibre hormonal : « Elles ont dû, ces pauvres femmes, avoir eu à faire face à des effets secondaires. Car il faut se rappeler qu’au début, les pilules n’étaient pas ce qu’elles sont aujourd’hui. C’était des pilules très fortement dosées en hormones. C’est avec le temps qu’il y a eu le développement de la pilule faiblement dosée… On ne va pas refaire l’histoire, mais tout ce qu’on va dire, c’est que c’est dommage que 50 ans après, les descendantes de celles qui ont contribué à ce travail formidable qui a permis quand même l’émancipation des femmes, ne sont pas les bénéficiaires des avancées techniques qui ont suivi la découverte et ensuite la commercialisation de la pilule contraceptive ».

Seulement 2% des femmes haïtiennes prennent aujourd'hui la pilule. Avec des difficultés d'accès pour les populations pauvres et surtout, en raison d'un défaut d'éducation sexuelle, Haïti est l'un des pays au monde où les contraceptifs sont les moins utilisés.

Rfi

Dimanche 9 Mai 2010 11:48


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