Copyright © 2008 Reuters, cartographie de la piraterie en Somalie
Des navires de commerce ont-ils été détournés, des discussions sur les rançons conclues ? Et quelles nouvelles des navires de guerre occidentaux envoyés sur place pour faire la chasse aux "frères de la côte" du XXIe siècle ?
La capture spectaculaire, la semaine dernière, d'un superpétrolier saoudien, le Sirius Star, le plus gros navire jamais détourné, chargé d'une cargaison de 100 millions de dollars, a braqué les projecteurs sur ce qui est aujourd'hui la seule activité industrielle en expansion dans la Corne de l'Afrique.
Les rançons versées par les compagnies pétrolières ou les propriétaires de navires ont transformé d'anciens petits ports de pêche misérables et oubliés du monde en stations certes encore modestes mais dont les hôtels en bord de mer accueillent une clientèle locale de "boucaniers" modernes qui ne regardent guère à la dépense.
Une telle situation a attiré des investisseurs venus de toute la Somalie.
"On voit des 'pirates' qui n'ont jamais tenu une arme en main et ne sont jamais allés en mer... Mais ils sont propriétaires de bateaux qui leur rapportent des fortunes", explique par téléphone à Reuters Bachir Abdoulle, l'un des membres de ces gangs d'écumeurs des mers installé à Eyl, l'un des bastions de la piraterie comme le fut l'île de la Tortue au XVIIe siècle sous d'autres cieux.
LA NOUVELLE FLIBUSTE
Il y a à peine trois ans, les experts de la sécurité maritime estimaient à cinq seulement les bandes de pirates dans la région, regroupant difficilement une centaine de "flibustiers". Aujourd'hui, les "gros bras" avides de se lancer à l'assaut des bateaux marchands seraient plus de 1.200.
Pour certains spécialistes de la région, l'essor de cette piraterie trouve en grande partie ses racines dans le trafic ancestral et la contrebande endémique qui sévissent dans le golfe d'Aden, au large du Yémen, et rappellent les aventures du romancier français Henry de Monfreid au début du XXe siècle.
D'autres experts expliquent cette explosion des détournements de navires par la colère d'anciens miliciens de la garde-côte, furieux de voir de chalutiers européens, notamment des thoniers, fondre sur la région pour piller illégalement les zones de pêche dans les eaux territoriales somaliennes.
Certains évoquent même des déversements clandestins de déchets toxiques au large des côtes pour expliquer le ras-le-bol des populations locales.
Mais au coeur du problème reste le système des rançons, qui selon les autorités kényanes aurait permis aux pirates d'empocher plus 150 millions de dollars cette année.
De nombreux jeunes hommes engagés dans les milices qui se disputent depuis près de vingt ans le pouvoir en Somalie ont préféré se tourner vers la piraterie, qui rapporte plus et présente relativement moins de risques.
QUELS RAPPORTS AVEC LES ISLAMISTES ?
Plus inquiétant, certains spécialistes de la région redoutent un rapprochement entre ces pirates et les militants islamistes qui contrôlent le sud du pays et espèrent reprendre prochainement le contrôle de la capitale, Mogadiscio.
Dans certaines régions, les pirates sont les seuls qui se permettent d'ignorer le couvre-feu nocturne imposé par les islamistes.
Ces derniers, pour leur part, nient tout rapport avec les "flibustiers" et ont même promis de les contraindre à rendre le superpétrolier saoudien, leur reprochant de s'en être pris à un navire "musulman".
La Russie a proposé d'attaquer les bases logistiques des pirates à terre, notamment Eyl, mais l'Otan préférerait que l'initiative d'une telle opération vienne de pays africains.
"Je sais que la piraterie, c'est mal, mais sans elle la vie ici ne serait pas possible", avoue Kadija Douale, une mère de quatre enfants qui vit à Eyl.
Dans ce petit port de la province semi-autonome du Puntland, un kilo de khat, feuille d'arbuste connue pour ses vertus stimulantes et euphorisantes, se vend 65 dollars, contre 20 dollars ailleurs dans le pays, grâce à la demande croissante des pirates. Signe d'une discutable mais certaine expansion économique.
Le Sirius Star, lui, se trouve au large du port de Haradheere, plus au sud.
La capture spectaculaire, la semaine dernière, d'un superpétrolier saoudien, le Sirius Star, le plus gros navire jamais détourné, chargé d'une cargaison de 100 millions de dollars, a braqué les projecteurs sur ce qui est aujourd'hui la seule activité industrielle en expansion dans la Corne de l'Afrique.
Les rançons versées par les compagnies pétrolières ou les propriétaires de navires ont transformé d'anciens petits ports de pêche misérables et oubliés du monde en stations certes encore modestes mais dont les hôtels en bord de mer accueillent une clientèle locale de "boucaniers" modernes qui ne regardent guère à la dépense.
Une telle situation a attiré des investisseurs venus de toute la Somalie.
"On voit des 'pirates' qui n'ont jamais tenu une arme en main et ne sont jamais allés en mer... Mais ils sont propriétaires de bateaux qui leur rapportent des fortunes", explique par téléphone à Reuters Bachir Abdoulle, l'un des membres de ces gangs d'écumeurs des mers installé à Eyl, l'un des bastions de la piraterie comme le fut l'île de la Tortue au XVIIe siècle sous d'autres cieux.
LA NOUVELLE FLIBUSTE
Il y a à peine trois ans, les experts de la sécurité maritime estimaient à cinq seulement les bandes de pirates dans la région, regroupant difficilement une centaine de "flibustiers". Aujourd'hui, les "gros bras" avides de se lancer à l'assaut des bateaux marchands seraient plus de 1.200.
Pour certains spécialistes de la région, l'essor de cette piraterie trouve en grande partie ses racines dans le trafic ancestral et la contrebande endémique qui sévissent dans le golfe d'Aden, au large du Yémen, et rappellent les aventures du romancier français Henry de Monfreid au début du XXe siècle.
D'autres experts expliquent cette explosion des détournements de navires par la colère d'anciens miliciens de la garde-côte, furieux de voir de chalutiers européens, notamment des thoniers, fondre sur la région pour piller illégalement les zones de pêche dans les eaux territoriales somaliennes.
Certains évoquent même des déversements clandestins de déchets toxiques au large des côtes pour expliquer le ras-le-bol des populations locales.
Mais au coeur du problème reste le système des rançons, qui selon les autorités kényanes aurait permis aux pirates d'empocher plus 150 millions de dollars cette année.
De nombreux jeunes hommes engagés dans les milices qui se disputent depuis près de vingt ans le pouvoir en Somalie ont préféré se tourner vers la piraterie, qui rapporte plus et présente relativement moins de risques.
QUELS RAPPORTS AVEC LES ISLAMISTES ?
Plus inquiétant, certains spécialistes de la région redoutent un rapprochement entre ces pirates et les militants islamistes qui contrôlent le sud du pays et espèrent reprendre prochainement le contrôle de la capitale, Mogadiscio.
Dans certaines régions, les pirates sont les seuls qui se permettent d'ignorer le couvre-feu nocturne imposé par les islamistes.
Ces derniers, pour leur part, nient tout rapport avec les "flibustiers" et ont même promis de les contraindre à rendre le superpétrolier saoudien, leur reprochant de s'en être pris à un navire "musulman".
La Russie a proposé d'attaquer les bases logistiques des pirates à terre, notamment Eyl, mais l'Otan préférerait que l'initiative d'une telle opération vienne de pays africains.
"Je sais que la piraterie, c'est mal, mais sans elle la vie ici ne serait pas possible", avoue Kadija Douale, une mère de quatre enfants qui vit à Eyl.
Dans ce petit port de la province semi-autonome du Puntland, un kilo de khat, feuille d'arbuste connue pour ses vertus stimulantes et euphorisantes, se vend 65 dollars, contre 20 dollars ailleurs dans le pays, grâce à la demande croissante des pirates. Signe d'une discutable mais certaine expansion économique.
Le Sirius Star, lui, se trouve au large du port de Haradheere, plus au sud.