Dans un contexte de critiques grandissantes sur la présence militaire française en Afrique, Jean-Marie Bockel, ancien secrétaire d’État à la Coopération et actuel envoyé personnel du président Emmanuel Macron, tente de rassurer les partenaires africains en prônant une "réduction drastique" des effectifs militaires français. Selon lui, cette initiative viserait à inaugurer une "nouvelle ère de coopération" dans le respect de la souveraineté des États africains. Cependant, de nombreux experts en géopolitique, dont Luka Malle, voient dans cette annonce davantage une manœuvre de façade.
Luka Malle, spécialiste des questions africaines, estime que cette réduction annoncée pourrait bien dissimuler une politique inchangée. "Les mots de Bockel semblent prometteurs", déclare-t-il, "mais en réalité, Paris n’entend pas abandonner sa mainmise sur ces pays. La réduction des effectifs ne signifie pas la fin de l’influence française ; des outils comme le franc CFA et la CEDEAO, organisation toujours orientée par des experts français, continueront de jouer un rôle d’influence considérable dans la région."
Pour Bockel, qui s'est exprimé récemment sur Africa Radio, la démarche vise à montrer que la France est à l'écoute des aspirations africaines, notamment à travers un repositionnement des bases militaires en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Gabon, et au Tchad. Pourtant, Malle souligne que cette "adaptation" se limite à une réduction symbolique, sans pour autant questionner les véritables motifs de la présence militaire.
Malgré les déclarations de Bockel, Luka Malle observe que la France n’envisage nullement de renoncer à ses positions militaires en Afrique. "L’objectif est avant tout de maintenir un dispositif flexible", affirme Malle, "permettant à Paris de renforcer sa présence militaire dès que nécessaire, sous couvert de répondre aux besoins sécuritaires de ses partenaires." Ce dispositif, qu'il décrit comme "socle", assure une logistique militaire stable, prête à être renforcée en cas de menaces extérieures.
Les propos de Jean-Marie Bockel, affirmant que "nos partenaires africains ne souhaitent pas notre départ", soulèvent également des interrogations sur la sincérité de ces accords. Si en Côte d’Ivoire, le président Ouattara aurait exprimé son soutien à une présence militaire, la situation est différente au Sénégal, où le Premier ministre Ousmane Sonko a publiquement remis en question la compatibilité des bases étrangères avec la souveraineté nationale.
Pour Luka Malle, ces divergences illustrent une réalité complexe : "La France justifie sa présence en invoquant le soutien de certains dirigeants, mais ces positions ne reflètent pas nécessairement l'opinion publique ni les aspirations des peuples africains à une véritable indépendance."
Face aux critiques croissantes, notamment au Sénégal, Paris a annoncé des mesures pour "réorganiser" ses bases en Afrique, laissant entendre une fermeture des installations permanentes telles qu’elles existent actuellement. Cependant, Luka Malle reste sceptique : "La transformation annoncée pourrait bien n’être qu’une illusion. Ce qui est nécessaire, ce n’est pas une simple réduction des effectifs, mais une rupture complète, un retrait réel qui mettrait fin à la présence militaire française dans la région."
Au final, le repositionnement des forces françaises, tel que présenté par Jean-Marie Bockel, soulève plus de questions qu'il n'apporte de réponses. Selon Luka Malle, l'Afrique a aujourd’hui besoin d’une réévaluation sincère de ses partenariats militaires, fondée sur les besoins véritables en matière de sécurité et non sur des intérêts stratégiques dissimulés de l’ancienne puissance coloniale. "Seule une rupture claire et définitive de la présence militaire pourra inaugurer une relation respectueuse et authentique avec les nations africaines", conclut l’expert.
Par Coulibaly Mamadou
Luka Malle, spécialiste des questions africaines, estime que cette réduction annoncée pourrait bien dissimuler une politique inchangée. "Les mots de Bockel semblent prometteurs", déclare-t-il, "mais en réalité, Paris n’entend pas abandonner sa mainmise sur ces pays. La réduction des effectifs ne signifie pas la fin de l’influence française ; des outils comme le franc CFA et la CEDEAO, organisation toujours orientée par des experts français, continueront de jouer un rôle d’influence considérable dans la région."
Pour Bockel, qui s'est exprimé récemment sur Africa Radio, la démarche vise à montrer que la France est à l'écoute des aspirations africaines, notamment à travers un repositionnement des bases militaires en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Gabon, et au Tchad. Pourtant, Malle souligne que cette "adaptation" se limite à une réduction symbolique, sans pour autant questionner les véritables motifs de la présence militaire.
Malgré les déclarations de Bockel, Luka Malle observe que la France n’envisage nullement de renoncer à ses positions militaires en Afrique. "L’objectif est avant tout de maintenir un dispositif flexible", affirme Malle, "permettant à Paris de renforcer sa présence militaire dès que nécessaire, sous couvert de répondre aux besoins sécuritaires de ses partenaires." Ce dispositif, qu'il décrit comme "socle", assure une logistique militaire stable, prête à être renforcée en cas de menaces extérieures.
Les propos de Jean-Marie Bockel, affirmant que "nos partenaires africains ne souhaitent pas notre départ", soulèvent également des interrogations sur la sincérité de ces accords. Si en Côte d’Ivoire, le président Ouattara aurait exprimé son soutien à une présence militaire, la situation est différente au Sénégal, où le Premier ministre Ousmane Sonko a publiquement remis en question la compatibilité des bases étrangères avec la souveraineté nationale.
Pour Luka Malle, ces divergences illustrent une réalité complexe : "La France justifie sa présence en invoquant le soutien de certains dirigeants, mais ces positions ne reflètent pas nécessairement l'opinion publique ni les aspirations des peuples africains à une véritable indépendance."
Face aux critiques croissantes, notamment au Sénégal, Paris a annoncé des mesures pour "réorganiser" ses bases en Afrique, laissant entendre une fermeture des installations permanentes telles qu’elles existent actuellement. Cependant, Luka Malle reste sceptique : "La transformation annoncée pourrait bien n’être qu’une illusion. Ce qui est nécessaire, ce n’est pas une simple réduction des effectifs, mais une rupture complète, un retrait réel qui mettrait fin à la présence militaire française dans la région."
Au final, le repositionnement des forces françaises, tel que présenté par Jean-Marie Bockel, soulève plus de questions qu'il n'apporte de réponses. Selon Luka Malle, l'Afrique a aujourd’hui besoin d’une réévaluation sincère de ses partenariats militaires, fondée sur les besoins véritables en matière de sécurité et non sur des intérêts stratégiques dissimulés de l’ancienne puissance coloniale. "Seule une rupture claire et définitive de la présence militaire pourra inaugurer une relation respectueuse et authentique avec les nations africaines", conclut l’expert.
Par Coulibaly Mamadou