Le Burkina Faso attend de connaître son Premier ministre

Au Burkina Faso, nouvelle étape dans le sprint de la transition politique : le pays attend la nomination de son Premier ministre, prévue ce mercredi. Si rien n’a filtré des premiers travaux du président Michel Kafando sur ce dossier, un nom revient : celui du lieutenant-colonel Isaac Zida.



Un militaire monte la garde, le 2 novembre 2014, à Ouagadougou. REUTERS/Joe Penney

Si la charte de la transition  impose un civil à la tête de l’Etat – c’est le cas de Michel Kafando  – et un autre à la présidence de l’Assemblée, la donne est différente pour le poste de Premier ministre, où la personnalité choisie peut être un militaire. Le point avait d’ailleurs été débattu lors de l’écriture du texte.

Cette ouverture pourrait donc permettre à un militaire d’accéder au poste. Michel Kafando, interrogé par RFI, n’a pas exclu cette option. C’est pour le moment le nom du lieutenant-colonel Zida qui est le plus cité.

Le principal intéressé, interrogé sur la possibilité de devenir Premier ministre, ne rejette pas non plus cette possibilité. Le militaire assurait, mardi, qu’il comptait rester au service du président Michel Kafando : « Je reste à la disposition de mon pays, et il m’emploiera là où il voudra. »



Inquiétudes de la communauté internationale

Cette possibilité froisse la communauté internationale, qui verrait dans le choix d’un civil à la primature un véritable pas en avant démocratique. « Le seul point inquiétant, c’est que le pouvoir revient au Premier ministre en cas de problème du président », estime ainsi un diplomate occidental.

Dans la classe politique burkinabè, l’idée qu’Issac Zida soit nommé Premier ministre ne semble pas poser de problème particulier : « L’armée a lâché du lest lors des négociations, il faut accepter un compromis », explique ainsi l’un des leaders de l’ex-opposition. « Où est le problème ?, questionne un autre membre de l'opposition. C’est un homme qui a pris des risques, qui est intelligent et compétent. »

« Qu'ils retournent dans leurs casernes »

La rue est en revanche plus divisée. « Nous voulons Isaac Zida car il sera capable de tenir les politiques et éviter les dérives », analyse un commerçant. Un doyen objecte : « Cela fait des années que l’armée tient ce pays. Aujourd’hui, les militaires, on ne leur demande qu’une chose : de retourner dans leur caserne. »

 

Les défis qui attendent Michel Kafando

Prestation de serment, investiture, honneurs militaires et félicitations du corps diplomatique : le tapis rouge a été déroulé, mardi, pour Michel Kafando qui est désormais dans ses habits de chef de l’Etat. Face à l’ampleur du travail qui se présente à son équipe, le nouveau président de la transition dit compter sur l’appui de ses compatriotes et des partenaires du Burkina Faso.

Car quelle que soit la personnalité choisie, de nombreux défis attendent Michel Kafando. L’une des principales tâches du nouveau président sera la préparation des élections législatives et présidentielles de novembre 2015. Ce ne sera pas la seule : les problèmes économiques et sociaux qui ont poussé de nombreux Burkinabè à renforcer les rangs des contestataires qui ont poussé à la démission Blaise Compaoré restent entiers.

« En douze mois, on ne peut pas tout faire. Nous ne sommes pas des magiciens. Mais il fait avoir le courage de s’attaquer à certains défis essentiels, estime le président Kafando. L’un de ces défis est la stabilité – Dieu merci, nous avons eu une armée qui a été vraiment responsable et qui a garanti la stabilité jusqu’à présent. »

Hormis la stabilité et la sécurité, Michel Kafando veut faire de la jeunesse et de la réconciliation les deux priorités de son année au pouvoir : « Ensuite, si nous arrivons à poser les bases de solutions pour les problèmes rencontrés par la jeunesse, et les bases d’une réconciliation nationale, je crois que nous aurons tracé un sillon. Et même si on ne peut pas tout faire, ceux qui viendront après nous trouveront un terrain balisé. »


Rfi.fr

Mercredi 19 Novembre 2014 09:48


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