Des tentes ont été installées tout autour de l’estrade, sur ce terrain de Ranyongo, pour protéger la foule des rayons du soleil. De nombreux hommes et femmes vêtus de pagnes aux couleurs du CDP, le Congrès pour la démocratie et le progrès viennent prendre place sur les chaises. Puis vers 15h40, les deux têtes de liste du parti au pouvoir pour cette province du Kadiogo (celle qui englobe la capitale) font leur entrée : Arthur Kafando, le numéro un et son numéro deux, François Compaoré. Un candidat qui lui vole, malgré lui, la vedette.
Le puissant frère du président est longtemps resté dans l’ombre, occupant la place de conseiller économique à la présidence. Quand sa candidature à la députation a été annoncée, en bonne place, sur la liste du CDP, les Burkinabè n’ont pas manqué de s’interroger. Et les rumeurs ont commencé à courir. « Le fait que ces débats ressurgissent aujourd’hui est lié à la stratégie de communication de François Compaoré, qui apparaît de plus en plus dans les médias, qui s’expose de plus en plus et qui pour la première fois s’est engagé pleinement dans la politique », analyse le professeur de droit constitutionnel et sciences politiques à l’université de Ouagadougou, Augustin Loada.
« Je crois, poursuit l’universitaire, que ces spéculations sont relancées maintenant, parce que la question du respect de l’article 37 de la Constitution se pose de manière croissante. Selon la Constitution, le président Compaoré ne peut plus se présenter à un nouveau mandat présidentiel. Nous sommes à quelque deux années de cette échéance, donc la question de sa succession se pose de plus en plus ». L’arrivée sous la lumière, dans de telles circonstances, du frère du président, pousse certains à se demander si Blaise Compaoré ne va pas chercher à positionner son petit frère pour lui succéder.
Simple soldat ou général ?
Quand on l’interpelle sur les raisons de son entrée en politique, François Compaoré adopte le masque du bon soldat du CDP : « C’est mon parti qui m’a désigné, c’est un honneur, je l’accepte pour que le parti puisse remporter beaucoup de voix et faire en sorte qu’au niveau de l’hémicycle nous soyons majoritaires, afin de permettre au président Blaise Compaoré d’appliquer son programme », a-t-il expliqué aux journalistes venus l’interroger après le meeting de Ranyongo.
Plutôt qu’un simple soldat, nombre d’observateurs voient pourtant en lui un général. Celui dont la main a guidé la réorganisation du parti, lors du congrès du CDP en mars 2012. D’anciens piliers du parti au pouvoir se sont retrouvés écartés, au profit d’une nouvelle génération. Au profit notamment d’alliés connus de François Compaoré, des membres de la FEDAP-BC (la Fédération associative pour la paix et le progrès avec Blaise Compaoré), une association de soutien dont il est le parrain. Dans le nouveau « secrétariat exécutif national » du CDP, François Compaoré occupe la fonction de secrétaire chargé du mouvement associatif, une place stratégique pour tisser des réseaux.
Pour l’opposition burkinabè, la messe est dite. Etienne Traoré, le premier vice-président du PDS-Metba, estime par exemple que François Compaoré est devenu le « plan B » de la famille Compaoré pour préserver sa sécurité et celle de ses biens si le président sortant ne peut réformer la constitution pour se représenter en 2015.
« Un débat qui va peut être se décoller à l’horizon »
Ce ne sont pas les dernières déclarations du « Petit président » (le surnom qui lui a été donné par la presse) qui vont dissiper ce malaise. Dans une interview accordée à trois journalistes, dont le correspondant de RFI à Ouagadougou, François Compaoré n’a pas écarté la possibilité d’être sur les rangs en 2015. Si cela doit se faire, cela ne sera simplement possible dit-il, qu’avec le plein soutien du parti : « On n’accepte pas d’être président seulement parce qu’on veut être président, non. Il faut s’assurer que, si ça vient du parti, on aura aussi le soutien effectif du parti, l’ensemble de ses militants, comme cela était pour le président Compaoré, d’ailleurs. Je pense que c’est un débat qui va peut-être se décoller à l’horizon, mais pour l’instant, mon souhait aurait été qu’on ne change pas un cheval qui gagne. »
Plan B, comme le dit l’opposition ? François Compaoré semble en tout cas envisager l’idée d’une réforme constitutionnelle permettant une nouvelle élection du président sortant : « Pour 2015, je travaille dans le cadre d’un parti. Ce parti applique le programme d’un président qui, certes, termine donc son mandat mais, au regard de nos lois, ce n’est pas – je dirai – exclu que, peut-être, des lois puissent être modifiées pour lui permettre de continuer. Tout dépendra des burkinabè. »
« Pour ma part, a également estimé François Compaoré, je ne vois pas comment je peux être dans une logique de succession. Peut-être que le parti peut être dans une logique de succession, mais ma personne, non. »
RFI
Le puissant frère du président est longtemps resté dans l’ombre, occupant la place de conseiller économique à la présidence. Quand sa candidature à la députation a été annoncée, en bonne place, sur la liste du CDP, les Burkinabè n’ont pas manqué de s’interroger. Et les rumeurs ont commencé à courir. « Le fait que ces débats ressurgissent aujourd’hui est lié à la stratégie de communication de François Compaoré, qui apparaît de plus en plus dans les médias, qui s’expose de plus en plus et qui pour la première fois s’est engagé pleinement dans la politique », analyse le professeur de droit constitutionnel et sciences politiques à l’université de Ouagadougou, Augustin Loada.
« Je crois, poursuit l’universitaire, que ces spéculations sont relancées maintenant, parce que la question du respect de l’article 37 de la Constitution se pose de manière croissante. Selon la Constitution, le président Compaoré ne peut plus se présenter à un nouveau mandat présidentiel. Nous sommes à quelque deux années de cette échéance, donc la question de sa succession se pose de plus en plus ». L’arrivée sous la lumière, dans de telles circonstances, du frère du président, pousse certains à se demander si Blaise Compaoré ne va pas chercher à positionner son petit frère pour lui succéder.
Simple soldat ou général ?
Quand on l’interpelle sur les raisons de son entrée en politique, François Compaoré adopte le masque du bon soldat du CDP : « C’est mon parti qui m’a désigné, c’est un honneur, je l’accepte pour que le parti puisse remporter beaucoup de voix et faire en sorte qu’au niveau de l’hémicycle nous soyons majoritaires, afin de permettre au président Blaise Compaoré d’appliquer son programme », a-t-il expliqué aux journalistes venus l’interroger après le meeting de Ranyongo.
Plutôt qu’un simple soldat, nombre d’observateurs voient pourtant en lui un général. Celui dont la main a guidé la réorganisation du parti, lors du congrès du CDP en mars 2012. D’anciens piliers du parti au pouvoir se sont retrouvés écartés, au profit d’une nouvelle génération. Au profit notamment d’alliés connus de François Compaoré, des membres de la FEDAP-BC (la Fédération associative pour la paix et le progrès avec Blaise Compaoré), une association de soutien dont il est le parrain. Dans le nouveau « secrétariat exécutif national » du CDP, François Compaoré occupe la fonction de secrétaire chargé du mouvement associatif, une place stratégique pour tisser des réseaux.
Pour l’opposition burkinabè, la messe est dite. Etienne Traoré, le premier vice-président du PDS-Metba, estime par exemple que François Compaoré est devenu le « plan B » de la famille Compaoré pour préserver sa sécurité et celle de ses biens si le président sortant ne peut réformer la constitution pour se représenter en 2015.
« Un débat qui va peut être se décoller à l’horizon »
Ce ne sont pas les dernières déclarations du « Petit président » (le surnom qui lui a été donné par la presse) qui vont dissiper ce malaise. Dans une interview accordée à trois journalistes, dont le correspondant de RFI à Ouagadougou, François Compaoré n’a pas écarté la possibilité d’être sur les rangs en 2015. Si cela doit se faire, cela ne sera simplement possible dit-il, qu’avec le plein soutien du parti : « On n’accepte pas d’être président seulement parce qu’on veut être président, non. Il faut s’assurer que, si ça vient du parti, on aura aussi le soutien effectif du parti, l’ensemble de ses militants, comme cela était pour le président Compaoré, d’ailleurs. Je pense que c’est un débat qui va peut-être se décoller à l’horizon, mais pour l’instant, mon souhait aurait été qu’on ne change pas un cheval qui gagne. »
Plan B, comme le dit l’opposition ? François Compaoré semble en tout cas envisager l’idée d’une réforme constitutionnelle permettant une nouvelle élection du président sortant : « Pour 2015, je travaille dans le cadre d’un parti. Ce parti applique le programme d’un président qui, certes, termine donc son mandat mais, au regard de nos lois, ce n’est pas – je dirai – exclu que, peut-être, des lois puissent être modifiées pour lui permettre de continuer. Tout dépendra des burkinabè. »
« Pour ma part, a également estimé François Compaoré, je ne vois pas comment je peux être dans une logique de succession. Peut-être que le parti peut être dans une logique de succession, mais ma personne, non. »
RFI
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