Que c’est triste de le voir partir ainsi… Après douze ans de règne à la tête du pays, Macky SALL s’en va sans les honneurs. Certainement que dans ses rêves les plus fous, il y a encore dix ans, il n’aurait jamais pensé terminer son dernier mandat de la sorte. Ses dernières sorties médiatiques, notamment son entretien avec la BBC en date du 20 mars 2024, sont assez édifiantes de l’état moral du Président Macky SALL. L’homme est profondément blessé. Il se sent atteint dans sa chair et il constate avec amertume que son honorabilité a été bafouée. Lui, le père de famille, s’est senti à l’étroit ne pouvant sans doute pas regarder ses enfants dans les yeux tellement il a été caricaturé comme étant le « diable » en personne. Le Président SALL aura passé les mois les plus difficiles de sa vie entre mars 2021 et mars 2024. Même au plus fort de ses adversités avec WADE au pouvoir, il n’a jamais autant souffert. Mais c’était tout simplement écrit ! Il fallait qu’il en soit ainsi…
Au lendemain de sa réélection au premier tour en février 2019, le tout puissant Macky SALL a pris une trajectoire qui en disait long sur ses intentions. De retour d’une longue retraite au Maroc, il affiche des certitudes assez impénétrables. Il supprime le poste de Premier Ministre se croyant sans doute omnipotent, inculque une nouvelle dynamique à son gouvernement marqué sous le sceau du « fast track » et s’offre le chemin d’un hyper président qui ne se refusera rien. Ce choix aura très vite montré ses limites, mais Macky SALL était sûr de son fait. Malheureusement pour lui, la crise mondiale liée à la COVID-19 aura définitivement sonné le glas de son régime. C’est à partir de ce moment en réalité que sa descente aux enfers a pris forme exacerbée par l’affaire dite « Sweet beauty », qui l’amena à faire face à l’opposant le plus célèbre du pays, Ousmane SONKO, en l’occurrence.
Il aura compris qu’aucun chef d’Etat ne peut gagner contre son peuple
Cette sinistre affaire a montré à la face du monde, un Macky SALL « vindicatif », « revanchard » contre une jeunesse en furie, longtemps suspendue entre le marteau des difficultés économiques relatives à la crise de la COVID-19 et l’enclume d’un sentiment d’injustice contre les opposants du régime, principalement le leader du PASTEF. Le Président SALL n’en avait cure : il fallait qu’il en finisse avec SONKO, l’occasion étant trop belle. Celui-ci l’aura en effet empêché de tourner en rond pendant des années en se présentant comme son opposant le plus irréductible de la scène politique. Très critique à l’endroit du Président SALL, SONKO se singularisait par son discours jugé violent et extrémiste à la limite même, haineux contre SALL et son régime.
Naturellement, tout le camp du Président SALL ou du moins, les plus radicaux ont convaincu ce dernier d’user de l’Etat et de ses segments les plus répressifs, pour mettre en branle le rouleau compresseur contre le maire de Ziguinchor et ses partisans.
Macky SALL dans sa toute « puissance » pensait tenir le bon bout, après avoir doté les Forces de Défense et de Sécurité, d’une force de frappe terrible, qui aura occasionné beaucoup de pertes en vies humaines et un drame social sans fin. Le successeur de WADE au pouvoir ne se fixait plus de limites. Il distillait un discours guerrier en cohérence avec les actes posés par une justice plus que jamais contestée par une bonne frange de la population. Le jeu en valait la chandelle et il fallait que SONKO paie son « outrecuidance ». Mais son image ne s’en est jamais remise et le monde entier venait de découvrir un « nouveau tyran » des temps modernes, jouant à « l’apprenti dictateur », qui passe mal au sein de l’opinion nationale et internationale. Le Macky calme et serein que les Sénégalais ont découvert sous WADE en début 2000 et adoubé en 2012, est subitement devenu un SALL « agressif » et « têtu », à force d’écouter des proches assoiffés de pouvoirs et aveuglés par la possibilité d’un 3ème mandat, le tout moulé dans une arrogance qui frise la folie.
Pendant ce temps, la popularité de l’opposant montait en flèche. Il devenait le « chouchou » de toute une jeunesse acquise à sa cause et prête à défier la « loi » pour en découdre avec SALL, qu’elle considère désormais comme « un danger » pour la Nation.
Au nom de la famille….
Aujourd’hui, force est de constater que Macky SALL a fini par reculer. Il a fini par entendre raison, sans doute parce qu’il a peur de son après-pouvoir. « Pourchassé » par la clameur publique, défié par une bonne partie de ses camarades de parti, désavoué par le Conseil constitutionnel, il a senti la terre se dérober sous ses pieds. Il s’est plaint devant le média Associated Press (AP) de son image écornée à l’international du fait d’une opposition et d’une société civile « calomniatrices ». Celles-ci lui reprochent d’avoir rempli les prisons sénégalaises de prisonniers politiques et d’avoir « assassiné » près de 80 Sénégalais pour se maintenir au pouvoir, en confisquant la volonté populaire. Cette image d’un Macky SALL « dictateur » trouble son sommeil au point qu’il sorte de sa manche une loi d’amnistie, pour effacer de la mémoire collective, tous les sinistres évènements liés à l’affaire « Sweet Beauty ».
Cette loi, qui ne fait l’unanimité ni auprès de ses proches et camarades ni auprès de l’opinion et des acteurs politiques et de la société civile, a été votée par sa majorité à l’Assemblée nationale occasionnant de fait, la libération de SONKO et de son candidat Bassirou Diomaye FAYE, mais également la libération de plusieurs centaines de jeunes sympathisants du PASTEF. Des indiscrétions jurent que cet instinct de survie de Macky SALL est dicté par des « conseils » de sa famille, qui souhaiterait également vivre en paix loin des intrigues du Palais, après 2024. D’autant plus que le nom de son fils serait cité avec insistance dans une série de dénonciations adressées à la redoutable et redoutée Cour pénale internationale (CPI). Il n’en fallait pas plus pour que SALL rétropédale à la surprise de ses plus proches, qui subodoreraient d’ailleurs, une atteinte mystique. Mais le Président SALL tient à sa famille et il sait qu’il ne peut compter que sur elle, après le pouvoir. Il s’est « réveillé » un peu tard, mais il s’est « réveillé » quand même. Mieux vaut tard que jamais !
Une leçon pour tout autre chef de l’Etat
Le magistère de Macky SALL à la tête du Sénégal nous aura appris énormément de choses. Lui-même en a beaucoup appris, sans doute. Le pouvoir en Afrique avec son autoritarisme peut transformer le meilleur parmi nous en un « monstre dangereux » aux pouvoirs illimités, qui peut en abuser sans retenue. De toutes les façons, rare sont ceux qui nous diront « NON » tant qu’on a le pouvoir de nomination et de limogeage entre nos mains pour ne pas dire le droit de vie et de mort sur nos concitoyens.
On aura appris du magistère de SALL, que le Sénégal en particulier n’a pas besoin d’un homme fort mais plutôt des institutions fortes. Et c’est heureux d’entendre certains prétendants au Palais de la République promettre de réduire leurs pouvoirs au profit de l’Assemblée nationale et du Premier Ministre. C’est tout ce qu’on souhaite. Mais le chemin de l’enfer est pavé de bonnes intentions. Les Présidents WADE et SALL nous l’ont appris, ces vingt dernières années.
A moins de quinze jours de la fin de son dernier mandat à la tête du Sénégal, on ne peut qu’avoir des regrets pour le Président Macky SALL. Ses deux mandats auront été marqués par de belles réalisations dans ce pays. Oui Macky SALL a beaucoup fait en termes de routes, d’infrastructures hospitalières sans compter ses programmes sociaux qui ont véritablement impacté la vie de centaines de milliers de ménages sénégalais. Mais toutes ses réalisations ont été ensevelies dans son obsession de « réduire l’opposition jusqu’à sa plus simple expression », mettant en avant son parti au détriment de la patrie devant laquelle, il s’était engagé en 2012 à servir loyalement.
Le prochain président qui sera élu peut tirer des leçons de la sortie peu honorable du Président SALL du pouvoir. Lui, qui n’hésite même pas à nous laisser notre pays si on n’arrive pas à se choisir et dès le premier tour, son successeur au soir du 24 mars 2024. C’est dire que l’homme est dans un état de crève-cœur sans précédent malgré sa « toute puissance » pendant douze longues années. Et il ne doit s’en vouloir qu’à lui-même !
Aly FALL
Journaliste / Communicant
fallaly80@gmail.com
Au lendemain de sa réélection au premier tour en février 2019, le tout puissant Macky SALL a pris une trajectoire qui en disait long sur ses intentions. De retour d’une longue retraite au Maroc, il affiche des certitudes assez impénétrables. Il supprime le poste de Premier Ministre se croyant sans doute omnipotent, inculque une nouvelle dynamique à son gouvernement marqué sous le sceau du « fast track » et s’offre le chemin d’un hyper président qui ne se refusera rien. Ce choix aura très vite montré ses limites, mais Macky SALL était sûr de son fait. Malheureusement pour lui, la crise mondiale liée à la COVID-19 aura définitivement sonné le glas de son régime. C’est à partir de ce moment en réalité que sa descente aux enfers a pris forme exacerbée par l’affaire dite « Sweet beauty », qui l’amena à faire face à l’opposant le plus célèbre du pays, Ousmane SONKO, en l’occurrence.
Il aura compris qu’aucun chef d’Etat ne peut gagner contre son peuple
Cette sinistre affaire a montré à la face du monde, un Macky SALL « vindicatif », « revanchard » contre une jeunesse en furie, longtemps suspendue entre le marteau des difficultés économiques relatives à la crise de la COVID-19 et l’enclume d’un sentiment d’injustice contre les opposants du régime, principalement le leader du PASTEF. Le Président SALL n’en avait cure : il fallait qu’il en finisse avec SONKO, l’occasion étant trop belle. Celui-ci l’aura en effet empêché de tourner en rond pendant des années en se présentant comme son opposant le plus irréductible de la scène politique. Très critique à l’endroit du Président SALL, SONKO se singularisait par son discours jugé violent et extrémiste à la limite même, haineux contre SALL et son régime.
Naturellement, tout le camp du Président SALL ou du moins, les plus radicaux ont convaincu ce dernier d’user de l’Etat et de ses segments les plus répressifs, pour mettre en branle le rouleau compresseur contre le maire de Ziguinchor et ses partisans.
Macky SALL dans sa toute « puissance » pensait tenir le bon bout, après avoir doté les Forces de Défense et de Sécurité, d’une force de frappe terrible, qui aura occasionné beaucoup de pertes en vies humaines et un drame social sans fin. Le successeur de WADE au pouvoir ne se fixait plus de limites. Il distillait un discours guerrier en cohérence avec les actes posés par une justice plus que jamais contestée par une bonne frange de la population. Le jeu en valait la chandelle et il fallait que SONKO paie son « outrecuidance ». Mais son image ne s’en est jamais remise et le monde entier venait de découvrir un « nouveau tyran » des temps modernes, jouant à « l’apprenti dictateur », qui passe mal au sein de l’opinion nationale et internationale. Le Macky calme et serein que les Sénégalais ont découvert sous WADE en début 2000 et adoubé en 2012, est subitement devenu un SALL « agressif » et « têtu », à force d’écouter des proches assoiffés de pouvoirs et aveuglés par la possibilité d’un 3ème mandat, le tout moulé dans une arrogance qui frise la folie.
Pendant ce temps, la popularité de l’opposant montait en flèche. Il devenait le « chouchou » de toute une jeunesse acquise à sa cause et prête à défier la « loi » pour en découdre avec SALL, qu’elle considère désormais comme « un danger » pour la Nation.
Au nom de la famille….
Aujourd’hui, force est de constater que Macky SALL a fini par reculer. Il a fini par entendre raison, sans doute parce qu’il a peur de son après-pouvoir. « Pourchassé » par la clameur publique, défié par une bonne partie de ses camarades de parti, désavoué par le Conseil constitutionnel, il a senti la terre se dérober sous ses pieds. Il s’est plaint devant le média Associated Press (AP) de son image écornée à l’international du fait d’une opposition et d’une société civile « calomniatrices ». Celles-ci lui reprochent d’avoir rempli les prisons sénégalaises de prisonniers politiques et d’avoir « assassiné » près de 80 Sénégalais pour se maintenir au pouvoir, en confisquant la volonté populaire. Cette image d’un Macky SALL « dictateur » trouble son sommeil au point qu’il sorte de sa manche une loi d’amnistie, pour effacer de la mémoire collective, tous les sinistres évènements liés à l’affaire « Sweet Beauty ».
Cette loi, qui ne fait l’unanimité ni auprès de ses proches et camarades ni auprès de l’opinion et des acteurs politiques et de la société civile, a été votée par sa majorité à l’Assemblée nationale occasionnant de fait, la libération de SONKO et de son candidat Bassirou Diomaye FAYE, mais également la libération de plusieurs centaines de jeunes sympathisants du PASTEF. Des indiscrétions jurent que cet instinct de survie de Macky SALL est dicté par des « conseils » de sa famille, qui souhaiterait également vivre en paix loin des intrigues du Palais, après 2024. D’autant plus que le nom de son fils serait cité avec insistance dans une série de dénonciations adressées à la redoutable et redoutée Cour pénale internationale (CPI). Il n’en fallait pas plus pour que SALL rétropédale à la surprise de ses plus proches, qui subodoreraient d’ailleurs, une atteinte mystique. Mais le Président SALL tient à sa famille et il sait qu’il ne peut compter que sur elle, après le pouvoir. Il s’est « réveillé » un peu tard, mais il s’est « réveillé » quand même. Mieux vaut tard que jamais !
Une leçon pour tout autre chef de l’Etat
Le magistère de Macky SALL à la tête du Sénégal nous aura appris énormément de choses. Lui-même en a beaucoup appris, sans doute. Le pouvoir en Afrique avec son autoritarisme peut transformer le meilleur parmi nous en un « monstre dangereux » aux pouvoirs illimités, qui peut en abuser sans retenue. De toutes les façons, rare sont ceux qui nous diront « NON » tant qu’on a le pouvoir de nomination et de limogeage entre nos mains pour ne pas dire le droit de vie et de mort sur nos concitoyens.
On aura appris du magistère de SALL, que le Sénégal en particulier n’a pas besoin d’un homme fort mais plutôt des institutions fortes. Et c’est heureux d’entendre certains prétendants au Palais de la République promettre de réduire leurs pouvoirs au profit de l’Assemblée nationale et du Premier Ministre. C’est tout ce qu’on souhaite. Mais le chemin de l’enfer est pavé de bonnes intentions. Les Présidents WADE et SALL nous l’ont appris, ces vingt dernières années.
A moins de quinze jours de la fin de son dernier mandat à la tête du Sénégal, on ne peut qu’avoir des regrets pour le Président Macky SALL. Ses deux mandats auront été marqués par de belles réalisations dans ce pays. Oui Macky SALL a beaucoup fait en termes de routes, d’infrastructures hospitalières sans compter ses programmes sociaux qui ont véritablement impacté la vie de centaines de milliers de ménages sénégalais. Mais toutes ses réalisations ont été ensevelies dans son obsession de « réduire l’opposition jusqu’à sa plus simple expression », mettant en avant son parti au détriment de la patrie devant laquelle, il s’était engagé en 2012 à servir loyalement.
Le prochain président qui sera élu peut tirer des leçons de la sortie peu honorable du Président SALL du pouvoir. Lui, qui n’hésite même pas à nous laisser notre pays si on n’arrive pas à se choisir et dès le premier tour, son successeur au soir du 24 mars 2024. C’est dire que l’homme est dans un état de crève-cœur sans précédent malgré sa « toute puissance » pendant douze longues années. Et il ne doit s’en vouloir qu’à lui-même !
Aly FALL
Journaliste / Communicant
fallaly80@gmail.com