A la rue 13 de Dieuppeul, les gargotes en abondance qui longeaient cette route semblent disparaitre dans le décor ce matin. Des portes de kiosques fermées, des tables inclinées…sont les caractéristiques de cette rue en ce début de matinée. Visiblement le petit déjeuner ne semble pas constituer les préoccupations de ce matin. Plus loin, à l’opposée de la station d’essence de Liberté 5, flottent sous l’effet du vent les rideaux du restaurant «;Sope Dabakh». A l’intérieur, aucun client présent, des chaises bien rangées dans un calme de cimetière. La propriétaire, une femme de la quarantaine s’explique «pour le moment on n’a pas encore vu un client en ce premier jour du ramadan, mais on a ouvert quand même pour tester et après essayer de voir quelle méthode sera plus adéquate pour ce mois». En revanche, la table de Khady Diagne, à quelques jets de pierres de là, semble occuper par quelques clients sous le voile des draps dressés derrière les bancs. A l’intérieur de la tente, un homme qui a la trentaiine achève tranquillement son pain «ndambé» et sa tasse de café Touba. A côté de lui, une fille qui, elle aussi, se régale bien. Sur le banc d’à côté, deux hommes, dont l’un marchand ambulant, déposant sa marchandise sous le banc, proposent discrètement le commande. "Aujourd’hui j’avais en un moment donné cru que je ne trouverais plus un endroit où prendre mon petit déjeuner. J’ai beaucoup marché avant d’atterrir ici", lance l’homme âgé d'une trentaine d'année qui précise toutefois ne pas faire ce trajet pour se cacher même s’il persiste à garder l’anonymat. Aby, la seule fille cliente, teint clair, la vingtaine dépassée, raconte qu’elle vient de Liberté 6 et sur tout le chemin les gargotes sont introuvables. Néanmoins la jeune dame tente de donner des explications en faisant part qu’elle est une fille et il leur arrive de ne pas pouvoir jeuner naturellement. A la question est ce que le ramadan fait l’affaire des restaurateurs, Khady Diagne répond par la négative. «On s’en sort plus en temps normal qu’en période de ramadan. Moi qui vendais plus de 70 baguettes de pain par jour, aujourd’hui j’en ai vendu que 18», renseigne la dame qui compte essayer de se rattraper avec la vente du «ndogou» (rupture) le soir. Même son de cloche aussi dans les grands restaurants et fast-food. Pour ces derniers également, le changement des horaires et la diminution de la production s’imposent. Au fast-food « Chez Max» de Dieuppeul à la rue 13, la caissière, dans son bureau en train de faire les mises à jour évoque les difficultés liées au ramadan dans leur travail.«En général, il y a une très grande différence entre la quantité demandée pendant le ramadan et celle demandée en temps normal;» remarque Dialy, la caissière qui poursuit: «cela est dû au fait que les clients viennent rarement durant cette période car certains d’entre eux ont déjà promis de ne remettre les pieds ici qu’après le mois de ramadan». Toutefois la jeune caissière a fait savoir que la deuxième quinzaine du mois reste moins pénible pour eux car certains clients ne vont pas jusqu’au bout et reviennent, d’où une petite amélioration dans ce secteur en cette période de ramadan. Pour le moment, les musulmans semblent bien déserter les lieux de vente de repas pendant la journée, laissant paraitre des instabilités dans ce secteur de la restauration. Pourvu que cette abstinence dure tout le mois béni de ramadan.
Le Ramadan : Un sale temps pour les restaurateurs
Ce premier jour du mois de ramadan offre un aspect tout nouveau dans le quotidien des dakarois. La quasi-totalité des points de vente, de petit déjeuner ont fermé leur porte, et les restaurants, fast-food et autres places de vente de repas sont dans l’obligation de changer les horaires, tout en se plaignant d’une baisse de leur production pendant presque trente jours de jeûne.
Mamadou Sakhir Ndiaye
Mardi 2 Aout 2011 17:13
Ajouter un commentaire
Dans la même rubrique :
{{#item}}
{{/item}}
{{/items}}