Le 4 mars, des opposants affrontent des gardes nationaux alors qu'ils progressent vers la base aérienne Général-Francisco de Miranda.
Des milliers de Vénézuéliens venus de tout le pays défilaient il y a un an pour rendre un dernier hommage à la dépouille du Comandante, père de la révolution bolivarienne. Au son des slogans « vive Chavez, vive Nicolas Maduro », « je suis Chavez ». Pour ses admirateurs, Hugo Chavez a réussi à mettre en place un modèle avec ses fameuses misiones, des programmes sociaux pour aider des millions de Vénézuéliens à sortir de la pauvreté, accéder à l’éducation gratuite et aux soins.
Un modèle pour d’autres pays du continent, qui se sont alliés dans l’Alba (l’Alliance bolivarienne pour les Amériques). Chavez a inspiré ses voisins, mais il a aussi joué sur les divisions avec l’opposition. Une opposition accusée d’avoir fomenté le coup d’Etat du 11 avril 2002, et que les chavistes ne veulent sous aucun prétexte voir revenir au pouvoir.
Pourtant dans les rues de Caracas il y a un an, on entendait aussi cet appel à la trêve entre chavistes et opposants : « Espérons que le pays s’unisse, on en a besoin, et qu’ils arrêtent avec ce langage de rancœurs, qu’il y ait une unité entre les deux parties ».
« Maduro n’est pas Chavez »
Mais un an après la mort du Comandante, son dauphin Nicolas Maduro a été élu président et le Venezuela est de plus en plus divisé entre pro et anti chavistes : étudiants et opposants sont descendus dans la rue depuis un mois et réclament des réformes, certains barrios, quartiers populaires, ont été le théâtre de cacerolazos, des concerts de casseroles en signe de protestation contre l’inflation, la vie chère, les pénuries des produits de première nécessité, l’insécurité et la corruption.
Depuis un mois, les affrontements violents entre forces de l’ordre et manifestants ont fait dix-huit morts et des dizaines de blessés. Les manifestants dénoncent la mauvaise gestion du pays par l’équipe du président Nicolas Maduro. Une situation qui ne date pas d’hier mais à laquelle Chavez savait comment répondre, selon Alfredo Keller, analyste et directeur de l’institut de sondage Keller et Associés : « Chavez était un magicien de la communication, il avait la capacité de flatter et de manipuler l’opinion publique, pour donner des explications que personne ne comprenait, et convaincre les gens. Nicolas Maduro est une catastrophe en communication en comparaison de Chavez. Et entre temps, l’économie s’est beaucoup détériorée, ce qui datait déjà de Chavez, mais Maduro doit maintenant y faire face. »
Un modèle pour d’autres pays du continent, qui se sont alliés dans l’Alba (l’Alliance bolivarienne pour les Amériques). Chavez a inspiré ses voisins, mais il a aussi joué sur les divisions avec l’opposition. Une opposition accusée d’avoir fomenté le coup d’Etat du 11 avril 2002, et que les chavistes ne veulent sous aucun prétexte voir revenir au pouvoir.
Pourtant dans les rues de Caracas il y a un an, on entendait aussi cet appel à la trêve entre chavistes et opposants : « Espérons que le pays s’unisse, on en a besoin, et qu’ils arrêtent avec ce langage de rancœurs, qu’il y ait une unité entre les deux parties ».
« Maduro n’est pas Chavez »
Mais un an après la mort du Comandante, son dauphin Nicolas Maduro a été élu président et le Venezuela est de plus en plus divisé entre pro et anti chavistes : étudiants et opposants sont descendus dans la rue depuis un mois et réclament des réformes, certains barrios, quartiers populaires, ont été le théâtre de cacerolazos, des concerts de casseroles en signe de protestation contre l’inflation, la vie chère, les pénuries des produits de première nécessité, l’insécurité et la corruption.
Depuis un mois, les affrontements violents entre forces de l’ordre et manifestants ont fait dix-huit morts et des dizaines de blessés. Les manifestants dénoncent la mauvaise gestion du pays par l’équipe du président Nicolas Maduro. Une situation qui ne date pas d’hier mais à laquelle Chavez savait comment répondre, selon Alfredo Keller, analyste et directeur de l’institut de sondage Keller et Associés : « Chavez était un magicien de la communication, il avait la capacité de flatter et de manipuler l’opinion publique, pour donner des explications que personne ne comprenait, et convaincre les gens. Nicolas Maduro est une catastrophe en communication en comparaison de Chavez. Et entre temps, l’économie s’est beaucoup détériorée, ce qui datait déjà de Chavez, mais Maduro doit maintenant y faire face. »
Nicolas Maduro, la continuité des politiques de Chavez
Nicolas Maduro n’a cessé de le scander depuis la mort de son leader, dès qu’il a été désigné président par intérim avant d’être élu : « Moi, Nicolas Maduro, militant de Chavez, j’assume pour jurer de continuer la révolution indépendante et le socialisme bolivarien, pour faire aboutir son héritage ».
Pour Christophe Ventura, chercheur associé à l’Iris, Nicolas Maduro a enfilé le costume de président dans la continuité de l’héritage de Chavez. « Maduro n’est pas Chavez. On voit bien avec la disparition de Chavez l’importance des individus dans certains processus politiques. Des dirigeants comme Chavez, indépendamment des opinions que les uns ou les autres pouvaient avoir de lui, n’existent qu’une fois en trente ou quarante ans dans la vie politique d’un pays voire d’une région. Maduro qui a été adoubé par Chavez, offre un profil différent, un profil de continuité, du point de vue des acteurs, il cherche à prolonger l’engagement du processus dit bolivarien. »
C’est un profil plus « normal », explique Christophe Ventura. Il « doit aussi gérer une nouvelle situation au Venezuela, différente - pour des raisons politiques, économiques, géopolitiques internes et externes -, aux conditions dans lesquelles Chavez lui-même a dirigé ce pays pendant près de quinze ans. »
C’est cette continuité que critique le sociologue allemand Heinz Dieterich, un des fers de lance du socialisme du XXIe siècle, qui a été conseiller de Hugo Chavez jusqu’en 2007. Selon lui, le modèle bolivarien n’a pas su se réformer de l’intérieur, et la rente pétrolière ne suffit plus à le financer. « Le président Chavez a développé ce modèle après le coup d’Etat de 2002. Et cela a fonctionné jusqu’en 2010. Mais comme tout modèle, à un moment donné, il est arrivé à la fin de son cycle de vie. Lorsque Chavez était là, grâce à son charisme et à la loyauté de la population, il pouvait contrôler cela, malgré le fait que les indicateurs économiques empiraient. Mais lorsque Maduro poursuit ce modèle, en validant le système avec son succès électoral aux municipales de décembre, il commet une erreur, alors que le modèle ne fonctionne pas. Et pour ne rien arranger, l’équipe économique du Palais présidentiel est un désastre : à l’exception de Rafael Ramirez (ministre du Pétrole et des Mines), c’est un échec total. » Selon Heinz Dieterich, ni l’équipe dirigeante, ni l’opposition « ne sont capables d’unifier les forces, ni d’un côté, ni de l’autre, pour s’asseoir à la table et négocier ».
Des conférences de paix lancées par Nicolas Maduro
Conforté par le succès du PSUV (le Parti socialiste uni du Venezuela) aux élections municipales de décembre dernier, le président vénézuélien a lancé des conférences pour la paix, appelant l’opposition au dialogue pour résoudre les problèmes de fond, à commencer par l’insécurité. C’est à ce moment-là que les manifestations étudiantes ont commencé, d’abord dans l’Etat de Táchira, bastion de l’opposition, puis à Caracas et dans d’autres villes du pays. La répression par les forces de sécurité a stoppé net les avancées des discussions. « Il y a une amorce de dialogue, explique Christophe Ventura, des mécanismes sont mis en place pour essayer de dépasser ce clivage, d’avoir des espaces de débats, de discussions. »
De son côté, l’opposition, dont le leader de Primero Justicia, Henrique Capriles, s’est retiré des discussions après les violences qui ont causé la mort de manifestants, même s’il a envoyé des émissaires pour négocier.
Des accords économiques avec le secteur privé
Du coup c’est le patronat qui a négocié des accords de son côté, comme le souligne Heinz Dieterich, selon lequel l'équipe au pouvoir n'a pas les capacités d'agir. « Le problème c’est que non seulement le gouvernement est incapable au Venezuela, mais que l’opposition l’est tout autant. Il n’y a aucun leader, personne qui puisse unifier les forces ni d’un côté, ni de l’autre pour s’asseoir à la table et négocier. »
Face à ce vide, « Leopoldo Mendoza, le PDG de l’entreprise Polar qui gère la production de près de 60% des denrées alimentaires, est apparu comme la star de la réforme économique, remarque Heinz Dieterich. Il a fait ce que le gouvernement n’a pas fait, et ce que l’opposition n’a pas proposé », en présentant un plan d’une commission de la « vérité pour l’économie » en douze points, et en prônant la complémentarité du rôle de l’entreprise privée dans les solutions pour le pays.
« Les acteurs économiques privés, ainsi que l’Eglise, se sont engouffrés dans les discussions, et font maintenant partie de la solution, relève Heinz Dieterich. Ce sont des acteurs qui ont un pouvoir très important, et qui montrent que les acteurs politiques, eux, perdent de plus en plus de poids. »
Nicolas Maduro n’a cessé de le scander depuis la mort de son leader, dès qu’il a été désigné président par intérim avant d’être élu : « Moi, Nicolas Maduro, militant de Chavez, j’assume pour jurer de continuer la révolution indépendante et le socialisme bolivarien, pour faire aboutir son héritage ».
Pour Christophe Ventura, chercheur associé à l’Iris, Nicolas Maduro a enfilé le costume de président dans la continuité de l’héritage de Chavez. « Maduro n’est pas Chavez. On voit bien avec la disparition de Chavez l’importance des individus dans certains processus politiques. Des dirigeants comme Chavez, indépendamment des opinions que les uns ou les autres pouvaient avoir de lui, n’existent qu’une fois en trente ou quarante ans dans la vie politique d’un pays voire d’une région. Maduro qui a été adoubé par Chavez, offre un profil différent, un profil de continuité, du point de vue des acteurs, il cherche à prolonger l’engagement du processus dit bolivarien. »
C’est un profil plus « normal », explique Christophe Ventura. Il « doit aussi gérer une nouvelle situation au Venezuela, différente - pour des raisons politiques, économiques, géopolitiques internes et externes -, aux conditions dans lesquelles Chavez lui-même a dirigé ce pays pendant près de quinze ans. »
C’est cette continuité que critique le sociologue allemand Heinz Dieterich, un des fers de lance du socialisme du XXIe siècle, qui a été conseiller de Hugo Chavez jusqu’en 2007. Selon lui, le modèle bolivarien n’a pas su se réformer de l’intérieur, et la rente pétrolière ne suffit plus à le financer. « Le président Chavez a développé ce modèle après le coup d’Etat de 2002. Et cela a fonctionné jusqu’en 2010. Mais comme tout modèle, à un moment donné, il est arrivé à la fin de son cycle de vie. Lorsque Chavez était là, grâce à son charisme et à la loyauté de la population, il pouvait contrôler cela, malgré le fait que les indicateurs économiques empiraient. Mais lorsque Maduro poursuit ce modèle, en validant le système avec son succès électoral aux municipales de décembre, il commet une erreur, alors que le modèle ne fonctionne pas. Et pour ne rien arranger, l’équipe économique du Palais présidentiel est un désastre : à l’exception de Rafael Ramirez (ministre du Pétrole et des Mines), c’est un échec total. » Selon Heinz Dieterich, ni l’équipe dirigeante, ni l’opposition « ne sont capables d’unifier les forces, ni d’un côté, ni de l’autre, pour s’asseoir à la table et négocier ».
Des conférences de paix lancées par Nicolas Maduro
Conforté par le succès du PSUV (le Parti socialiste uni du Venezuela) aux élections municipales de décembre dernier, le président vénézuélien a lancé des conférences pour la paix, appelant l’opposition au dialogue pour résoudre les problèmes de fond, à commencer par l’insécurité. C’est à ce moment-là que les manifestations étudiantes ont commencé, d’abord dans l’Etat de Táchira, bastion de l’opposition, puis à Caracas et dans d’autres villes du pays. La répression par les forces de sécurité a stoppé net les avancées des discussions. « Il y a une amorce de dialogue, explique Christophe Ventura, des mécanismes sont mis en place pour essayer de dépasser ce clivage, d’avoir des espaces de débats, de discussions. »
De son côté, l’opposition, dont le leader de Primero Justicia, Henrique Capriles, s’est retiré des discussions après les violences qui ont causé la mort de manifestants, même s’il a envoyé des émissaires pour négocier.
Des accords économiques avec le secteur privé
Du coup c’est le patronat qui a négocié des accords de son côté, comme le souligne Heinz Dieterich, selon lequel l'équipe au pouvoir n'a pas les capacités d'agir. « Le problème c’est que non seulement le gouvernement est incapable au Venezuela, mais que l’opposition l’est tout autant. Il n’y a aucun leader, personne qui puisse unifier les forces ni d’un côté, ni de l’autre pour s’asseoir à la table et négocier. »
Face à ce vide, « Leopoldo Mendoza, le PDG de l’entreprise Polar qui gère la production de près de 60% des denrées alimentaires, est apparu comme la star de la réforme économique, remarque Heinz Dieterich. Il a fait ce que le gouvernement n’a pas fait, et ce que l’opposition n’a pas proposé », en présentant un plan d’une commission de la « vérité pour l’économie » en douze points, et en prônant la complémentarité du rôle de l’entreprise privée dans les solutions pour le pays.
« Les acteurs économiques privés, ainsi que l’Eglise, se sont engouffrés dans les discussions, et font maintenant partie de la solution, relève Heinz Dieterich. Ce sont des acteurs qui ont un pouvoir très important, et qui montrent que les acteurs politiques, eux, perdent de plus en plus de poids. »
Nicolas Maduro, la continuité des politiques de Chavez
Nicolas Maduro n’a cessé de le scander depuis la mort de son leader, dès qu’il a été désigné président par intérim avant d’être élu : « Moi, Nicolas Maduro, militant de Chavez, j’assume pour jurer de continuer la révolution indépendante et le socialisme bolivarien, pour faire aboutir son héritage ».
Pour Christophe Ventura, chercheur associé à l’Iris, Nicolas Maduro a enfilé le costume de président dans la continuité de l’héritage de Chavez. « Maduro n’est pas Chavez. On voit bien avec la disparition de Chavez l’importance des individus dans certains processus politiques. Des dirigeants comme Chavez, indépendamment des opinions que les uns ou les autres pouvaient avoir de lui, n’existent qu’une fois en trente ou quarante ans dans la vie politique d’un pays voire d’une région. Maduro qui a été adoubé par Chavez, offre un profil différent, un profil de continuité, du point de vue des acteurs, il cherche à prolonger l’engagement du processus dit bolivarien. »
C’est un profil plus « normal », explique Christophe Ventura. Il « doit aussi gérer une nouvelle situation au Venezuela, différente - pour des raisons politiques, économiques, géopolitiques internes et externes -, aux conditions dans lesquelles Chavez lui-même a dirigé ce pays pendant près de quinze ans. »
C’est cette continuité que critique le sociologue allemand Heinz Dieterich, un des fers de lance du socialisme du XXIe siècle, qui a été conseiller de Hugo Chavez jusqu’en 2007. Selon lui, le modèle bolivarien n’a pas su se réformer de l’intérieur, et la rente pétrolière ne suffit plus à le financer. « Le président Chavez a développé ce modèle après le coup d’Etat de 2002. Et cela a fonctionné jusqu’en 2010. Mais comme tout modèle, à un moment donné, il est arrivé à la fin de son cycle de vie. Lorsque Chavez était là, grâce à son charisme et à la loyauté de la population, il pouvait contrôler cela, malgré le fait que les indicateurs économiques empiraient. Mais lorsque Maduro poursuit ce modèle, en validant le système avec son succès électoral aux municipales de décembre, il commet une erreur, alors que le modèle ne fonctionne pas. Et pour ne rien arranger, l’équipe économique du Palais présidentiel est un désastre : à l’exception de Rafael Ramirez (ministre du Pétrole et des Mines), c’est un échec total. » Selon Heinz Dieterich, ni l’équipe dirigeante, ni l’opposition « ne sont capables d’unifier les forces, ni d’un côté, ni de l’autre, pour s’asseoir à la table et négocier ».
Des conférences de paix lancées par Nicolas Maduro
Conforté par le succès du PSUV (le Parti socialiste uni du Venezuela) aux élections municipales de décembre dernier, le président vénézuélien a lancé des conférences pour la paix, appelant l’opposition au dialogue pour résoudre les problèmes de fond, à commencer par l’insécurité. C’est à ce moment-là que les manifestations étudiantes ont commencé, d’abord dans l’Etat de Táchira, bastion de l’opposition, puis à Caracas et dans d’autres villes du pays. La répression par les forces de sécurité a stoppé net les avancées des discussions. « Il y a une amorce de dialogue, explique Christophe Ventura, des mécanismes sont mis en place pour essayer de dépasser ce clivage, d’avoir des espaces de débats, de discussions. »
De son côté, l’opposition, dont le leader de Primero Justicia, Henrique Capriles, s’est retiré des discussions après les violences qui ont causé la mort de manifestants, même s’il a envoyé des émissaires pour négocier.
Des accords économiques avec le secteur privé
Du coup c’est le patronat qui a négocié des accords de son côté, comme le souligne Heinz Dieterich, selon lequel l'équipe au pouvoir n'a pas les capacités d'agir. « Le problème c’est que non seulement le gouvernement est incapable au Venezuela, mais que l’opposition l’est tout autant. Il n’y a aucun leader, personne qui puisse unifier les forces ni d’un côté, ni de l’autre pour s’asseoir à la table et négocier. »
Face à ce vide, « Leopoldo Mendoza, le PDG de l’entreprise Polar qui gère la production de près de 60% des denrées alimentaires, est apparu comme la star de la réforme économique, remarque Heinz Dieterich. Il a fait ce que le gouvernement n’a pas fait, et ce que l’opposition n’a pas proposé », en présentant un plan d’une commission de la « vérité pour l’économie » en douze points, et en prônant la complémentarité du rôle de l’entreprise privée dans les solutions pour le pays.
« Les acteurs économiques privés, ainsi que l’Eglise, se sont engouffrés dans les discussions, et font maintenant partie de la solution, relève Heinz Dieterich. Ce sont des acteurs qui ont un pouvoir très important, et qui montrent que les acteurs politiques, eux, perdent de plus en plus de poids. »
Nicolas Maduro n’a cessé de le scander depuis la mort de son leader, dès qu’il a été désigné président par intérim avant d’être élu : « Moi, Nicolas Maduro, militant de Chavez, j’assume pour jurer de continuer la révolution indépendante et le socialisme bolivarien, pour faire aboutir son héritage ».
Pour Christophe Ventura, chercheur associé à l’Iris, Nicolas Maduro a enfilé le costume de président dans la continuité de l’héritage de Chavez. « Maduro n’est pas Chavez. On voit bien avec la disparition de Chavez l’importance des individus dans certains processus politiques. Des dirigeants comme Chavez, indépendamment des opinions que les uns ou les autres pouvaient avoir de lui, n’existent qu’une fois en trente ou quarante ans dans la vie politique d’un pays voire d’une région. Maduro qui a été adoubé par Chavez, offre un profil différent, un profil de continuité, du point de vue des acteurs, il cherche à prolonger l’engagement du processus dit bolivarien. »
C’est un profil plus « normal », explique Christophe Ventura. Il « doit aussi gérer une nouvelle situation au Venezuela, différente - pour des raisons politiques, économiques, géopolitiques internes et externes -, aux conditions dans lesquelles Chavez lui-même a dirigé ce pays pendant près de quinze ans. »
C’est cette continuité que critique le sociologue allemand Heinz Dieterich, un des fers de lance du socialisme du XXIe siècle, qui a été conseiller de Hugo Chavez jusqu’en 2007. Selon lui, le modèle bolivarien n’a pas su se réformer de l’intérieur, et la rente pétrolière ne suffit plus à le financer. « Le président Chavez a développé ce modèle après le coup d’Etat de 2002. Et cela a fonctionné jusqu’en 2010. Mais comme tout modèle, à un moment donné, il est arrivé à la fin de son cycle de vie. Lorsque Chavez était là, grâce à son charisme et à la loyauté de la population, il pouvait contrôler cela, malgré le fait que les indicateurs économiques empiraient. Mais lorsque Maduro poursuit ce modèle, en validant le système avec son succès électoral aux municipales de décembre, il commet une erreur, alors que le modèle ne fonctionne pas. Et pour ne rien arranger, l’équipe économique du Palais présidentiel est un désastre : à l’exception de Rafael Ramirez (ministre du Pétrole et des Mines), c’est un échec total. » Selon Heinz Dieterich, ni l’équipe dirigeante, ni l’opposition « ne sont capables d’unifier les forces, ni d’un côté, ni de l’autre, pour s’asseoir à la table et négocier ».
Des conférences de paix lancées par Nicolas Maduro
Conforté par le succès du PSUV (le Parti socialiste uni du Venezuela) aux élections municipales de décembre dernier, le président vénézuélien a lancé des conférences pour la paix, appelant l’opposition au dialogue pour résoudre les problèmes de fond, à commencer par l’insécurité. C’est à ce moment-là que les manifestations étudiantes ont commencé, d’abord dans l’Etat de Táchira, bastion de l’opposition, puis à Caracas et dans d’autres villes du pays. La répression par les forces de sécurité a stoppé net les avancées des discussions. « Il y a une amorce de dialogue, explique Christophe Ventura, des mécanismes sont mis en place pour essayer de dépasser ce clivage, d’avoir des espaces de débats, de discussions. »
De son côté, l’opposition, dont le leader de Primero Justicia, Henrique Capriles, s’est retiré des discussions après les violences qui ont causé la mort de manifestants, même s’il a envoyé des émissaires pour négocier.
Des accords économiques avec le secteur privé
Du coup c’est le patronat qui a négocié des accords de son côté, comme le souligne Heinz Dieterich, selon lequel l'équipe au pouvoir n'a pas les capacités d'agir. « Le problème c’est que non seulement le gouvernement est incapable au Venezuela, mais que l’opposition l’est tout autant. Il n’y a aucun leader, personne qui puisse unifier les forces ni d’un côté, ni de l’autre pour s’asseoir à la table et négocier. »
Face à ce vide, « Leopoldo Mendoza, le PDG de l’entreprise Polar qui gère la production de près de 60% des denrées alimentaires, est apparu comme la star de la réforme économique, remarque Heinz Dieterich. Il a fait ce que le gouvernement n’a pas fait, et ce que l’opposition n’a pas proposé », en présentant un plan d’une commission de la « vérité pour l’économie » en douze points, et en prônant la complémentarité du rôle de l’entreprise privée dans les solutions pour le pays.
« Les acteurs économiques privés, ainsi que l’Eglise, se sont engouffrés dans les discussions, et font maintenant partie de la solution, relève Heinz Dieterich. Ce sont des acteurs qui ont un pouvoir très important, et qui montrent que les acteurs politiques, eux, perdent de plus en plus de poids. »