"Yema", de Djamila Sahraoui, ici avec Ali Zarif et Samir Yahia, en lice pour l'Etalon d'or du 23e Fespaco. Neon Productions
« Ici, au Fespaco, c’est toujours un vrai bonheur de venir, parce qu’il y a une telle chaleur humaine, un tel enthousiasme, qu’on se dit : cela vaut la peine de faire des films, même si c’est difficile. » La réalisatrice algérienne Djamila Sahraoui est visiblement touchée par l’accueil fait à son film au Fespaco. Encore dans la salle du cinéma Burkina, elle répond aux questions sur son long métrage, une sorte de tragédie grecque, version algérienne : « Je me suis basée sur l’histoire d’Algérie pour raconter ça. Et j’ai l’impression que cette femme, si aride et si dure, dans ma tête, c'est l’Algérie. »
Pour la première fois, Djamila Sahraoui est derrière et devant la caméra. L’histoire brillamment racontée, avec des longues séquences silencieuses, montre la tragédie d’une famille maudite. Une mère, Ouardia, qui a perdu son fils aimé, un militaire éventré par des islamistes qui meurt dans ses bras et à qui elle donne le dernier lavage. Elle soupçonne son deuxième fils, leader d’un groupe islamiste armé, d’être responsable de sa mort. Et quand elle prend une pioche et une pelle pour l’enterrer, son autre fils intervient en faisant respecter les lois de la religion.
Une jeunesse sacrifiée
Le visage de la mère est aussi aride que les collines qui entourent la maison isolée. Les images - tournées dans la région devenue maquis pour les jihadistes dans les années 1990 - sont d’une sensualité époustouflante, en immersion totale avec les éléments naturels : l’eau si rare, est si présente. Il y a aussi le feu qui brûle les souvenirs, la terre qui défie l’homme et l’air qui flirte avec la possibilité d’une liberté. Ainsi Djamila Sahraoui arrive à dépeindre le portrait d’une Algérie meurtrie qui sacrifie sa jeunesse, une jeunesse mutilée dans tous les sens du terme : « L’un a été blessé à sa jambe, l’autre a laissé son bras. Une jeunesse éclopée. Donc une jeunesse qui est soit sacrifiée, soit pas heureuse, soit mutilée. Cela m’habite. »
Un très grand film, projeté à juste titre lors de l’inauguration professionnelle de la 23e édition du Fespaco : « C’est un grand honneur pour moi. Je suis très contente. Sans doute aussi, parce que cette année les femmes sont à l’honneur : il y a un jury de femmes et un film de femme pour l’ouverture du Fespaco. Je savoure ça. »
« Love in the Medina »
Un autre film maghrébin – pas tout à fait le même, pas tout à fait un autre - applaudi par le public du Fespaco : Love in the Medina (Les Ailes de l’amour) d’Abdelhaï Laraki. Le réalisateur marocain installe son univers cinématographique dans les souks de la médina de Casablanca. Peuplé de tableaux, plein de sensualité et érotisme, le film raconte les interdits et les transgressions d’une jeunesse bridée par la religion et contrôlée par les services secrets
Le récit suit le chemin de Thami, fils d’un père conservateur et religieux, gardien d’une longue lignée de juges religieux. Malgré les punitions subies pendant toute sa jeunesse, Thami persiste sur son métier de prédilection : il préfère devenir boucher et manier la viande que de marier et divorcer les gens en récitant le Coran. Et malgré le clou du marabout planté dans un arbre, il reste attiré par le corps des femmes. Une longe lutte pour le droit au bonheur et à l’amour commence.
Tendre et délicieux, le corps des femmes et la viande des bêtes ont droit au même langage poétique et fleuri. « Comment le nommer ? se demande Thami face à son amoureuse qui s’offre à lui : « Désir ardent ? Metéorite ? Je ne sais pas. » L’obsession charnelle comme métaphore de la liberté s’avère très efficace, jusqu’à une certaine limite. A la fin, le drame sociétal si délicatement filmé bascule vers le mélodrame, se répète et devient statique.
Source: RFI
Pour la première fois, Djamila Sahraoui est derrière et devant la caméra. L’histoire brillamment racontée, avec des longues séquences silencieuses, montre la tragédie d’une famille maudite. Une mère, Ouardia, qui a perdu son fils aimé, un militaire éventré par des islamistes qui meurt dans ses bras et à qui elle donne le dernier lavage. Elle soupçonne son deuxième fils, leader d’un groupe islamiste armé, d’être responsable de sa mort. Et quand elle prend une pioche et une pelle pour l’enterrer, son autre fils intervient en faisant respecter les lois de la religion.
Une jeunesse sacrifiée
Le visage de la mère est aussi aride que les collines qui entourent la maison isolée. Les images - tournées dans la région devenue maquis pour les jihadistes dans les années 1990 - sont d’une sensualité époustouflante, en immersion totale avec les éléments naturels : l’eau si rare, est si présente. Il y a aussi le feu qui brûle les souvenirs, la terre qui défie l’homme et l’air qui flirte avec la possibilité d’une liberté. Ainsi Djamila Sahraoui arrive à dépeindre le portrait d’une Algérie meurtrie qui sacrifie sa jeunesse, une jeunesse mutilée dans tous les sens du terme : « L’un a été blessé à sa jambe, l’autre a laissé son bras. Une jeunesse éclopée. Donc une jeunesse qui est soit sacrifiée, soit pas heureuse, soit mutilée. Cela m’habite. »
Un très grand film, projeté à juste titre lors de l’inauguration professionnelle de la 23e édition du Fespaco : « C’est un grand honneur pour moi. Je suis très contente. Sans doute aussi, parce que cette année les femmes sont à l’honneur : il y a un jury de femmes et un film de femme pour l’ouverture du Fespaco. Je savoure ça. »
« Love in the Medina »
Un autre film maghrébin – pas tout à fait le même, pas tout à fait un autre - applaudi par le public du Fespaco : Love in the Medina (Les Ailes de l’amour) d’Abdelhaï Laraki. Le réalisateur marocain installe son univers cinématographique dans les souks de la médina de Casablanca. Peuplé de tableaux, plein de sensualité et érotisme, le film raconte les interdits et les transgressions d’une jeunesse bridée par la religion et contrôlée par les services secrets
Le récit suit le chemin de Thami, fils d’un père conservateur et religieux, gardien d’une longue lignée de juges religieux. Malgré les punitions subies pendant toute sa jeunesse, Thami persiste sur son métier de prédilection : il préfère devenir boucher et manier la viande que de marier et divorcer les gens en récitant le Coran. Et malgré le clou du marabout planté dans un arbre, il reste attiré par le corps des femmes. Une longe lutte pour le droit au bonheur et à l’amour commence.
Tendre et délicieux, le corps des femmes et la viande des bêtes ont droit au même langage poétique et fleuri. « Comment le nommer ? se demande Thami face à son amoureuse qui s’offre à lui : « Désir ardent ? Metéorite ? Je ne sais pas. » L’obsession charnelle comme métaphore de la liberté s’avère très efficace, jusqu’à une certaine limite. A la fin, le drame sociétal si délicatement filmé bascule vers le mélodrame, se répète et devient statique.
Source: RFI
"Love in the Medina" (Les Ailes de l'amour), d'Abdelhaï Laraki. Fespaco 2013
Un autre film maghrébin – pas tout à fait le même, pas tout à fait un autre - applaudi par le public du Fespaco : Love in the Medina (Les Ailes de l’amour) d’Abdelhaï Laraki. Le réalisateur marocain installe son univers cinématographique dans les souks de la médina de Casablanca. Peuplé de tableaux, plein de sensualité et érotisme, le film raconte les interdits et les transgressions d’une jeunesse bridée par la religion et contrôlée par les services secrets
Le récit suit le chemin de Thami, fils d’un père conservateur et religieux, gardien d’une longue lignée de juges religieux. Malgré les punitions subies pendant toute sa jeunesse, Thami persiste sur son métier de prédilection : il préfère devenir boucher et manier la viande que de marier et divorcer les gens en récitant le Coran. Et malgré le clou du marabout planté dans un arbre, il reste attiré par le corps des femmes. Une longe lutte pour le droit au bonheur et à l’amour commence.
Tendre et délicieux, le corps des femmes et la viande des bêtes ont droit au même langage poétique et fleuri. « Comment le nommer ? se demande Thami face à son amoureuse qui s’offre à lui : « Désir ardent ? Metéorite ? Je ne sais pas. » L’obsession charnelle comme métaphore de la liberté s’avère très efficace, jusqu’à une certaine limite. A la fin, le drame sociétal si délicatement filmé bascule vers le mélodrame, se répète et devient statique.
Source: RFI
Le récit suit le chemin de Thami, fils d’un père conservateur et religieux, gardien d’une longue lignée de juges religieux. Malgré les punitions subies pendant toute sa jeunesse, Thami persiste sur son métier de prédilection : il préfère devenir boucher et manier la viande que de marier et divorcer les gens en récitant le Coran. Et malgré le clou du marabout planté dans un arbre, il reste attiré par le corps des femmes. Une longe lutte pour le droit au bonheur et à l’amour commence.
Tendre et délicieux, le corps des femmes et la viande des bêtes ont droit au même langage poétique et fleuri. « Comment le nommer ? se demande Thami face à son amoureuse qui s’offre à lui : « Désir ardent ? Metéorite ? Je ne sais pas. » L’obsession charnelle comme métaphore de la liberté s’avère très efficace, jusqu’à une certaine limite. A la fin, le drame sociétal si délicatement filmé bascule vers le mélodrame, se répète et devient statique.
Source: RFI