Mutations: On ne vous voit plus sur les écrans d’Africa 24. Qu’est ce qui justifie ce black-out à l’antenne?
Thierry Hot: Tout simplement parce que je suis parti d’Africa 24. J’ai démissionné sans faire de vagues, un peu comme j’y suis entré. Sans publicité.
Quelles sont les raisons de cette démission?
J’ai fait appliquer ma clause de conscience. Je ne partageais plus la vision des dirigeants de la chaîne et j’ai préféré partir. Un départ n’est jamais facile vous savez. J’occupais une position stratégique au sein de la chaîne. J’avais le choix entre «fermer ma gueule» ou démissionner. L’option du départ m’a semblé plus juste. Je ne souhaitais pas transiger sur certains principes journalistiques acquis en 10 ans de carrière à la Bbc. Pour ne pas gêner le développement de la chaîne j’ai préféré partir.
N’avez-vous pas hésité avant de quitter un job aussi prestigieux?
De nombreuses personnes qui me portent en estime m’ont posé cette question. Je leur ai donné une réponse invariable: à quoi se mesure le prestige si ce n’est d’être en harmonie avec soi-même, en continuant à se regarder dans la glace tous les matins?
Etes-vous amer?
Non pas du tout. J’éprouve cependant quelques regrets, car c’est un projet auquel j’ai beaucoup cru. Je ne désespère pas qu’il épouse une vision encore plus professionnelle. J’espère dans tous les cas, que mon départ aura servi à quelque chose.
Et depuis votre départ, à quoi vous consacrez-vous?
Depuis mon départ, je me consacre à ma passion favorite, la lecture. Mais au-delà, je réfléchis à mon avenir professionnel. J’ai pris deux mois sabbatiques afin de repartir avec un projet éditorial panafricain au mois de juillet.
Pouvez-vous présenter ce projet?
C’est simple, il y a cinq ans, j’avais créé en Afrique de l’Ouest un magazine, Fasozine, mais que je n’avais pas pu diriger directement et personnellement à cause de mon engagement à la Bbc. Et aujourd’hui, après toutes ces années passées dans des médias en Occident, je pense qu’il est temps pour moi de bâtir et de diriger un grand groupe de presse à l’échelle du continent africain et mettre en œuvre la vision éditoriale qui est la mienne. Toutes ces réflexions ont abouti à la création du Groupe Samori Média Connection basé à Londres qui va éditer le mensuel d’information «Notre Afrik». A travers cette publication, il sera question de raconter, couvrir et faire découvrir la pluralité de ce continent aux multiples richesses humaines.
On est dans l’air du temps avec la célébration des cinquantenaires. Qu’est-ce que cela vous inspire?
Je préfère me projeter vers l’avenir. Je laisserai le soin aux historiens d’évoquer ces 50 dernières années. J’estime pour ma part que la question en ce qui concerne ma génération est: que voulons-nous faire des 50 prochaines années? Nous sommes et serons les acteurs des 50 prochaines années si Dieu nous prête longue vie. L’Afrique de demain nous appartient. Nous entendons, dans le domaine qui est le nôtre, faire entendre la voix de l’Afrique dans le concert des Nations. Véhiculer le message d’une Afrique riche de ses hommes et prospère par ses ressources. J’espère faire partie de cette génération qui va transformer l’énorme potentiel du continent pour enfin rivaliser avec les autres aires géographiques.