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"Le front des "amis" de Kadhafi est en train de s'écrouler"

Le 9 juin, le président Abdoulaye Wade est le premier chef d'Etat à s'être rendu à Benghazi depuis le début de l'insurrection. Il demande à Kadhafi de quitter le pouvoir au plus vite. Bernard-Henri Levy analyse cette «révolution» diplomatique.



Abdoulaye Wade et Moustapha Abdeljalil, président du Conseil National de Transition, Benghazi, 9 juin 2011. REUTERS/STR New
Abdoulaye Wade et Moustapha Abdeljalil, président du Conseil National de Transition, Benghazi, 9 juin 2011. REUTERS/STR New
SlateAfrique - Le président Abdoulaye Wade est le premier chef d’Etat à se rendre à Benghazi depuis le début de l’insurrection...

Bernard-Henri Levy - En effet. Et c’est, évidemment, très important. Difficile, après cela, de continuer à nous raconter que cette affaire libyenne verrait s’opposer les affreux occidentaux, d’un côté, néocolonialistes, etc —et, de l’autre, un Kadhafi autoproclamé «roi des rois» africains.

SlateAfrique - Comment expliquez-vous qu’il ait adressé un message aussi fort au colonel Kadhafi?

BHL - Il l’a fait dès le premier jour. Regardez cette incroyable conversation téléphonique dont vous aviez, je crois, à SlateAfrique, révélé avant tout le monde la teneur. Elle date du 9 mars. Et il tenait déjà à Kadhafi un discours musclé. Il lui disait déjà en face ce que la communauté internationale commençait à lui dire par voie de résolution onusienne. Cette transcription est un document unique en son genre —et qu’il convient de lire et relire.

Slate Afrique - D’accord. Mais que ce soit le 9 mars ou aujourd'hui, cela n’explique pas pourquoi Abdoulaye Wade a pris une position aussi forte, aussi en pointe.

BHL - Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise? D’abord, il était libre. Totalement libre. C’est un point sur lequel, dans les quelques conversations que nous avons pu avoir, il a toujours insisté et je pense que c’est la vérité: le Sénégal ne devait rien à Kadhafi et cela donne, forcément, une grande marge de manœuvre diplomatique.

Slate Afrique - Cela ne suffit pas...

BHL - En effet. Mais je pense, par ailleurs, que ce qu’était devenu Kadhafi lui était, en conscience, insupportable. Il faudrait, quand même, qu’on se mette ça dans la tête: tous les dirigeants africains ne sont pas des Pavloviens systématiquement solidaires, quoi qu’ils fassent, de tous les autres dirigeants de la région.

Slate Afrique - C’est donc la preuve, selon vous, que la défense des droits de l'homme n'est pas l'apanage de l'Occident?

BHL - Exactement. L’Afrique, comme la Chine, s’éveille. Et il n’y a que dans nos clichés, dans nos stéréotypes, qu’elle marche comme un seul homme derrière des bannières purement ethniques. Wade incarne cette nouvelle manière de voir: ne rien céder, d’accord, sur l’héritage de l’anticolonialisme et les lignes de partage qu’il a tracées; mais leur en superposer d’autres, je veux dire d’autres lignes de partage, celles que la révolution antitotalitaire nous a léguées. Africain, bien sûr. Mais ennemi d’un régime criminel, tout autant.Lire la suite sur slateafrique


Vendredi 10 Juin 2011 - 14:32


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