Beji Caïd Essebsi a été élu président de la Tunisie, le 22 décembre 2014, malgré ceux qui l'accusent d'incarner l'ancien régime de Ben Ali. REUTERS/Zoubeir Souissi
Dans sa première intervention télévisée après la victoire, Beji Caïd Essebsi, surnommé BCE, a tenu à dissiper certains doutes, relate l'envoyé spécial de RFI en Tunisie. « Je n’ai été président du Parlement qu’une seule année sous Ben Ali, a-t-il dit. Quand j'ai vu que ça tournait mal, je suis parti. » Un rappel destiné à ses détracteurs, qui l’accusent d’incarner le retour de l’ancien régime.
Quatre ans après le coup d’Etat de Ben Ali en 1987, Beji Caïd Essebsi, issu de la grande bourgeoisie tunisoise, s’était en effet éloigné de la vie politique. Ce n’est qu’au lendemain de la révolution qu’il fait son retour comme Premier ministre de transition pour mener le pays vers ses premières élections en 2011. Un scrutin remporté par les islamistes d’Ennahda. C’est alors que Beji Caïd Essebsi a fondé son parti, Nida Tounes, autour de personnalités de gauche ; d’anciens syndicalistes, mais aussi de membres de l’ex-parti unique de Ben Ali.
En deux ans, le parti Nida Tounes est devenu la principale force d’opposition du pays. Il a capitalisé sur l’anti-islamisme et l’héritage destourien de Bourguiba. Il faut dire que dès la fin des années 1960, après avoir effectué ses années de militantisme pour l’indépendance et des études de droit à Paris, BCE était déjà ministre de l’Intérieur du père de l’indépendance, ce qui lui permet aujourd'hui de se poser en digne héritier du modernisme bourguibien, un projet de société qui s’est toujours confronté au conservatisme des islamistes.
RÉACTIONS
A Tunis, les pro-Essebsi s'expriment aux abords des bureaux de vote
23/12/2014 - par David Thomson Écouter
Le passé ministériel du nouveau président lui a conféré un autre avantage. Car le bilan sécuritaire des islamistes d'Ennahda et de leur allié à la présidence, Moncef Marzouki, est très contesté. Après deux assassinats politiques en 2013 et l’émergence d’une insurrection jihadiste armée sous leur règne, BCE est perçu comme celui qui saura rétablir un appareil sécuritaire affaibli, alors que 3 000 Tunisiens combattent en tant que jihadistes en Syrie.
REPORTAGE
Réactions mitigées dans les rues de Tunis
23/12/2014 - par Camille Lafrance Écouter
Sur le plan économique, le nouveau chef de l'Etat se présente aussi en homme providentiel. Après des années de prison, les islamistes sont arrivés au pouvoir sans pedigree, et ont souvent été taxés d’amateurisme. BCE, lui, a fait de ses 88 ans un gage d’expérience ajouté à l’expertise supposée des cadres de son parti Nida Tounes, perçus comme capables de relancer l’économie et de lutter contre le chômage, en particulier chez les jeunes, ce que n’ont pas fait les islamistes.
Quatre ans après le coup d’Etat de Ben Ali en 1987, Beji Caïd Essebsi, issu de la grande bourgeoisie tunisoise, s’était en effet éloigné de la vie politique. Ce n’est qu’au lendemain de la révolution qu’il fait son retour comme Premier ministre de transition pour mener le pays vers ses premières élections en 2011. Un scrutin remporté par les islamistes d’Ennahda. C’est alors que Beji Caïd Essebsi a fondé son parti, Nida Tounes, autour de personnalités de gauche ; d’anciens syndicalistes, mais aussi de membres de l’ex-parti unique de Ben Ali.
En deux ans, le parti Nida Tounes est devenu la principale force d’opposition du pays. Il a capitalisé sur l’anti-islamisme et l’héritage destourien de Bourguiba. Il faut dire que dès la fin des années 1960, après avoir effectué ses années de militantisme pour l’indépendance et des études de droit à Paris, BCE était déjà ministre de l’Intérieur du père de l’indépendance, ce qui lui permet aujourd'hui de se poser en digne héritier du modernisme bourguibien, un projet de société qui s’est toujours confronté au conservatisme des islamistes.
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