Le monopole de Google dénoncé par les entrepreneurs du Web

Réunis pour la première fois jeudi à Paris, près de 400 acteurs européens du numérique parmi lesquels Lagardère Active, propriétaire du JDD, ont déposé une plainte auprès de Bruxelles pour dénoncer la situation de monopole du géant américain Google. Le ministre français Arnaud Montebourg a apporté son soutien à cette initiative.



C'est un appel "pour préserver la neutralité de l'Internet". Près de 400 entrepreneurs du numérique, rassemblés sous le nom de l'Open Internet Project (OIP), se sont réunis jeudi à Paris pour la première fois. Leur objectif? "Lutter contre les abus de monopoles" sur le Web. Cette plate-forme a été initiée par un noyau d'acteurs de la presse et de l'édition, parmi lesquels les Français Lagardère Active (propriétaire du Journal du Dimanche) et CCM Benchmark (L'Internaute, Copains d'avant) ou l'Allemand Axel Springer (Die Welt, Bild).
 
Le géant de l'Internet Google est dans leur ligne de mire. L'OIP a d'ailleurs profité de sa conférence jeudi pour formaliser le dépôt d'une plainte auprès de la Commission européenne contre les abus de position dominante du groupe américain. Les entrepreneurs du numérique lui reprochent en effet ses pratiques "inacceptables" visant à étouffer la concurrence. Ils soulignent notamment que Google est en situation de monopole sur les moteurs de recherche, avec plus de 90% de part de marché en Europe. Cela se traduit, selon l'OIP, par "des changements brutaux et injustifiés d'algorithme qui affectent en priorité les sites concurrents". "Google favorise ses propres offres", a résumé lors de cette conférence Christophe Keese, vice-président exécutif du plus important groupe de presse allemand, Axel Springer. 
Montebourg ne veut pas d'un "accord européen a minima"
 
A côté de lui, le patron de l'éditeur de sites web CCM Benchmark, Benoît Sillard, a dit avoir pris conscience lors d'une rencontre l'an dernier avec Google de l'absence de contre-pouvoirs face à "tout un système qui est en place". Lui refuse pourtant de devenir une "colonie de Google". "Internet ne peut pas être le monde d'un seul, c'est le sens de notre combat", a complété le PDG de Lagardère Active, Denis Olivennes. Et de prévenir : "On ne combat pas Google en particulier, on aimerait qu'il revienne à un jeu coopératif normal, n'abuse pas de sa position et ne construise pas sa richesse sur le cimetière des entreprises et des initiatives européennes qu'il aura condamnées."
 
Invité de la conférence de l'OIP, le ministre français de l'Économie Arnaud Montebourg a apporté son soutien à cette initiative en prônant lui aussi la "liberté et la neutralité du Net". "Il est temps que la politique et que l'Europe s'emparent du sujet", a assuré le patron de Bercy, en affirmant que la France n'accepterait pas un "accord européen a minima" avec l'entreprise californienne. Après une précédente plainte en 2010, le commissaire européen à la Concurrence, Joaquin Almunia, a en effet dit avoir "obtenu des concessions essentielles de la part de Google" et souhaite désormais qu'un règlement à l'amiable soit conclu rapidement. Mais l'OIP dénonce au contraire "un accord en catimini (qui) donnerait une base légale aux pratiques discriminantes de Google".
Vers le "dégroupage" de Google?
 
La nouvelle plainte tentera donc d'infléchir la position de Bruxelles. "Si on a choisi de déposer cette plainte le 15 mai, à dix jours des élections européennes, c'est pour que ce sujet soit sur le haut de la pile de dossiers qui devront être traités après l'élection des parlementaires", a résumé Benoît Sillard. Le PDG de CCM Benchmark se prononce pour "la mise en place d'une sorte d'autorité de régulation qui permettrait de contrôler de manière beaucoup plus réactive qu'aujourd'hui les agissements de Google" et estime qu'il faudra "probablement aller vers une séparation des activités" du géant de l'Internet, entre son moteur de recherche et les autres. "Ou bien on est capable d'obtenir que Google respecte les règles d'une compétition équitable ou bien alors oui, il faudra demander le dégroupage de Google", a abondé Denis Olivennes.

jdd.fr

Samedi 17 Mai 2014 14:22


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