Et Mamadou Sèye dans tout ça ?! Dans tout ce tintamarre fait autour et en faveur des Mame Maty « Trois Pommes », Karim Wade, Aïda Ndiongue, Modibo Diop, Bibo Bourgi, Ndèye Khady Guèye, Tahibou Ndiaye, Baïla Wane… En quoi ces messieurs et dames sont-ils plus dignes que Mamadou Sèye, journaliste et ancien directeur général du quotidien national Le Soleil, que la presse – les presses – parlent de son cas de détenu à la maison d’arrêt et de correction de Rebeuss ? Que Sèye a-t-il fait pire que tous ces gens-là que nous citons et dont l’évocation est loin d’être exhaustive ?
Il ne s’est trouvé aucun journaliste pour traiter l’incarcération de Sèye en tant qu’information, comme celles concernant ces détenus auxquels la presse s’intéresse d’une manière déséquilibrée et parfois suspecte. Il ne s’est trouvé aucun avocat- en complicité avec des médecins traitants – pour organiser une fuite d’informations sur le bulletin médical alertant que « monsieur untel, détenu à la prison de Rebeuss, pisse du sang » (sic) ; il ne s’est trouvé aucun citoyen pour clamer avec aplomb et sans preuve que Sèye est « victime d’un complot » ou d’une « injustice ». Puisque le pays marche à cela, que ne fait-on bénéficier Sèye de cet aplomb ?
Doudou Sèye est victime du peu de cas que ses propres confrères font de lui ; et c’est triste ; et c’est révoltant ! Ce n’est pas faire du corporatisme que de se navrer que la presse sénégalaise s’intéresse à des causes et à des détenus suspects plus qu’à un journaliste que personne ne veut défendre, dont personne ne veut prononcer le nom ; ni même lui consacrer une brève. Le sport de Karim en prison, la noria ou le carrousel de ses visiteurs dont certains soufflent à la presse avoir été voir LE détenu à nul autre comparable.
Il en était ainsi d’Ibrahima Gaye, lui aussi ancien directeur général du Soleil, jeté en prison par Wade qui a oublié tout cela ; qui feint d’oublier d’avoir eu à embastiller d’anciens proches du pouvoir Ps, les Aziz Tall – mais qui veut enflammer le pays, commet l’indécence d’être l’ancien chef de l’Etat qui ose se mêler d’une activité aussi subalterne qu’une campagne électorale (pour un ex-président de la République) pour des élections locales.
Intéressons-nous à Mamadou Sèye, ayons une pensée pour lui, parlons de lui… Juste ce qu’il faut. Malheureusement, les journalistes sont à l’image des cordonniers réputés être les plus mal chaussés, quoique fabricant des chaussures – et de belles, très belles.
J’ai croisé le doyen Ibrahima Gaye, le 3 mai dernier lors de la Journée mondiale de la liberté de presse ; j’évoquais avec émotion le calvaire qu’il a eu à vivre, mais, il avait de la pudeur à en parler, me priant, avec beaucoup de courtoisie, de changer de sujet. J’ai compris son souci… Sans doute que Sèye, quand il sortira de Rebeuss, sera gagné par la retenue et, légitimement, d’une certaine déception vis-à-vis de l’attitude de la presse sénégalaise pour qui « Karim Wade par-ci, Karim Wade par-là » est plus digne d’intérêt que Sèye à Rebeuss.
Malheureusement, la presse a ses noms et personnes préférés – on ne sait pourquoi, ou, alors, si ; on soupçonne. Au point qu’on veuille enterrer, comme ça, un confrère… Au Sénégal, le journalisme a de solides et crédibles références, est incarné par des noms autres que les dealers, les businessmen et women, les ex-volontaires du service civique national, les faussaires en liberté provisoire, les trafiquants de visa, les narcissiques… N’en jetons plus. Professionnellement, Doudou Sèye vaut plus qu’une certaine racaille « journalistique »