Quelque part dans le désert, au nord du Mali, dans les montagnes désertiques de Timetrine, à la frontière entre la région de Kidal et le Sud-Ouest algérien, quatre personnes ne se réjouissent pas de la mort de Ben Laden, et pourtant ils sont Français. Les employés d'Areva et Vinci capturés par Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), en septembre 2010, risquent d'être exécutés en représailles de la mort de leur chef historique, c'est du moins l'avis de sources maliennes proches des négociations.
En octobre 2010, à travers son dernier enregistrement connu —bien qu'il y en aurait un de prévu pour être diffusé après sa mort— Oussama Ben Laden avait justifié l'enlèvement des ressortissants français au Niger à la mi-septembre, par les obstinations de Sarkozy autour du voile islamique et de la place de l'islam d'une part, et en exigeant de l'autre que les troupes françaises se retirent d'Afghanistan.
Si certains expliquent déjà un emballement terroriste au Sahel à la suite de la décapitation d'al-Qaida, la maison-mère, rien ne permet de l'avancer sérieusement.
Le millier de djihadistes d'Aqmi qui nomadisent dans les confins sahélo-sahariens au milieu d'une dizaine de pays pas toujours amis, peuvent tout faire et son contraire, comme garder les otages vivants pour la simple raison qu'ils pèsent 100 millions d'euros.
Reste cette question, autant partagée par les combattant d'Aqmi que par les observateurs extérieurs: pourquoi Ben Laden ne s'était-il pas réfugié dans cette zone sahélo-saharienne, territoire incontrôlé de près de 10 millions de kilomètres carrés, soit l'équivalent de l'Europe, auberge espagnole où tout le monde entre, sort, vit, kidnappe, se cache et frappe, militaires ou civils?
L'insaisissable Pakistan
Oussama Ben Laden, l'ennemi public numéro un, était le plus recherché au monde, traqué dans chaque coin de la planète depuis dix ans, avec des moyens jamais égalés. On l'avait annoncé au Soudan, entrevu au Sahel, entre le Tchad, le Niger et le Mali, aperçu en Somalie et suspecté même d'être en Libye. Finalement, il n'était pas en Afrique et c'est au Pakistan, pays allié des Américains, que Oussama Ben Laden vivait avec sa famille, dans une paisible résidence entourée d'eau, de verdure et de militaires. Mais pourquoi pas au Sahel?
Parce qu'au-delà de son infinie superficie et de son instabilité politique, il est le repaire de tous les services de renseignements du monde, de contrebandiers prêts à tout vendre, de jeunes désœuvrés et nomades pauvres, de tribus touarègues entre la guerre et la paix, bref, tout sauf un endroit sécurisant. Le Pakistan a une géographie différente, plus difficile à contrôler par satellite que les plaines désertiques du Sahel et les silences y sont une tradition bien ancrée, les relations entre les talibans et les tribus afghano-pakistanaises reposant sur des systèmes sociaux bien plus solides qu’au Sahel.
«L’histoire montre que la durée de vie d’un émir dans une zone comme le Sahel, où les pays sont suffisamment bien équipés pour terminer une guerre rapidement, est assez limitée», explique Dominique Tomas, spécialiste d'al-Qaïda à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) à Paris. D'ailleurs, l'ex-Ben Laden du désert, Abderrezak El Para, avait été «vendu» en 2004 aux autorités algériennes par une faction rebelle tchadienne, qui l'avait capturé dans le Sahel. Dans le désert, rien n'est sûr.
Dans les confins du désert et d'al-Qaida
Pour l'Aqmi, l'enjeu est énorme, il s'agit de contrôler une bande passante gigantesque, qui va de l'Atlantique et la Mauritanie jusqu'au Sinaï et la mer Rouge. D'où l'idée de Ben Laden à l'époque: faire basculer la guerre de l'étriqué Moyen-Orient au Sahel et Sahara, même si les troupes y sont beaucoup moins nombreuses. Al-Qaida va-t-elle se redéployer en Afrique?
Pour le sort des otages en tous les cas, il est (ou était) directement lié à Ben Laden, en novembre 2010, deux mois après leur enlèvement à Arlit, au Nord du Niger, le chef d'Aqmi, l'Algérien Abdelmalek Droukdel, déclarait que «toute forme de négociation à l'avenir sur les otages sera conduite avec personne d'autre que notre Cheikh Oussama ben Laden.» Ben Laden mort, les otages sont toujours aux mains du salafiste Abdelhalim Abou Zeid, maître du Sahel avec l'Algérien Abdelamalek Droudkel.
En attendant les représailles d'Aqmi, «seule organisation terroriste qui puisse facilement et immédiatement faire quelque chose pour venger sa mort», selon l'Algérien Mohamed Mokeddem, auteur notamment du livre Aqmi, contrebande au nom de l’Islam, la guerre de succession est ouverte. Le nouveau numéro un d'al-Qaida, s'il n'est pas l'Egyptien Ayman Al Zawahiri, pourra être l'un des djihadistes du désert, Abou Zeïd, Droudkel ou Belmokhtar, autre activiste de la région. La nouvelle al-Qaida sera dirigée par un Africain.
En octobre 2010, à travers son dernier enregistrement connu —bien qu'il y en aurait un de prévu pour être diffusé après sa mort— Oussama Ben Laden avait justifié l'enlèvement des ressortissants français au Niger à la mi-septembre, par les obstinations de Sarkozy autour du voile islamique et de la place de l'islam d'une part, et en exigeant de l'autre que les troupes françaises se retirent d'Afghanistan.
Si certains expliquent déjà un emballement terroriste au Sahel à la suite de la décapitation d'al-Qaida, la maison-mère, rien ne permet de l'avancer sérieusement.
Le millier de djihadistes d'Aqmi qui nomadisent dans les confins sahélo-sahariens au milieu d'une dizaine de pays pas toujours amis, peuvent tout faire et son contraire, comme garder les otages vivants pour la simple raison qu'ils pèsent 100 millions d'euros.
Reste cette question, autant partagée par les combattant d'Aqmi que par les observateurs extérieurs: pourquoi Ben Laden ne s'était-il pas réfugié dans cette zone sahélo-saharienne, territoire incontrôlé de près de 10 millions de kilomètres carrés, soit l'équivalent de l'Europe, auberge espagnole où tout le monde entre, sort, vit, kidnappe, se cache et frappe, militaires ou civils?
L'insaisissable Pakistan
Oussama Ben Laden, l'ennemi public numéro un, était le plus recherché au monde, traqué dans chaque coin de la planète depuis dix ans, avec des moyens jamais égalés. On l'avait annoncé au Soudan, entrevu au Sahel, entre le Tchad, le Niger et le Mali, aperçu en Somalie et suspecté même d'être en Libye. Finalement, il n'était pas en Afrique et c'est au Pakistan, pays allié des Américains, que Oussama Ben Laden vivait avec sa famille, dans une paisible résidence entourée d'eau, de verdure et de militaires. Mais pourquoi pas au Sahel?
Parce qu'au-delà de son infinie superficie et de son instabilité politique, il est le repaire de tous les services de renseignements du monde, de contrebandiers prêts à tout vendre, de jeunes désœuvrés et nomades pauvres, de tribus touarègues entre la guerre et la paix, bref, tout sauf un endroit sécurisant. Le Pakistan a une géographie différente, plus difficile à contrôler par satellite que les plaines désertiques du Sahel et les silences y sont une tradition bien ancrée, les relations entre les talibans et les tribus afghano-pakistanaises reposant sur des systèmes sociaux bien plus solides qu’au Sahel.
«L’histoire montre que la durée de vie d’un émir dans une zone comme le Sahel, où les pays sont suffisamment bien équipés pour terminer une guerre rapidement, est assez limitée», explique Dominique Tomas, spécialiste d'al-Qaïda à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) à Paris. D'ailleurs, l'ex-Ben Laden du désert, Abderrezak El Para, avait été «vendu» en 2004 aux autorités algériennes par une faction rebelle tchadienne, qui l'avait capturé dans le Sahel. Dans le désert, rien n'est sûr.
Dans les confins du désert et d'al-Qaida
Pour l'Aqmi, l'enjeu est énorme, il s'agit de contrôler une bande passante gigantesque, qui va de l'Atlantique et la Mauritanie jusqu'au Sinaï et la mer Rouge. D'où l'idée de Ben Laden à l'époque: faire basculer la guerre de l'étriqué Moyen-Orient au Sahel et Sahara, même si les troupes y sont beaucoup moins nombreuses. Al-Qaida va-t-elle se redéployer en Afrique?
Pour le sort des otages en tous les cas, il est (ou était) directement lié à Ben Laden, en novembre 2010, deux mois après leur enlèvement à Arlit, au Nord du Niger, le chef d'Aqmi, l'Algérien Abdelmalek Droukdel, déclarait que «toute forme de négociation à l'avenir sur les otages sera conduite avec personne d'autre que notre Cheikh Oussama ben Laden.» Ben Laden mort, les otages sont toujours aux mains du salafiste Abdelhalim Abou Zeid, maître du Sahel avec l'Algérien Abdelamalek Droudkel.
En attendant les représailles d'Aqmi, «seule organisation terroriste qui puisse facilement et immédiatement faire quelque chose pour venger sa mort», selon l'Algérien Mohamed Mokeddem, auteur notamment du livre Aqmi, contrebande au nom de l’Islam, la guerre de succession est ouverte. Le nouveau numéro un d'al-Qaida, s'il n'est pas l'Egyptien Ayman Al Zawahiri, pourra être l'un des djihadistes du désert, Abou Zeïd, Droudkel ou Belmokhtar, autre activiste de la région. La nouvelle al-Qaida sera dirigée par un Africain.