■ Les bureaux de vote ont ouvert à 6h TU
Les bureaux de vote ont ouvert officiellement à 6h TU, mais certains en étaient encore dans les préparatifs, a constaté notre envoyée spéciale sur place. En théorie, le vote se déroule de 7 heures à 18 heures, mais Brazzaville se réveillait encore au moment des premières ouvertures. Ainsi, par exemple, à l’école de peinture de Poto Poto, non loin du centre-ville, les isoloirs étaient sur place, mais pas encore montés à 7h.
Sur place, les listes électorales étaient en train d’être affichées. Les bulletins n'étaient pas encore disposés sur les tables, mais bien là : verts pour le oui, rouges pour le non. Et hier, la Commission nationale chargée d’organiser les élections assurait qu’en dépit des violences du début de semaine, qui ont paralysé certaines parties du pays, tout serait prêt pour faire voter les quelque deux millions d’électeurs congolais.
RFI s'est rendu à Bacongo dans le sud de Brazzaville, dans deux bureaux de vote, à Moungali dans le centre et à Ouenzé dans le nord de la ville. Le constat pour l'instant est clair : le vote se déroule dans le calme. Il a démarré d’ailleurs à l’heure indiquée, c’est-à-dire 7 heures, heure locale. Dès 7 heures 10, 7 heures 15, on a pu voir quelques bulletins glissés dans les urnes transparentes. Les choses ont donc débuté à temps par rapport aux dernières élections locales de 2014.
Un observateur international nous confiait qu’il est encore trop tôt pour parler d’engouement parce que généralement, c’est dans l’après-midi ou en fin de journée que l'on peut faire ce type d'observation. Le taux de participation des électeurs congolais sera particulièrement scruté.
La clôture des bureaux de vote est prévue pour 18 heures, heure locale. Le chef de l’Etat, Denis Sassous-Nguesso, doit accomplir son devoir à mi-journée dans sa circonscription.
■ Les enjeux du scrutin
L’opposition conteste la légitimité du scrutin, qu'elle demande de boycotter, et dénonce depuis le début de cette campagne un coup d’Etat constitutionnel. Elle reproche à ce texte d’être taillé sur mesure pour le président Denis Sassou-Nguesso, puisqu’il fait sauter les deux verrous qui l’empêchent actuellement de se représenter.
Avec l'appel au boycott de l'opposition, le premier enjeu sera donc de savoir si les électeurs seront nombreux ou non a, finalement, faire le déplacement jusqu'aux urnes. De la mobilisation - il n'existe pas de taux de participation minimum au Congo pour valider un scrutin - dépendra la crédibilité du vote, même si le « non » a peu de chance de l'emporter. Dans certains quartiers, les opposants ont même demandé à leurs partisans de rendre leur carte électorale en signe de désobéissance civile.
Il faudra également suivre les conditions sécuritaires de l'organisation du scrutin. Des violences ont eu lieu en début de semaine, ce qui avait semé le doute dans l'esprit de la population sur la capacité des dirigeants à asseoir leur autorité sur le territoire.
Enfin, à l'issue du scrutin, les regards seront braqués vers les leaders de la contestation pour savoir si, oui ou non, ils acceptent de calmer le jeu, le temps de savoir si Denis Sassou-Nguesso souhaite briguer un troisième mandat.
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■ Retour sur la contestation
Lundi dernier, la justice a décidé de maintenir en détention six jeunes arrêtés le 9 octobre lors d'une manifestation contre le référendum. Le lendemain, de nombreux affrontements violents entre force de l'ordre et opposants ont éclaté dans plusieurs villes du pays.
Depuis le début de la mobilisation, quatre personnes ont été tuées dans des violences à Brazzaville et à Pointe-Noire d'après les autorités. L'opposition, elle, dénombre une vingtaine de morts et dénonce l'utilisation d'armes létales pour réprimer les manifestations.
Au terme de la campagne du référendum, le calme est revenu mais tout rassemblement a été interdit au sein de la capitale.
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■ Ce qu'en pense la communauté internationale
Le président français, François Hollande, avait déclaré dans un premier temps qu'il respectait la position du président congolais et son « droit » à consulter la population. Il a toutefois rappelé qu'une fois la consultation passée, le chef de l'Etat devait veiller à rassembler et apaiser ses concitoyens. Une position vivement critiquée cette semaine par l'opposition mais saluée par le camp du président Sassou-Nguesso.
Lors d'un communiqué ultérieur, le chef de l'Etat français a dit « soutenir la liberté d'expression » et souhaiter que les « Constitutions soient respectées » ce qui a été perçu comme une inflexion de sa position.
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L'Union européenne s'est contentée de publier un communiqué jeudi dernier qui appelle au dialogue qui serait, selon elle, « la seule voie pour rétablir un consensus large sur une question d'intérêt national que constitue une révision de la Constitution ». L'UE, tout comme la présidente de l'Union africaine, Nkosazana Dlamini-Zuma, ont aussi appelé au respect de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance. Une charte qui interdit les changements constitutionnels à des fins personnelles.
Source : Rfi.fr