Les 1 000 soldats ougandais qui participaient à la traque de leur compatriote Joseph Kony en Centrafrique sont désormais cantonnés sur leurs bases. Ce n'est pas un retrait mais une suspension des opérations, le temps que l'Union africaine (UA) prenne une décision concernant la reconnaissance des nouvelles autorités centrafricaines.
Pour l'instant, la Centrafrique est suspendue de l'organisation panafricaine. Or, la traque de Joseph Kony par des militaires ougandais soutenus par le Congo, le Soudan, le Sud-Soudan et des conseillers militaires américains était en effet appuyée par l'UA.
Kony au Sud-Soudan ?
De toute façon, la LRA ne représente plus le même danger qu'il y a quelques années. Depuis la grande offensive militaire ougandaise de 2006, elle a été réduite à quelque 250 hommes éparpillés aux confins de la RDC, de la RCA, du Soudan et du Soudan du Sud. Quant à Joseph Kony lui-même, il est plus probablement au Soudan. Toutefois, il est activement recherché par la CPI.
De leur côté, les nouvelles autorités centrafricaines doivent asseoir leur autorité et parvenir à instaurer la sécurité sur le territoire centrafricain. L'anarchie et la violence qui règnent actuellement dans l'arrière-pays favorisent les groupes rebelles transfrontaliers. Le nouveau régime doit d'abord être reconnu et légitimé pour négocier de nouveaux accords de coopération militaire avec les Etats voisins.
Obama veut le rebelle ougandais
Mais Joseph Kony reste, aux yeux de Washington, un symbole fort de barbarie, à capturer absolument. Depuis ce mercredi 3 avril, le département d’Etat américain a même ajouté le chef de la LRA à son programme War Crime Reward, au côté d’autres personnalités recherchées par la CPI. Les Etats-Unis promettent désormais cinq millions de dollars à toute personne détentrice d'informations qui mèneraient au chef de la LRA, et des primes similaires pour l'arrestation de ses trois adjoints.
L’affaire était entendue depuis le mois de janvier. Lorsque Barack Obama avait signé l’extension du programme WCR, c’était avant tout pour viser Kony. A l'époque, le président américain l’avait très clairement dit.
Avec notre correspondant à Washington, Raphaël Reynes
Depuis ce mercredi, la règle américaine War Crime Reward s’étend désormais à toute personne recherchée pour crime contre l’humanité, génocide ou crime de guerre, « par quelque tribunal criminel international mixte ou hybride », comme le précise le département d’Etat. La tête de Sylvestre Mudacumura, qui combat au sein des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), est donc également mise à prix.
Les autorités américaines maintiennent par ailleurs, sur leur liste de personnalités à arrêter, neuf fugitifs recherchés par le Tribunal pénal international pour le Rwanda, parmi lesquels Félicien Kabuga et Augustin Bizimana. Deux semaines après la reddition surprise de Bosco Ntaganda à l’ambassade américaine à Kigali, la publication de cette nouvelle liste par Washington laisse augurer d’un net réchauffement des relations diplomatiques entre le Rwanda et les Etats-Unis.