Barack Obama, à l'issue du sommet Etats-Unis/ Afrique, à Washington, le 6 août 2014. REUTERS/Larry Downing
Deux annonces principales ont été faites par le président des Etats-Unis sur le plan sécuritaire : un partenariat pour aider les pays en situation de crise à déployer des troupes pour les éteindre rapidement et des formations pour les armées nationales avec un fort accent sur l’éthique et la déontologie vis-à-vis des populations civiles. Pour ce faire, les Etats Unis contribueront à hauteur de 110 millions de dollars par an et s'appuieront sur le Ghana, l'Ethiopie, le Sénégal, la Tanzanie, le Rwanda et l'Ouganda.
Professionaliser les armées pour en finir avec les exactions
D’autres pays devraient bénéficier aussi d'un plan d'aide américain de 65 millions, alloués à la formation des armées. L’objectif est là de renforcer la sécurité aux frontières pour garantir leur sécurité : le Kenya, la Tunisie, le Mali, le Nigéria et le Niger sont concernés. Il s'agit d’aider ces pays à renforcer la capacité de défense de leurs frontières, en mettant sur pied des armées professionnelles et entraînées.
Selon le président américain, il est important que les forces de sécurité africaines se professionnalisent. « Lorsqu’une armée qui lutte contre le terrorisme est mal formée, le remède peut être pire que le mal » a-t-il expliqué, et « si les militaires s’aliènent la population, l’effort est contre productif ». Une allusion a peine masquée au Nigeria. Le département d’Etat a souvent mis en avant le fait que, dans l’échec de la lutte contre Boko Haram, une grande partie de la responsabilité incombe à l’armé nigériane, dont certaines unités ont commis des exactions.
« Les Etats-Unis n'ont pas vocation à s'installer en Afrique »
La coopération entre le Niger et les Etats-Unis contre le terrorisme
Sur les opérations de maintien de la paix, et plus spécifiquement les crises en Somalie et en Centrafrique, Washington va augmenter sa participation financière pour équiper les troupes africaines qui s’impliquent dans ces conflits. L’objectif est de parvenir à la création de forces d’intervention régionale, rapides et efficaces, qui pourraient réagir sans attendre la mobilisation, toujours plus lente de la communauté internationale.
Ces annonces sont toujours dans le même esprit : un soutien logistique, de la formation, et une coopération pour le renforcement des capacités de l’Afrique, mais pas d’implication américaine sur le terrain. « Les Etats-Unis n’ont pas vocation à s’installer en Afrique », a déclaré Barack Obama.
Expliquant les motivations de ces engagements des Etats-Unis, Barack Obama a affirmé vouloir saisir « l’opportunité d’approfondir [la] coopération sécuritaire sur les menaces communes. Les forces africaines sont aux commandes à travers le continent. En tant que partenaire, les Etats-Unis sont fiers de soutenir ces efforts et aujourd’hui nous pouvons nous concentrer sur comment renforcer les moyens de l’Afrique pour répondre à ces menaces transnationales, et ainsi rendre nos pays plus sûrs. »
A la Une: sommet USA-Afrique, US à fric contre Françafrique ?
■ Economie: prises de contacts et promesses d'investissements
Les deux premiers jours du sommet avaient surtout été consacrés à l’économie. Et sur ce point, le sommet aura été un catalyseur à plus d’un titre. Certaines transactions financières auraient sans doute pu voir le jour sans ce grand rassemblement, mais il a permis à de nombreux acteurs d’avoir une date butoir et donc d’accélérer la signature d’accords. Sur les milliards annoncés, une partie n’est pas de l’argent réel, mais est constitué de fonds de garanties. Mais si rien n’est parfait, globalement, les responsables africains ont mis à profit ce sommet pour multiplier les rencontres et les journées consacrées à l’économie ont permis des contacts fructueux. Cette réunion historique a permis aux acteurs publics et privés, africains et américains, d’échanger et de nouer des contacts susceptibles à terme de déboucher sur de nouvelles réalisations.
■ Gouvernance: discrètes remontrances
L’administration américaine avait, avant le sommet, multiplié les déclarations sur la bonne gouvernance, et, notamment, son opposition aux refontes de Constitutions. Mais l’administration et Barack Obama ont été sobres en public. Les discussions qui fâchent ont eu lieu dans le bureau de John Kerry. Barack Obama a cependant insisté sur ce message : « Sans société civile, sans respect des droits de l’homme, un pays ne parviendra pas à se développer car ce sont des sociétés ouvertes qui permettent l’innovation et l’initiative. »
Nous ne sommes pas ici seulement pour discuter, mais pour agir, pour prendre des décisions concrètes qui s’appuient sur les progrès de l’Afrique.
Barack Obama
07/08/2014 Écouter
« Pour faire court je dirai que nous ne sommes pas ici seulement pour discuter, mais pour agir, pour prendre des décisions concrètes qui s’appuient sur les progrès de l’Afrique, et forger un partenariat basé sur l’équité que nous souhaitons », a-t-il déclaré à l’issue du sommet. « Nous avons l’opportunité de renforcer la gouvernance dont dépendent la croissance économique et les libertés. Aujourd’hui nous pouvons nous concentrer sur les composantes du progrès : l’état de droit, des gouvernements travaillant dans la transparence, des institutions qui rendent des comptes, des sociétés civiles fortes, et le respect des droits de l’homme », a-t-il insisté. Rien n’indique pour l’instant que les récalcitrants retiendront son message.
■ Ebola s'impose au sommet
Le virus Ebola s’est, sans conteste, invité au sommet et a quelque peu gêné la communication de Barack Obama, axée sur l’optimisme et les opportunités. Selon un dernier bilan, dressé le mardi 4 août par l'OMS, La fièvre hémorragique qui sévit en Afrique de l'Ouest a fait 932 morts sur 1 711 cas confirmés, suspects ou probables (dont 363 en Guinée, 282 au Liberia, 286 en Sierra Leone et 1 au Nigeria).
Interrogé sur le sérum actuellement testé aux Etats-Unis, le président américain s’est montré prudent. « Nous devons laisser la science nous guider. Nous n’avons pas toutes les informations pour savoir si ce remède est efficace », a-t-il insisté. « Ce que nous savons est que le virus Ebola est contrôlable si vous avez une infrastructure de santé solide en place. Et les pays qui ont été infectés sont les premiers à reconnaître que leurs systèmes de santé publique ont été submergés. Ils n’ont pas pu identifier et isoler assez rapidement les cas. Il n’y a pas de relation de confiance entre les communautés touchées et les personnels de santé. En conséquence, le virus s’est répandu plus rapidement. (…) Nous sommes concentrés sur une approche de santé publique, car c’est ce que nous savons faire », a-t-il affirmé.
Une approche qui a notamment été relayée par le président guinéen, Alpha Condé, présent à Washington. Invité de l'antenne de RFI, mercredi 6 août, il a ainsi plaidé sur la nécessité de « montrer que l’Ebola est un phénomène mondial et qu’il doit y avoir une mobilisation internationale pour apporter plus de soutien au point de vue du personnel, au point de vue des laboratoires et au point de vue financier, pour que nous renforcions notre système sanitaire. »
■ Quelle suite à ce sommet ?
Barack Obama a exprimé le souhait de faire de ce sommet Etats-Unis-Afrique une rencontre récurrente. Mais nous sommes à Washington : le président des Etats-Unis quitte ses fonctions dans deux ans. Il espère donc que son successeur à la Maison Blanche prendra le relais.
Source : Rfi.fr
Professionaliser les armées pour en finir avec les exactions
D’autres pays devraient bénéficier aussi d'un plan d'aide américain de 65 millions, alloués à la formation des armées. L’objectif est là de renforcer la sécurité aux frontières pour garantir leur sécurité : le Kenya, la Tunisie, le Mali, le Nigéria et le Niger sont concernés. Il s'agit d’aider ces pays à renforcer la capacité de défense de leurs frontières, en mettant sur pied des armées professionnelles et entraînées.
Selon le président américain, il est important que les forces de sécurité africaines se professionnalisent. « Lorsqu’une armée qui lutte contre le terrorisme est mal formée, le remède peut être pire que le mal » a-t-il expliqué, et « si les militaires s’aliènent la population, l’effort est contre productif ». Une allusion a peine masquée au Nigeria. Le département d’Etat a souvent mis en avant le fait que, dans l’échec de la lutte contre Boko Haram, une grande partie de la responsabilité incombe à l’armé nigériane, dont certaines unités ont commis des exactions.
« Les Etats-Unis n'ont pas vocation à s'installer en Afrique »
La coopération entre le Niger et les Etats-Unis contre le terrorisme
Sur les opérations de maintien de la paix, et plus spécifiquement les crises en Somalie et en Centrafrique, Washington va augmenter sa participation financière pour équiper les troupes africaines qui s’impliquent dans ces conflits. L’objectif est de parvenir à la création de forces d’intervention régionale, rapides et efficaces, qui pourraient réagir sans attendre la mobilisation, toujours plus lente de la communauté internationale.
Ces annonces sont toujours dans le même esprit : un soutien logistique, de la formation, et une coopération pour le renforcement des capacités de l’Afrique, mais pas d’implication américaine sur le terrain. « Les Etats-Unis n’ont pas vocation à s’installer en Afrique », a déclaré Barack Obama.
Expliquant les motivations de ces engagements des Etats-Unis, Barack Obama a affirmé vouloir saisir « l’opportunité d’approfondir [la] coopération sécuritaire sur les menaces communes. Les forces africaines sont aux commandes à travers le continent. En tant que partenaire, les Etats-Unis sont fiers de soutenir ces efforts et aujourd’hui nous pouvons nous concentrer sur comment renforcer les moyens de l’Afrique pour répondre à ces menaces transnationales, et ainsi rendre nos pays plus sûrs. »
A la Une: sommet USA-Afrique, US à fric contre Françafrique ?
■ Economie: prises de contacts et promesses d'investissements
Les deux premiers jours du sommet avaient surtout été consacrés à l’économie. Et sur ce point, le sommet aura été un catalyseur à plus d’un titre. Certaines transactions financières auraient sans doute pu voir le jour sans ce grand rassemblement, mais il a permis à de nombreux acteurs d’avoir une date butoir et donc d’accélérer la signature d’accords. Sur les milliards annoncés, une partie n’est pas de l’argent réel, mais est constitué de fonds de garanties. Mais si rien n’est parfait, globalement, les responsables africains ont mis à profit ce sommet pour multiplier les rencontres et les journées consacrées à l’économie ont permis des contacts fructueux. Cette réunion historique a permis aux acteurs publics et privés, africains et américains, d’échanger et de nouer des contacts susceptibles à terme de déboucher sur de nouvelles réalisations.
■ Gouvernance: discrètes remontrances
L’administration américaine avait, avant le sommet, multiplié les déclarations sur la bonne gouvernance, et, notamment, son opposition aux refontes de Constitutions. Mais l’administration et Barack Obama ont été sobres en public. Les discussions qui fâchent ont eu lieu dans le bureau de John Kerry. Barack Obama a cependant insisté sur ce message : « Sans société civile, sans respect des droits de l’homme, un pays ne parviendra pas à se développer car ce sont des sociétés ouvertes qui permettent l’innovation et l’initiative. »
Nous ne sommes pas ici seulement pour discuter, mais pour agir, pour prendre des décisions concrètes qui s’appuient sur les progrès de l’Afrique.
Barack Obama
07/08/2014 Écouter
« Pour faire court je dirai que nous ne sommes pas ici seulement pour discuter, mais pour agir, pour prendre des décisions concrètes qui s’appuient sur les progrès de l’Afrique, et forger un partenariat basé sur l’équité que nous souhaitons », a-t-il déclaré à l’issue du sommet. « Nous avons l’opportunité de renforcer la gouvernance dont dépendent la croissance économique et les libertés. Aujourd’hui nous pouvons nous concentrer sur les composantes du progrès : l’état de droit, des gouvernements travaillant dans la transparence, des institutions qui rendent des comptes, des sociétés civiles fortes, et le respect des droits de l’homme », a-t-il insisté. Rien n’indique pour l’instant que les récalcitrants retiendront son message.
■ Ebola s'impose au sommet
Le virus Ebola s’est, sans conteste, invité au sommet et a quelque peu gêné la communication de Barack Obama, axée sur l’optimisme et les opportunités. Selon un dernier bilan, dressé le mardi 4 août par l'OMS, La fièvre hémorragique qui sévit en Afrique de l'Ouest a fait 932 morts sur 1 711 cas confirmés, suspects ou probables (dont 363 en Guinée, 282 au Liberia, 286 en Sierra Leone et 1 au Nigeria).
Interrogé sur le sérum actuellement testé aux Etats-Unis, le président américain s’est montré prudent. « Nous devons laisser la science nous guider. Nous n’avons pas toutes les informations pour savoir si ce remède est efficace », a-t-il insisté. « Ce que nous savons est que le virus Ebola est contrôlable si vous avez une infrastructure de santé solide en place. Et les pays qui ont été infectés sont les premiers à reconnaître que leurs systèmes de santé publique ont été submergés. Ils n’ont pas pu identifier et isoler assez rapidement les cas. Il n’y a pas de relation de confiance entre les communautés touchées et les personnels de santé. En conséquence, le virus s’est répandu plus rapidement. (…) Nous sommes concentrés sur une approche de santé publique, car c’est ce que nous savons faire », a-t-il affirmé.
Une approche qui a notamment été relayée par le président guinéen, Alpha Condé, présent à Washington. Invité de l'antenne de RFI, mercredi 6 août, il a ainsi plaidé sur la nécessité de « montrer que l’Ebola est un phénomène mondial et qu’il doit y avoir une mobilisation internationale pour apporter plus de soutien au point de vue du personnel, au point de vue des laboratoires et au point de vue financier, pour que nous renforcions notre système sanitaire. »
■ Quelle suite à ce sommet ?
Barack Obama a exprimé le souhait de faire de ce sommet Etats-Unis-Afrique une rencontre récurrente. Mais nous sommes à Washington : le président des Etats-Unis quitte ses fonctions dans deux ans. Il espère donc que son successeur à la Maison Blanche prendra le relais.
Source : Rfi.fr
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