Les Femmes Transformatrices de Bargny victimes des promesses non tenues des autorités



Avec ses bâtiments bleus, situés entre la mer et les petites lagunes se trouvant juste avant les premières maisons de Gouye Djoulonkar, à Bargny, les locaux de l’Union Locale des Femmes Transformatrices de Bargny sont presque les uniques constructions que l’on peut observer dans cette partie de la plage de Bargny-Guèedj. Courbées sur les tas de poissons harmonieusement arrangés en formes de cercle, des femmes, membres de l’Union, s’occupent du poisson déjà fumé, lequel, il fallait traiter une dernière fois pour pouvoir être consommé. De l’autre coté, dans l’un des bâtiments, d’autres femmes, assises, des basins devant elles, dépècent des poissons. Adja Kiné Diop, présidente de l’Union, va les rejoindre. La spécialiste du poisson fumé, tout comme ses autres collègues transformatrices de poisson, était justement celle qui devait répondre à nos questions, car instruite et très imprégnée des réalités de l’Union. Apparemment très en verve, elle prend place et explique : «créée en 1980, l’Union est composée de dix-sept ou dix-huit Groupement d’Intérêt Economique (GIE). Les GIE existent depuis 1989, et dans chaque GIE, on compte à peu près 500 femmes. Et notre spécialité ici c’est la production de poisson fumé». Nous montrant les tables sur lesquelles sont mis les ‘‘Yèetes’’ (Symbiose) et les ‘‘Tambadjangues’’ (Poisson séché), Adja Kiné de faire savoir qu’elles ne font pas que du poisson fumé, mais produisent aussi d’autres produits. Pour faire le «poisson fumé», les dames ont besoin de poisson, du ‘‘Yabooye’’ (harangue), de beaucoup de poisson même. «Nous traitons jusqu’à vingt caisses de poisson par femme, si la pêche est bonne. Mais si le poisson n’est pas abondant, nous nous contentons seulement d’une caisse par jour», confie Mme la présidente. Avec l’hivernage, le poisson se fait souvent rare. Sachant que cette année, la période des pluies coïncide avec le mois béni de Ramadan, les choses risque donc de ne pas trop marcher. Avec ce travail, explique Mme Diop, nous ne «dépendons que du Ciel. S’il a beaucoup plu, nous ne travaillons pas. Le poisson se fait rare aussi avec l’hivernage. Mais n’empêche que nous continuons nos activités, quelque soit la période, et ceci rien que pour avoir quelque chose à amener à la maison. Une production chère, des revenus presque nuls. La production du ‘‘poisson fumé’’ demande beaucoup d’investissement. Il faut du papier, de la cire de bois, de la coque d’arachide, etc, et du poisson. Le poisson se vent à 6.000 Fr Cfa la caisse, le papier à 30.000 Fr Cfa le camion, la cire de bois coute 1.000 Fr Cfa et la Coque d'arachide est obtenu à 900Fr Cfa. Ce qui fait au total 37.900 Fr Cfa. Et, il faudra y ajouter le paiement des femmes qui porte le poisson de la mer jusqu'au lieu ou il est traité, et celui des femmes qui l'arrangent enforme de cercles (appelé ''théraaw'' dans la localité). Pourtant, une fois fini, le ''poisson fumé'' n'est vendu qu'à 2.000 Fr Cfa la caisse, et le Kilo lui vaut 300 Fr Cfa. Avec tous les problèmes de vente que les femmes rencontrent, on peut imaginer que l'activé n'est pas aussi rentable que cela. D'où le besoin d'appui de l'Union par l'Etat et les ONG. L’Etat promet, mais ne respect pas ses promesses. Avant l'alternance, nous confie Adja Kiné, l'Union et ses GIE avaient l'appui des ONG (Organisation Non Gouvernementale) avec l'aide de l'Etat sénégalais. Mais depuis que le régime du président Abdoulaye Wade est au pouvoir, nous n'avons plus obtenu de financement de la part des ONG. Elles se tournent toutes vers les villages, surtout vers les Iles du Saloum. Ainsi tous les GIE de Bargny, Rufisque et Mbao ne reçoivent plus aucun financement, ni soutien, depuis que Wade a été élu. Or à Bargny, par exemple, si vous prenez 100 personnes 90 sont des transformatrices et des pécheurs, a-t-elle souligné. L'activité maritime y est donc l'activité principale. L'Union des femmes transformatrice de Bargny a, à cet effet, lancé un appel à l'aide à l'Etat et aux ONG. Plusieurs ministres de la pêche sont venus nous rendre visite ici même, mais aucun d'eux n'a tenu ses engagements envers nous, que cela soit Khoureychi Thiam, Souleymane Ndéné Ndiaye, ou Djibo Ka, déplore Mme la Présidente.

Doudou SECK (Stagiaire)

Mardi 16 Aout 2011 00:01


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