Les erreurs de Pape Malick Ndour sur l'analyse de la LFR 2024 et de la loi de finances 2025 (Par Mady Cissé)



Inconcevable et inimaginable qu'un économiste qui se dit expert soit incapable de savoir dans quel cas un EMPRUNT est un FLUX DE DETTE et dans quel cas un EMPRUNT n'est pas GÉNÉRATEUR DE DETTE, en finances publiques. Face à ce monsieur, lui répondre à chaque sortie finirait par nous rendre ridicule.
 
Dans un post sur facebook, il dit que l'Etat a emprunté 4400 milliards en 2024 et 4500 en 2025. Il fait le cumul et l'exagère, soit environ 9000 milliards selon lui, et en conclut que la dette sera à 23 000 milliards en 2029. Un économiste sérieux ne peut pas assimiler le besoin de financement brut de l'Etat à de la dette puisque l'amortissement de la dette qui représente 65% du besoin de financement de l'année 2025 ne l'est pas. C'est une absurdité totale.
 
Venons-en à un cas que je vous explique et vous allez comprendre que son statut d'économiste semble même usurpé, au regard de son argumentaire ( post Facebook).
 
L'Etat dégage ce qu'on appelle le Besoin de financement brut. Il est composé du déficit  budgétaire de l'Etat et de l'amortissement de la dette publique ( intérieur et extérieur).
Sur les 4500 milliards = déficit budgétaire ( 1600 milliards ) et amortissement de la dette ( 2900 milliards ).
 
Dans le besoin de financement brut de l'Etat, le déficit représente 35% et l'amortissement de la dette 65%.
 
Qu'est ce qui est un flux  générateur de dette des deux composantes ?
 
C'est le déficit budgétaire de 1600 milliards qui est un emprunt générateur d'un flux de dette. Donc, c'est de la dette nouvelle qui s'ajoutera au stock de la dette de l'année ( n-1). Dette 2025 = stock dette 2024 + déficit budgétaire. On projette la dette de cette manière. Comme il n'a jamais été dans une division de projections macro-économiques, c'est normal qu'il dit des énormités. En 2025, la dette nouvelle, c'est le déficit budgétaire de 1600 milliards de FCFA.
 
Maintenant, revenons sur les 2900 milliards :

Précisons que ce montant est l'amortissement de la dette publique. L'amortissement est le paiement de la dette arrivant à échéance aux créanciers du Sénégal. Le paiement de 2900 milliards résulte de l'endettement explosif et inconsidéré de Macky Sall depuis 2012. Par exemple, l'amortissement de la dette est passé de 237 milliards en 2012 à 2900 milliards en 2025. Ils ont multiplié par 12 le niveau de remboursement de la dette sur 13 ans. Sur ce point, le régime a hérité de la dette abyssale qu'on doit rembourser aux créanciers et que les dettes contractées par le nouveau régime ne peuvent commencer à être payées au minimum qu'au bout de 3 ans pour la dette intérieure ( obligations du trésor) et sur la dette extérieure au bout minimum de 7 ans  (eurobonds bonds) et les prêts concessionels sont à plus de 10 ans de maturité. Donc, le montant de 2900 milliards est le résultat d'endettement excessif et stratosphérique du défunt régime de Pape Malick Ndour.
 
Pourquoi le montant de 2900 milliards n'est pas un emprunt générateur de flux de dette ? C'est parce ce que l'amortissement de ce montant éteint une créance auprès des créanciers du Sénégal. Par exemple, si le Sénégal emprunte pour payer l'amortissement, rien ne change. Autrement dit et plus simple, je dois 100 FCFA à monsieur X à fin janvier 2025 et sollicite un emprunt auprès de Y de 100 FCFA pour apurer la créance de X. Vous voyez donc que rien ne bouge sur le stock.

C'est le fameux soull bouki soulli bouki. Les 2900 milliards ne créent pas une dette supplémentaire. Cette opération est appelée le refinancement d'une dette qui se fait dans le cadre d'une stratégie de gestion de la dette à moyen terme. Dans la nouvelle stratégie, les autorités sont dans une dynamique de payer au maximum les créanciers pour 2025 et 2026 dans une logique de reprofilage de la dette (allongement de la maturité).

Par exemple, si l'Etat sait qu'une bonne partie de la dette est coûteuse et la maturité courte, il peut emprunter sur le marché à des coûts au plus bas possible et racheter la dette coûteuse (payer aux créanciers avant maturité) et atténuer la pression de service de la dette à court terme du Trésor public. Ce qui fait qu'en 2025 et 2026, les remboursements de la dette seront importants et baisseront significativement jusqu'en 2029. L'objectif décliné dans la SND (Stratégie Nationale de Développement), c'est de ramener le ratio de dette/PIB à 70% en 2029, après 85% du PIB en fin 2024.

Moussa Ndongo

Lundi 6 Janvier 2025 16:44


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