Plusieurs villes du nord de l’Irak ont été prises dans la nuit par les jihadistes de l’Etat islamique (EI). Les villes de Qaraqosh, Tal Kayf, Bartella et Karamlesh, Makhmour et Al Kouair sont tombées aux mains des hommes d’Abou Bakr al-Baghdadi. D’après des témoins sur place, des dizaines de milliers de personnes ont fui devant l’avancée des islamistes.
Qaraqosh est la principale ville chrétienne en Irak. Elle comptait 50 000 habitants avant l’offensive des jihadistes d’EI. Après la prise de Mossoul, de nombreux chrétiens chaldéens y avaient trouvé refuge. Qaraqosh était sur la ligne de front entre le vaste territoire conquis par l'Etat islamique et la zone contrôlée par les Peshmergas, les combattants kurdes. Jusqu'à ces dernières heures, la ville était quadrillée par les peshmergas et les chrétiens irakiens que l'on y rencontrait comptaient beaucoup sur ces forces kurdes pour faire barrage à la poussée des jihadistes. Ce rempart a volé en éclat. La chute de Qaraqosh et d’autres localités situées sur la même ligne de front remet en cause le face-à-face tendu, émaillé d'accrochages, qui prévalait ces dernières semaines.
Le 3 août, déjà, la ville de Sinjar, où résidait une forte communauté de Yésidis, était tombée aux mains d'EI, provoquant la fuite de la population en masse. Mercredi, des combats avaient opposé les peshmergas kurdes aux combattants d’EI dans la localité de Makhmour, située à 50 km au sud-est d’Erbil, la capitale de la région autonome kurde irakienne.
Une « catastrophe humanitaire »
Le pape François demande à la communauté internationale de protéger les populations qui fuient les combats. « C'est une catastrophe, une situation tragique. Nous appelons le Conseil de sécurité de l'ONU à intervenir immédiatement. Des dizaines de milliers de personnes terrifiées sont chassées de chez elles au moment où nous parlons, on ne peut pas décrire ce qui se passe », a alerté Mgr Joseph Thomas, archevêque chaldéen de Kirkouk et Souleimaniyeh, dans une déclaration à l’Agence France-Presse. Le patriarche chaldéen Louis Sako, évoque le nombre de 100 000 déplacés chrétiens en route vers le Kurdistan voisin. Il affirme également que les églises des villes conquises par EI « sont occupées, leurs croix ont été enlevées ».
Jointe par RFI, Sœur Friederika, l'une des responsables du Monastère de la Vierge Marie, à Souleimanye, rapporte accuiellir déjà les réfugiés de Qaraqosh. « La ville a été prise et tout le monde s'est enfui. Quant aux peshmergas, les combattants kurdes, ils se sont retirés à l'intérieur du Kurdistan », raconte-t-elle. « D'après nos informations, toute la population de Qaraqosh a fui. Je ne sais pas exactement de combien de personnes il s'agit, mais ils sont très nombreux, au moins 100 000 personnes. Nous attendons beaucoup de réfugiés, ici, à Souleimaniye. Certains sont déjà arrivés. Nous allons les accueillir dans nos maisons, et nos églises. »
Le Kurdistan a déjà accueilli des centaines de milliers de déplacés en juin lors de la spectaculaire percée des jihadistes en Irak. Le gouvernement régional du Kurdistan est donc confronté à un nouveau défi humanitaire, mais surtout militaire face à l'avancée de l'Etat Islamique qui se rapproche dangereusement d'un territoire qui a su, jusque-là, défendre sa stabilité et sa sécurité.
Cette nouvelle avancée des jihadistes intervient alors que le sort des chrétiens d’Irak a suscité un élan de solidarité en France. Le gouvernement français a notamment proposé d’accueillir une partie d’entre eux « s'ils le souhaitent » et à en « favoriser l'accueil sur notre sol au titre de l'asile ». Onze d’entre eux sont arrivés en France, ce jeudi. Ils décrivent une situation « catastrophique ».
Source : Rfi.fr