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Les pétitionnaires, révolutionnaires de la dernière heure : où êtes-vous passés ?( Salman Elimane DIOP)



Les pétitionnaires, révolutionnaires de la dernière heure : où êtes-vous passés ?( Salman Elimane DIOP)
Hier, vos plumes étaient acérées, ancrant sur la toile et les papiers des différents quotidiens l’écho de vos voix indignées, arborant, tel un étendard, les idées et les principes jaillissant de vos esprits, jadis frondeurs.
 
Pétitionnant à tour de bras, dans un élan révolutionnaire, vous signiez des tribunes enflammées où vos titres étaient bien mis en évidence pour renforcer le crédit de votre posture et rallier les plus sceptiques à la noblesse de votre combat, à son caractère « désintéressé ».
 
En gardiens autoproclamés de la démocratie, en sentinelles de nos libertés, en défenseurs intrépides de nos droits, en vigies de notre réputation internationale et même… en procureurs du régime finissant.
 
En tête de gondole de l’époque, votre cible du moment, Macky Sall !
L’homme, un autocrate en sursis, un oppresseur en fin de règne à qui il fallait porter l’estocade.
 
Plus aucun répit ne lui était accordé, déployant votre indignation avec une ferveur quasi-religieuse, une attitude qui en disait long avec votre envie irrépressible d’en finir, de le bouter lui et ses sbires hors de notre champ visuel.
 
Qui ne crut à votre sincérité, à votre bonne foi, à votre amour, presque obsessionnel, pour la patrie et la République, pour la démocratie et ses valeurs ?
 
Mais voilà que l’histoire tourne une nouvelle page.
Que la République et la démocratie ouvrent un nouveau chapitre.
Le pouvoir change de main, un nouveau récit s’écrit et, soudain… silence radio.
 
Les plumes, comme tétanisées, se figent, les voix, sans le moindre trémolo annonciateur, se taisent subitement, les consciences s’assoupissent, suivant la direction des paupières qui se ferment pour que les yeux ne puissent rien voir.
 
Où sont donc passés ces indignés professionnels, ces pétitionnaires, résistants de la dernière heure ?
 
Pourquoi ce mutisme assourdissant face aux abus qui se multiplient sous la nouvelle ère ?
Pourquoi, brusquement, se borner la vue avec des œillères ?
 
Arrestations arbitraires, avec des délits sur mesure, pour protéger l’omnipotent premier ministre, limogeages sans fondement, reniements des grandes promesses de rupture pourtant clamées urbi et orbi.
 
Le port se noie en eaux troubles, jetant dans l’émoi et la consternation des centaines de travailleurs et leurs familles, l’Onas patauge en eaux boueuses, engluée qu’elle est dans des accusations de corruption, l’Aser peine à faire briller son faisceau lumineux dans l’environnement crasseux et ténébreux de la concussion.
 
Et comme si cela ne suffisait pas, la scélérate proposition de loi interprétative de l’amnistie vient enfoncer le sabre dans les plaies encore béantes de notre mémoire collective et de la peine des familles endeuillées et des victimes des macabres événements de 2021 à 2024.
 
Tout ce qu’ils dénonçaient hier, les voici qui l’observent, aujourd’hui, avec une prudence de circonstance, un silence complice, voire calculé.
 
De quoi ont-ils peur ? Ou alors, auraient-ils troqué leur audace et leur courage d’hier contre un strapontin ?
Leur indignation contre une attente patiente d’un retour d’ascenseur ? Seraient-ils devenus les courtisans des nouveaux maîtres, après avoir été les juges du pouvoir d’hier ?
 
La démocratie, mesdames et messieurs, ne se défend pas à la carte.
On ne choisit pas ses principes, ses idéaux et ses combats en fonction du locataire de l’avenue Roume.
 
Soit on est du côté de la vérité et de la justice, soit on est du côté des calculs, de l’opportunisme circonstancié et des compromissions.
 
Le courage ne se mesure pas à l’identité de l’oppresseur, ni au nombre de saillies contre un régime que l’on sait finissant, mais à la constance de l’engagement.
 
Pendant qu’on y est, dites-nous, quel héritage laissez-vous aux jeunes qui vous ont vus, admirés, imités ?
Que doivent-ils retenir de vous, de vos actes ?
Que la lutte pour la justice est une posture opportuniste, que nos prises de position doivent être à géométrie variable, qu’on s’indigne uniquement quand on n’a rien à perdre et qu’on se tait, au contraire, quand il faut préserver ses intérêts ?
Leur apprendrez-vous que l’intégrité n’est qu’un slogan de circonstance et que la vérité se négocie selon les rapports de force du moment ?
 
Et que dira la postérité de votre combat ? S’étonnera-t-elle de votre courage éphémère, de vos actes calculés ou rira-t-elle de votre conversion soudaine à la prudence ? L’histoire retiendra-t-elle que vous avez lutté pour des principes ou que vous avez simplement attendu votre heure ?
 
Répondez-nous, avant que le silence ne devienne votre seul et unique testament.
En attendant, faut-il laisser tanguer la barque et que vogue la galère ?
 


Mardi 18 Mars 2025 - 21:41


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