"Les stocks ne peuvent pas être écoulés pour la bonne et très simple raison que ces stocks ont été déjà dédouanés", Jean Claude Diop, de l'association des meuniers

La baisse du prix du pain annoncée à grande pompe risque d'être un feu de paille. Car il y a du plomb dans l'aile. Les meuniers s'estimant "lésés" dans ces négociations ne sont pas prêts à écouler les stocks de farine existants dans les silos. Jean Claude Diop, de l'association des meuniers apporte dans cet entretien des clarifications. Entretien.



Je voudrais préciser qu'il ne s'agit point d'un bras de fer. Je crois qu'il s'agit juste d'un complément d'informations qu'on sollicite de l'Etat pour pouvoir travailler en toute quiétude. Ce qui se passe c'est qu'il y a eu des rencontres entre le ministère du commerce,  les meuniers et la Primature en vue d'aller vers une baisse de la farine. Au finish au lieu d'une baisse de 15 FCFA on est allé vers une baisse de 25 FCFA. Et ces 25 Francs devraient coûter aux meuniers 4000 FCFA. 
Voilà, comment on nous a présenté cette baisse de 19 000 à 15 000 FCFA en disant qu'il y a 4000 FCFA à aller chercher quelque part.

Sur quoi avaient porté vos discussions?

L'Etat nous a dit dans un premier temps qu'il était prêt à renoncer à la TVA et aux droits de Douane. Ce qui représentait 1533 FCFA. Et nous avions tout simplement demandé qui allait prendre en charge le reliquat, à savoir 2645 FCFA. L'Etat nous avait demandé si c'était possible à notre niveau, naturellement, nous, nous n'avons pas les moyens de le faire et nous l'avons annoncé. Et le ministère avait promis de revenir pour nous dire exactement ce qui avait été retenu. 
Le jour du Conseil national de la consommation, nous avons appris comme tout le monde que le prix de 15200 FCFA était acté. Mais sans pour autant qu'on ait l'information relative à la prise en charge du reliquat. Et nous avons estimé sans cette information nous étions dans l'incapacité de vendre le sac à 15200 FCFA. Ceci représente le premier point.

 Et quels sont les points de divergences entre l'Etat et vous? 

Le deuxième point il s'y rajoute qu'il y a de la farine déjà produite avec un blé dédouané. Et des stocks de blé dédouanés qui sont dans les silos. Nous demandons également à l'Etat de nous apporter cette clarification qu'on puisse savoir quel est le sort qui est réservé à ce blé déjà dédouané. Et qui doit être une fois moulu revendu à 15200 FCA. Donc, nous attendons encore ces réponses pour pouvoir tout simplement procéder à la vente de la farine. Si toutefois, l'Etat s'engage à subventionner ces 2645 FCFA et à rembourser les droits de Douane.

Qu'en est-il des stocks déjà dédouanés?

Aujourd'hui, les stocks ne peuvent pas être écoulés pour la bonne et très simple raison que ces stocks ont été déjà dédouanés. Et sans une précision de l'Etat par rapport aux remboursements des stocks déjà dédouanés, nous ne sommes pas en mesure de vendre ce produit. En le vendant nous sommes sous le coup de la loi. C'est-à-dire qu'on vend à perte. Parce que la nouvelle structure qui a été mise en place et qui débouche sur 15200 FCFA ne prévoit pas de dédouanement sur le blé et ne prévoit aucune taxe sur le blé. Or nous avons actuellement des bateaux qui ont déjà été dédouanés. Nous avons déjà produit une partie les autres sont encore dans les silos. Donc, il est impossible de pouvoir commercialiser ce blé déjà dédouané si nous n'avons derrière la garantie d'être à l'abri de toute forme de répression liée à la vente à perte. 

Que préconisent les meuniers pour que l'on ne tombe pas dans une crise sans issue pour ce qui de ce secteur?

Nous attendons juste d'avoir des réponses aux questions qui ont été posés au ministre pour pouvoir être à l'aise par rapport aux ventes des produits qui ont été d'abord dédouanés. Dont on ne sait pas le sort de ces investissements qui ont été faits. Et le deuxième point concernant la différence qu'il y a entre la prise en charge des droits et taxes et le montant de 4000 FCFA qui va le prendre en charge et dans quelle condition. 
Ce sont juste ces deux question qui nous mobilisent. Et dès qu'on aura une idée claire sur la prise en charge de l'Etat de ces éléments. Nous serons à l'aise pour pouvoir redémarrer nos ventes et espérer tout simplement que les boulangers seront en phase avec les décisions qui ont été prises par le ministère du commerce.

Babou Diallo

Lundi 24 Juin 2024 18:36


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