Les Wolofs ont l'habitude de dire : "Galouk doof dou terr", signifiant "la pirogue du fou ne débarque point", autrement dit, le fou ne se prive pas de limites dans sa folie. Le Dr Cheikh Omar Diagne, dans son analyse des tirailleurs sénégalais, semble avoir choisi d'ignorer le contexte historique et de dénigrer l'héroïsme de ces soldats, en réduisant leur engagement à une simple quête de miettes.
Son discours néglige non seulement les complexités du passé, mais aussi les valeurs humaines et historiques qui traversent cette histoire, dénaturant ainsi la véritable portée du sacrifice des tirailleurs.
Dans ses propos, Cheikh Omar Diagne qualifie les tirailleurs sénégalais de "traîtres", les présentant comme des mercenaires ou des "chasseurs de primes". Une telle vision réductrice et déformée de l'histoire des tirailleurs ignore les réalités contextuelles, les enjeux de leur engagement, ainsi que les multiples dimensions de leur lutte.
Les tirailleurs n'étaient pas simplement des instruments de la colonisation, mais des combattants aux motivations variées, confrontés à des contraintes sociales, politiques et économiques qu'ils ont dû affronter.
Ainsi, le Dr Diagne cherche non seulement à nuire à l'hommage rendu aux tirailleurs, mais aussi à réduire à néant le travail de reconnaissance entrepris par l'État, notamment à travers les cérémonies du 80e anniversaire du massacre de Thiaroye en 1944, ainsi que les efforts du président de la République, du gouvernement et des éminents Sénégalais du comité scientifique, dont les professeurs Mamadou Diouf et Felwine Sarr, pour ne citer qu’eux.
La thèse de Diagne ne se contente pas de réduire l'histoire des tirailleurs, elle cherche à effacer l'importance de leur sacrifice et à délégitimer des années de réflexion sur leur engagement, engagement qui, bien que souvent imposé, portait aussi des aspirations de dignité et de solidarité humaine.
En adoptant une approche simpliste et dévalorisante, le Dr Diagne omet de prendre en compte la complexité de leur histoire.
Une Lecture Historique Manquante de Nuances !
Le Dr Diagne semble ignorer les trois éléments fondamentaux de toute analyse historique rigoureuse : le "contexte", les "perspectives" et le "paradigme". Dans son approche, il néglige l'importance de replacer les faits dans leur cadre historique et culturel et manque de recul critique pour comprendre pleinement les implications des événements qu'il évoque.
Sans ces éléments essentiels, ses propos apparaissent comme des généralisations hâtives, dépourvues de nuance et révélatrices d'un déficit de compréhension historique.
Le bataillon des tirailleurs sénégalais fut effectivement créé par décret de Napoléon III en 1857, mais au Sénégal, il fut confié au gouverneur Louis Léon Faidherbe, et non en 1854 comme l'indique erronément Diagne.
Leur recrutement pour la Première Guerre mondiale (1914-1918) a été facilité par le colonel Magin, qui fut le premier à théoriser l'implication de ces soldats africains dans les conflits européens dans son ouvrage "La Garde Noire" publié en 1910.
Cette participation ne fut pas une simple question d'argent, comme le prétend le Dr Diagne, mais une réalité tragique et complexe qui mérite une analyse plus approfondie.
Les tirailleurs sénégalais ont été recrutés à la fois de manière volontaire et forcée, selon des contextes très différents.
Contexte Social et Politique des Recrutements !
Les citoyens des quatre communes majeures (Dakar, Saint-Louis, Gorée et Rufisque) furent, dès 1848, les premiers à obtenir la citoyenneté française sous l'Empire de Napoléon III, et étaient donc tenus de participer à la guerre.
En dehors de ces communes, les territoires dits "indigènes" étaient souvent soumis à des méthodes de recrutement forcé.
Toutefois, cette réalité a été nuancée par l’action de Blaise Diagne (1872-1934), qui parvint à convaincre une partie de la population sénégalaise de rejoindre l'armée française.
En tant que député, Diagne utilisa son influence pour dissiper le mythe de l'invincibilité de l'homme blanc et proposa de combattre aux côtés des Français afin de conquérir des droits civiques et améliorer la situation des Africains dans le cadre colonial.
En tout, environ 63 000 tirailleurs sénégalais furent recrutés dans toute l'Afrique occidentale française.
Leur participation à la Première Guerre mondiale leur permettait de se confronter à une réalité souvent ignorée : les soldats blancs n’étaient ni invincibles ni divins. Ils étaient, eux aussi, faibles et mortels.
Cette prise de conscience a constitué un tournant dans la construction de la conscience politique et sociale des populations africaines.
L'une des conséquences majeures fut l'engagement de ces soldats et de leurs compatriotes dans les luttes pour l'indépendance qui ont marqué la seconde moitié du 20e siècle, de la Seconde Guerre mondiale aux mouvements de décolonisation.
Un Impact Historique Majeur !
Les tirailleurs sénégalais ont donc joué un rôle crucial non seulement dans les deux guerres mondiales, mais aussi dans la lutte pour la libération de l'Afrique.
Leur bravoure et leurs sacrifices ont été reconnus, tant sur le plan militaire que symbolique.
L’oubli de ces héros, souvent relégués au statut de "mercenaires" comme le fait Diagne, est une forme d'injustice historique qui ne rend pas justice à leur histoire.
Une Question de Responsabilité : Le Devoir du Président de la République !
En tant que petit-fils et disciple de nos vaillants grands-parents, Falilou Fall, fils aîné de Cheikh Ibra Fall, et Hamet Sy, de notre vénéré érudit El Malick Sy, je condamne et m'oppose de la manière la plus ferme aux propos irrespectueux, mensongers et dénigrants du Dr Cheikh Omar Diagne.
Nos grands-parents, tous deux tirailleurs sénégalais, sont morts durant la Première Guerre mondiale.
Leur sacrifice, et celui de milliers d'autres tirailleurs, a marqué l'histoire de notre nation et du monde. Ce n'est pas seulement un héritage familial, mais un devoir de mémoire.
Il est désormais du devoir du président de la République de prendre ses responsabilités républicaines face à de telles dérives discursives. En effet, le Dr Cheikh Omar Diagne a été nommé par décret présidentiel.
Est-il donc impératif de maintenir un tel individu auprès de l'État, alors qu'il semble ignorer les nuances historiques et les fondements mêmes de notre mémoire collective ?
Par Cheikh Djibril Kane, historien-culturaliste
Son discours néglige non seulement les complexités du passé, mais aussi les valeurs humaines et historiques qui traversent cette histoire, dénaturant ainsi la véritable portée du sacrifice des tirailleurs.
Dans ses propos, Cheikh Omar Diagne qualifie les tirailleurs sénégalais de "traîtres", les présentant comme des mercenaires ou des "chasseurs de primes". Une telle vision réductrice et déformée de l'histoire des tirailleurs ignore les réalités contextuelles, les enjeux de leur engagement, ainsi que les multiples dimensions de leur lutte.
Les tirailleurs n'étaient pas simplement des instruments de la colonisation, mais des combattants aux motivations variées, confrontés à des contraintes sociales, politiques et économiques qu'ils ont dû affronter.
Ainsi, le Dr Diagne cherche non seulement à nuire à l'hommage rendu aux tirailleurs, mais aussi à réduire à néant le travail de reconnaissance entrepris par l'État, notamment à travers les cérémonies du 80e anniversaire du massacre de Thiaroye en 1944, ainsi que les efforts du président de la République, du gouvernement et des éminents Sénégalais du comité scientifique, dont les professeurs Mamadou Diouf et Felwine Sarr, pour ne citer qu’eux.
La thèse de Diagne ne se contente pas de réduire l'histoire des tirailleurs, elle cherche à effacer l'importance de leur sacrifice et à délégitimer des années de réflexion sur leur engagement, engagement qui, bien que souvent imposé, portait aussi des aspirations de dignité et de solidarité humaine.
En adoptant une approche simpliste et dévalorisante, le Dr Diagne omet de prendre en compte la complexité de leur histoire.
Une Lecture Historique Manquante de Nuances !
Le Dr Diagne semble ignorer les trois éléments fondamentaux de toute analyse historique rigoureuse : le "contexte", les "perspectives" et le "paradigme". Dans son approche, il néglige l'importance de replacer les faits dans leur cadre historique et culturel et manque de recul critique pour comprendre pleinement les implications des événements qu'il évoque.
Sans ces éléments essentiels, ses propos apparaissent comme des généralisations hâtives, dépourvues de nuance et révélatrices d'un déficit de compréhension historique.
Le bataillon des tirailleurs sénégalais fut effectivement créé par décret de Napoléon III en 1857, mais au Sénégal, il fut confié au gouverneur Louis Léon Faidherbe, et non en 1854 comme l'indique erronément Diagne.
Leur recrutement pour la Première Guerre mondiale (1914-1918) a été facilité par le colonel Magin, qui fut le premier à théoriser l'implication de ces soldats africains dans les conflits européens dans son ouvrage "La Garde Noire" publié en 1910.
Cette participation ne fut pas une simple question d'argent, comme le prétend le Dr Diagne, mais une réalité tragique et complexe qui mérite une analyse plus approfondie.
Les tirailleurs sénégalais ont été recrutés à la fois de manière volontaire et forcée, selon des contextes très différents.
Contexte Social et Politique des Recrutements !
Les citoyens des quatre communes majeures (Dakar, Saint-Louis, Gorée et Rufisque) furent, dès 1848, les premiers à obtenir la citoyenneté française sous l'Empire de Napoléon III, et étaient donc tenus de participer à la guerre.
En dehors de ces communes, les territoires dits "indigènes" étaient souvent soumis à des méthodes de recrutement forcé.
Toutefois, cette réalité a été nuancée par l’action de Blaise Diagne (1872-1934), qui parvint à convaincre une partie de la population sénégalaise de rejoindre l'armée française.
En tant que député, Diagne utilisa son influence pour dissiper le mythe de l'invincibilité de l'homme blanc et proposa de combattre aux côtés des Français afin de conquérir des droits civiques et améliorer la situation des Africains dans le cadre colonial.
En tout, environ 63 000 tirailleurs sénégalais furent recrutés dans toute l'Afrique occidentale française.
Leur participation à la Première Guerre mondiale leur permettait de se confronter à une réalité souvent ignorée : les soldats blancs n’étaient ni invincibles ni divins. Ils étaient, eux aussi, faibles et mortels.
Cette prise de conscience a constitué un tournant dans la construction de la conscience politique et sociale des populations africaines.
L'une des conséquences majeures fut l'engagement de ces soldats et de leurs compatriotes dans les luttes pour l'indépendance qui ont marqué la seconde moitié du 20e siècle, de la Seconde Guerre mondiale aux mouvements de décolonisation.
Un Impact Historique Majeur !
Les tirailleurs sénégalais ont donc joué un rôle crucial non seulement dans les deux guerres mondiales, mais aussi dans la lutte pour la libération de l'Afrique.
Leur bravoure et leurs sacrifices ont été reconnus, tant sur le plan militaire que symbolique.
L’oubli de ces héros, souvent relégués au statut de "mercenaires" comme le fait Diagne, est une forme d'injustice historique qui ne rend pas justice à leur histoire.
Une Question de Responsabilité : Le Devoir du Président de la République !
En tant que petit-fils et disciple de nos vaillants grands-parents, Falilou Fall, fils aîné de Cheikh Ibra Fall, et Hamet Sy, de notre vénéré érudit El Malick Sy, je condamne et m'oppose de la manière la plus ferme aux propos irrespectueux, mensongers et dénigrants du Dr Cheikh Omar Diagne.
Nos grands-parents, tous deux tirailleurs sénégalais, sont morts durant la Première Guerre mondiale.
Leur sacrifice, et celui de milliers d'autres tirailleurs, a marqué l'histoire de notre nation et du monde. Ce n'est pas seulement un héritage familial, mais un devoir de mémoire.
Il est désormais du devoir du président de la République de prendre ses responsabilités républicaines face à de telles dérives discursives. En effet, le Dr Cheikh Omar Diagne a été nommé par décret présidentiel.
Est-il donc impératif de maintenir un tel individu auprès de l'État, alors qu'il semble ignorer les nuances historiques et les fondements mêmes de notre mémoire collective ?
Par Cheikh Djibril Kane, historien-culturaliste