La décision de fermeture des bases militaires au Sénégal devrait être effective au plus tard le 4 avril 2010, dans le cadre de la signature d'un nouvel accord qui remplacera celui du 29 mars 1974. Il aura fallu d'âpres négociations pour en arriver à cette décision synonyme de déchirure pour les français. Les exigences sénégalaises ont paru inacceptables pour la France. Le Sénégal voudrait simplement reprendre les 300 hectares de terre qui constituent l'emprise de la base militaire de Bel Air. D'importants projets immobiliers sont prévus sur ce coin de Dakar, qui surplombe la baie de Hann et donne une vue sur l'Atlantique et l'île de Gorée. Les autorités sénégalaises ont alors proposé de céder des terres à l'Armée française pour une nouvelle implantation dans la région de Thiès (70 kilomètres à l'est de Dakar). Hervé Morin,ministre français de la défense, a expliqué au Président Wade que cette proposition n'était pas recevable, considérant que Dakar offrait plus d'intérêt stratégique pour l'Armée française.
En annonçant la décision prise ‘de commun accord', la présidence de la République du Sénégal a indiqué que la présence de l'Armée française au Sénégal, après plus de cinquante ans d'indépendance, n'est plus compréhensible. Il avait affirmé en mai 2008 que le Sénégal ‘ne serait pas le dernier pays à maintenir une base militaire française en Afrique'. ‘Il ne peut pas y avoir d'agressions extérieures. J'ai beau réfléchir, je ne vois pas qui peut agresser le Sénégal', avait-il souligné. Cet alibi de la souveraineté nationale étrangle de rage les militaires français. ‘Souveraineté nationale, mon œil ! Si tant est que le Sénégal voudrait nous faire partir pour des raisons de souveraineté nationale, pourquoi nous propose-t-on d'aller réimplanter la base de notre unité opérationnelle du 23e Bataillon d'infanterie marine (Bima) de Bel Air?', fulmine un officier français.
Il faut dire que la partie française savait, depuis belle lurette, les dès pipés et les positions inconciliables. C'est pourquoi Hervé Morin s'était déplacé pour officiellement porter un message du Président Nicolas Sarkozy à son homologue sénégalais, lui confirmant la décision de fermer la base de Dakar. En fait, le Président français devra annoncer une telle décision mercredi prochain 24 février 2010 à Libreville, au Gabon. La partie sénégalaise n'a pas, elle non plus, voulu être en reste. Le porte-parole du Président Wade, Mamadou Bamba Ndiaye, publia un communiqué dans la soirée de jeudi dernier, à partir de Bamako pour revendiquer l'initiative de la rupture en alléguant des considérations de souveraineté nationale. Le communiqué de presse a pris de court les autorités françaises. Ainsi, des sources anonymes à l'Hôtel de Brienne, siège du ministère français de la Défense à Paris, s'empressaient de préciser que ‘le concept de bases militaires a vécu. On va vers la mise en place d'un pôle de coopération régionale. Les détails de la mise en œuvre doivent encore faire l'objet de discussions avec la partie sénégalaise'. C'est dire que les Français resteront partiellement au Sénégal et leur point de fixation devrait être la base aérienne de Ouakam, communément appelée DA 160.
Déjà en 2005, lors d'une visite à Dakar, le Président Chirac, titillé par le Président Wade, montrait son irritation sur cette question : ‘la France ne s'accrocherait pas surtout si on lui demandait de partir'. Le débat sur les cinq bases militaires françaises en Afrique [Djibouti, Dakar, Ndjamena, Libreville et Abidjan, ainsi que l'opération ‘Licorne' au Togo], avait alors ressurgi. Les déboires de l'Armée française en Côte d'ivoire et les considérations budgétaires, poussaient l'opinion publique française à s'interroger sur l'opportunité de maintenir une présence militaire française avec des dépenses de plus d'un milliard d'euros. C'est dans un tel contexte que le Président Sarkozy déclarait en visite au Cap en Afrique du Sud, le 28 février 2008, que la France allait étudier les modalités de son désengagement militaire en Afrique.
Cette perspective inquiète les Forces françaises du Cap-Vert. Le général Paulus insiste pour vanter les ‘avantages comparatifs' de la base de Dakar, sans minimiser pour autant les atouts de Libreville [Gabon]. ‘La France maintient en permanence dans le golfe de Guinée un bâtiment de guerre pour porter assistance à ses ressortissants en cas de tension aiguë. Si l'on devait fermer l'une de ces bases, ce navire devrait alors couvrir quinze pays au lieu de dix actuellement, de la Mauritanie jusqu'au Mozambique...'.
Le Sénégal ne manquera pas de subir les conséquences du départ des 1 200 hommes des FFCV. Outre les nombreux emplois domestiques, plus de quatre cent techniciens et ouvriers sénégalais travaillent pour les Forces françaises du Cap-Vert. L'impact économique négatif sera très important, tant du point de vue de la perte d'emplois directs que du recul de la consommation. Les conséquences sociales et d'ordre sécuritaire ne manquent pas non plus, car l'efficace coup de main des militaires français en cas de grands sinistres au Sénégal n'a jamais fait défaut. Aussi, la perspective du départ de l'Armée française n'enchante pas de nombreux officiers sénégalais. Un colonel d'infanterie proteste : ‘C'est quoi cette histoire ? On chasse les Français pour prendre des terres qu'on donnera à des spéculateurs fonciers, comme cela avait été le cas avec les terres de l'aéroport. Dire que les milliards récoltés avec la vente des terres de l'aéroport n'ont pas profité au Trésor public ... On risque de faire la même chose avec les terres de Bel Air. On croit qu'en donnant des parcelles aux généraux, cela va calmer la troupe.'
Bien qu'elle clame urbi et orbi avoir rompu avec les méthodes de la Françafrique du temps des Foccart, la France ne serait-elle pas moins tentée d'encourager ces grincements de dents ? Il faut dire que les intérêts français au Sénégal sont de façon régulière et systématique remis en cause.
En annonçant la décision prise ‘de commun accord', la présidence de la République du Sénégal a indiqué que la présence de l'Armée française au Sénégal, après plus de cinquante ans d'indépendance, n'est plus compréhensible. Il avait affirmé en mai 2008 que le Sénégal ‘ne serait pas le dernier pays à maintenir une base militaire française en Afrique'. ‘Il ne peut pas y avoir d'agressions extérieures. J'ai beau réfléchir, je ne vois pas qui peut agresser le Sénégal', avait-il souligné. Cet alibi de la souveraineté nationale étrangle de rage les militaires français. ‘Souveraineté nationale, mon œil ! Si tant est que le Sénégal voudrait nous faire partir pour des raisons de souveraineté nationale, pourquoi nous propose-t-on d'aller réimplanter la base de notre unité opérationnelle du 23e Bataillon d'infanterie marine (Bima) de Bel Air?', fulmine un officier français.
Il faut dire que la partie française savait, depuis belle lurette, les dès pipés et les positions inconciliables. C'est pourquoi Hervé Morin s'était déplacé pour officiellement porter un message du Président Nicolas Sarkozy à son homologue sénégalais, lui confirmant la décision de fermer la base de Dakar. En fait, le Président français devra annoncer une telle décision mercredi prochain 24 février 2010 à Libreville, au Gabon. La partie sénégalaise n'a pas, elle non plus, voulu être en reste. Le porte-parole du Président Wade, Mamadou Bamba Ndiaye, publia un communiqué dans la soirée de jeudi dernier, à partir de Bamako pour revendiquer l'initiative de la rupture en alléguant des considérations de souveraineté nationale. Le communiqué de presse a pris de court les autorités françaises. Ainsi, des sources anonymes à l'Hôtel de Brienne, siège du ministère français de la Défense à Paris, s'empressaient de préciser que ‘le concept de bases militaires a vécu. On va vers la mise en place d'un pôle de coopération régionale. Les détails de la mise en œuvre doivent encore faire l'objet de discussions avec la partie sénégalaise'. C'est dire que les Français resteront partiellement au Sénégal et leur point de fixation devrait être la base aérienne de Ouakam, communément appelée DA 160.
Déjà en 2005, lors d'une visite à Dakar, le Président Chirac, titillé par le Président Wade, montrait son irritation sur cette question : ‘la France ne s'accrocherait pas surtout si on lui demandait de partir'. Le débat sur les cinq bases militaires françaises en Afrique [Djibouti, Dakar, Ndjamena, Libreville et Abidjan, ainsi que l'opération ‘Licorne' au Togo], avait alors ressurgi. Les déboires de l'Armée française en Côte d'ivoire et les considérations budgétaires, poussaient l'opinion publique française à s'interroger sur l'opportunité de maintenir une présence militaire française avec des dépenses de plus d'un milliard d'euros. C'est dans un tel contexte que le Président Sarkozy déclarait en visite au Cap en Afrique du Sud, le 28 février 2008, que la France allait étudier les modalités de son désengagement militaire en Afrique.
Cette perspective inquiète les Forces françaises du Cap-Vert. Le général Paulus insiste pour vanter les ‘avantages comparatifs' de la base de Dakar, sans minimiser pour autant les atouts de Libreville [Gabon]. ‘La France maintient en permanence dans le golfe de Guinée un bâtiment de guerre pour porter assistance à ses ressortissants en cas de tension aiguë. Si l'on devait fermer l'une de ces bases, ce navire devrait alors couvrir quinze pays au lieu de dix actuellement, de la Mauritanie jusqu'au Mozambique...'.
Le Sénégal ne manquera pas de subir les conséquences du départ des 1 200 hommes des FFCV. Outre les nombreux emplois domestiques, plus de quatre cent techniciens et ouvriers sénégalais travaillent pour les Forces françaises du Cap-Vert. L'impact économique négatif sera très important, tant du point de vue de la perte d'emplois directs que du recul de la consommation. Les conséquences sociales et d'ordre sécuritaire ne manquent pas non plus, car l'efficace coup de main des militaires français en cas de grands sinistres au Sénégal n'a jamais fait défaut. Aussi, la perspective du départ de l'Armée française n'enchante pas de nombreux officiers sénégalais. Un colonel d'infanterie proteste : ‘C'est quoi cette histoire ? On chasse les Français pour prendre des terres qu'on donnera à des spéculateurs fonciers, comme cela avait été le cas avec les terres de l'aéroport. Dire que les milliards récoltés avec la vente des terres de l'aéroport n'ont pas profité au Trésor public ... On risque de faire la même chose avec les terres de Bel Air. On croit qu'en donnant des parcelles aux généraux, cela va calmer la troupe.'
Bien qu'elle clame urbi et orbi avoir rompu avec les méthodes de la Françafrique du temps des Foccart, la France ne serait-elle pas moins tentée d'encourager ces grincements de dents ? Il faut dire que les intérêts français au Sénégal sont de façon régulière et systématique remis en cause.
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