Excellence, Monsieur le Président,
Le 30 avril 2012, votre gouvernement a écrit une nouvelle page dans l’histoire de la lutte contre l’une des principales menaces qui pèsent sur nos océans: la surpêche. Votre courageuse décision de mettre fin aux activités des chalutiers pélagiques étrangers dans les eaux sénégalaises a été un message très fort, entendu à travers le monde entier.
L’importance d’un tel acte est à mesurer selon plusieurs angles :
Sur le plan socio-économique, les petits pélagiques (sardinelles –«Yaboy» -, chinchards, maquereaux, entre autres) constituent, dans toute la région, la principale ressource exploitée par les pêcheurs locaux qui y trouvent une importante source de revenus et d’emplois. Leur transformation (séchage, fumage et salage) assure des revenus à des milliers de personnes, spécialement à certains groupes vulnérables et notamment les femmes. La disparition de ces pêcheries engendrerait des conséquences politiques, sociales et économiques incommensurables dans toute la sous-région.
Sur le plan de la sécurité alimentaire, l’importance de ces ressources n’est plus à démontrer. Les petits pélagiques constituent, du fait de leur coût accessible, la principale source de protéine animale pour la majorité des populations, les plus démunies en particulier.
Sur le plan écologique, cette décision est intervenue au moment où toutes les évaluations scientifiques disponibles dans la région font état de la situation critique des stocks de petits pélagiques. Il est évident que si rien n’est fait pour permettre à ces stocks, déjà victimes de la surpêche, de se régénérer, nous nous dirigerons vers un effondrement inéluctable de ces ressources ainsi que de toutes les espèces marines dont elles constituent les proies au long de la chaine alimentaire.
En conséquence, nous vous appelons à maintenir cette décision pour la bonne santé des pêcheries sénégalaises et le mieux-être des communautés qui en dépendent, et ceci tant que des études scientifiques documentées et indépendantes ne soient en mesure de prouver que le stock est capable de supporter une exploitation supplémentaire sans mettre en péril ni la ressource ni l’activité des pêcheurs locaux.
Enfin, étant donné le caractère partagé de ces ressources, les mesures que vous avez prises au Sénégal ne porteront réellement leurs fruits que lorsqu’une prise de conscience semblable sera établie au niveau régional. Cette conscience est déjà partagée par les institutions régionales comme la COPACE (Comité des pêches pour l’Atlantique Centre-Est), un organe mis en place par la FAO (Organisation des Nations unies pour l’Alimentation et l’Agriculture) et la CSRP (Commission Sous- Régionale des Pêches) dont les différentes recommandations concernant les petits pélagiques vont dans le même sens que votre décision.
Dans le domaine de la gouvernance des pêches, le Sénégal a toujours fait partie de l’avant- garde et a grandement contribué, au milieu des années 70, à la mise en place, à l’hébergement et à l’animation de ce qui aller devenir, plus tard, la CSRP.
Ainsi, nous nous permettons de vous solliciter afin de faire tout ce qui est en votre pouvoir pour convaincre vos homologues de la région en vue de prendre, des dispositions allant dans le même sens, et de renforcer les outils existants pour une action concertée au niveau communautaire.
Ont signé:
1. Dr Alassane Samba, Chercheur, ancien Directeur du CRODT, Sénégal
2. Dr Cheikhna Diebakaté, Université Cheikh Anta Diop, Sénégal
3. Dr. Alassane Sarr, UCAD, Sénégal
4. Dr. Papa Samba Diouf, WWF, Sénégal
5. Dr Ahmed Mahmoud Chérif, Mauritanie,
6. M. Kisekelwa Tchalondawa, PhD student at Katholieke Universiteit Leuven, Belgique
7. Dr. Dirk F.E. Thys van den Audenaerde, KUL and Africa Museum, Belgique
8. Dr. Emmanuel Vreven, Royal Museum for Central Africa, Belgique
9. Dr. Fabio Di Dario, Federal University of Rio de Janeiro, Brésil
10. Dr. Flávia Lucena Frédou, UFRPE - Departamento do Pesca e Aquicultura, Brésil
11. Dr Daniel Pauly, University of British Columbia, Canada,
12. Dr Rachid Sumaila, University of British Columbia, Nigeria/Canada,
13. Dr Philippe Cury, Ifremer – IRD, France,
14. Dr Jean Félicien Liwouwou, Institut de Recherches Agronomiques et Forestières, Gabon
15. Dr Jan Michael Vakily, Joint Research Center, Allemagne,
16. Dr Dyhia Belhabib, Sea Around Us Project, University of British Columbia, Canada
17. Associate Professor Moenieba Isaacs, Institute for Poverty, Land and Agrarian Studies (PLAAS), University of the Western Cape, South Africa
Le 30 avril 2012, votre gouvernement a écrit une nouvelle page dans l’histoire de la lutte contre l’une des principales menaces qui pèsent sur nos océans: la surpêche. Votre courageuse décision de mettre fin aux activités des chalutiers pélagiques étrangers dans les eaux sénégalaises a été un message très fort, entendu à travers le monde entier.
L’importance d’un tel acte est à mesurer selon plusieurs angles :
Sur le plan socio-économique, les petits pélagiques (sardinelles –«Yaboy» -, chinchards, maquereaux, entre autres) constituent, dans toute la région, la principale ressource exploitée par les pêcheurs locaux qui y trouvent une importante source de revenus et d’emplois. Leur transformation (séchage, fumage et salage) assure des revenus à des milliers de personnes, spécialement à certains groupes vulnérables et notamment les femmes. La disparition de ces pêcheries engendrerait des conséquences politiques, sociales et économiques incommensurables dans toute la sous-région.
Sur le plan de la sécurité alimentaire, l’importance de ces ressources n’est plus à démontrer. Les petits pélagiques constituent, du fait de leur coût accessible, la principale source de protéine animale pour la majorité des populations, les plus démunies en particulier.
Sur le plan écologique, cette décision est intervenue au moment où toutes les évaluations scientifiques disponibles dans la région font état de la situation critique des stocks de petits pélagiques. Il est évident que si rien n’est fait pour permettre à ces stocks, déjà victimes de la surpêche, de se régénérer, nous nous dirigerons vers un effondrement inéluctable de ces ressources ainsi que de toutes les espèces marines dont elles constituent les proies au long de la chaine alimentaire.
En conséquence, nous vous appelons à maintenir cette décision pour la bonne santé des pêcheries sénégalaises et le mieux-être des communautés qui en dépendent, et ceci tant que des études scientifiques documentées et indépendantes ne soient en mesure de prouver que le stock est capable de supporter une exploitation supplémentaire sans mettre en péril ni la ressource ni l’activité des pêcheurs locaux.
Enfin, étant donné le caractère partagé de ces ressources, les mesures que vous avez prises au Sénégal ne porteront réellement leurs fruits que lorsqu’une prise de conscience semblable sera établie au niveau régional. Cette conscience est déjà partagée par les institutions régionales comme la COPACE (Comité des pêches pour l’Atlantique Centre-Est), un organe mis en place par la FAO (Organisation des Nations unies pour l’Alimentation et l’Agriculture) et la CSRP (Commission Sous- Régionale des Pêches) dont les différentes recommandations concernant les petits pélagiques vont dans le même sens que votre décision.
Dans le domaine de la gouvernance des pêches, le Sénégal a toujours fait partie de l’avant- garde et a grandement contribué, au milieu des années 70, à la mise en place, à l’hébergement et à l’animation de ce qui aller devenir, plus tard, la CSRP.
Ainsi, nous nous permettons de vous solliciter afin de faire tout ce qui est en votre pouvoir pour convaincre vos homologues de la région en vue de prendre, des dispositions allant dans le même sens, et de renforcer les outils existants pour une action concertée au niveau communautaire.
Ont signé:
1. Dr Alassane Samba, Chercheur, ancien Directeur du CRODT, Sénégal
2. Dr Cheikhna Diebakaté, Université Cheikh Anta Diop, Sénégal
3. Dr. Alassane Sarr, UCAD, Sénégal
4. Dr. Papa Samba Diouf, WWF, Sénégal
5. Dr Ahmed Mahmoud Chérif, Mauritanie,
6. M. Kisekelwa Tchalondawa, PhD student at Katholieke Universiteit Leuven, Belgique
7. Dr. Dirk F.E. Thys van den Audenaerde, KUL and Africa Museum, Belgique
8. Dr. Emmanuel Vreven, Royal Museum for Central Africa, Belgique
9. Dr. Fabio Di Dario, Federal University of Rio de Janeiro, Brésil
10. Dr. Flávia Lucena Frédou, UFRPE - Departamento do Pesca e Aquicultura, Brésil
11. Dr Daniel Pauly, University of British Columbia, Canada,
12. Dr Rachid Sumaila, University of British Columbia, Nigeria/Canada,
13. Dr Philippe Cury, Ifremer – IRD, France,
14. Dr Jean Félicien Liwouwou, Institut de Recherches Agronomiques et Forestières, Gabon
15. Dr Jan Michael Vakily, Joint Research Center, Allemagne,
16. Dr Dyhia Belhabib, Sea Around Us Project, University of British Columbia, Canada
17. Associate Professor Moenieba Isaacs, Institute for Poverty, Land and Agrarian Studies (PLAAS), University of the Western Cape, South Africa
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