Lorsqu’au lendemain de son investiture, le Président Macky SALL a annoncé urbi et orbi qu’il allait réduire son mandat en cours pour le ramener de 7 à 5 ans, comme il l’avait promis dans son programme de campagne, les sénégalais, en majorité, ont applaudi, reconnaissant en cela, les premiers signes de la rupture ardemment attendue, face aux multiples dérives de son prédécesseur. Le Président Macky SALL a plusieurs fois réitéré de manière solennelle cet engagement, malgré les réticences exprimées par certains responsables de son parti.
Aussi, quelle ne fut notre surprise d’apprendre, il y a quelques jours, sa volonté annoncée de l’étranger et devant des médiats encore étrangers, de recourir à la voie référendaire pour soumettre au peuple sénégalais une décision qu’il avait déjà lui-même souverainement prise. Cette procédure, bien que prévue par l’article 27 de notre Constitution, présentée comme étant la plus achevée d’une démocratie, nous semble cependant n’être qu’une dérobade, qu’un leurre, un ‘‘wax waxeet’’, procédés dont les sénégalais se souviennent de sinistre mémoire. Ainsi, Monsieur Macky SALL, faisant encore une fois preuve de son grand courage et de sa fermeté légendaires, entend transférer au peuple une décision qui lui incombe, parce qu’il en a pris solennellement l’engagement.
Les sénégalais se sont révoltés, le 23 juin 2011, lorsque le Président de la République a voulu, par un forcing inoui, faire entériner par l’Assemblée nationale, chambre d’enregistrement comme elle ne l’aura jamais été, son funeste projet de révision de la Constitution. A cette occasion, les constitutionnalistes et les médiats de notre pays, se sont plu à rappeler les révisions constitutionnelles adoptées par l’Assemblée nationale depuis notre accession à la souveraineté internationale ; ils les ont classées en deux catégories : les constructives parce que marquant un progrès dans le renforcement de la démocratie, les déconstructives parce qu’infligeant au peuple un recul en la matière.
Sur ces bases, tout esprit honnête reconnaitra qu’autant faire procéder à une révision déconstructive par l’Assemblée nationale, enlève à cet acte la légitimité qui doit accompagner la légalité, autant elle suffit amplement pour l’adoption d’une révision constructive en y ajoutant l’économie des importants coûts d’un référendum : manifestement, nous sommes dans ce cas de figure ; un tel projet, présenté à l’Assemblée nationale, où le Président dispose d’une majorité plus que confortable, a toutes les chances d’être adopté à la majorité absolue des 3/5(soit 90 voix) comme en dispose l’article 103 de notre Constitution, d’autant que sans aucun doute, toute l’opposition voterait cette aubaine les yeux fermés, y trouvant l’opportunité de retourner à la conquête du pouvoir, avec l’espoir de le conquérir 2 ans avant la date prévue par l’actuelle Constitution ; en outre, convaincre 5 députés sur les quelque 65 dont dispose le parti du Président , de voter le projet de révision, ne semble pas relever des travaux d’Hercule.
Alors, où est le problème ?
Si par la voie de l’Assemblée, le projet de loi de révision serait adopté avec une quasi certitude, la voie référendaire offre quant à elle deux possibilités : Les Sénégalais en masse répondent oui à la proposition, le Président utilisera ce résultat pour se glorifier d’une prétendue adhésion du peuple à sa politique, à sa personne. Les Sénégalais votent non parce que le Président, son entourage et tous les tenants de son régime, notamment ceux ouvertement opposés à cette réforme, qu’il n’a jamais osé, pu ou voulu faire taire, auront publiquement ou de manière insidieuse, fait campagne pour cela, alors, ils auront beau jeu de dire qu’ils s’en sont remis à la décision du peuple souverain, qui a décidé le maintien du statu quo des 7 ans de mandat.
En vérité, tout cela, manifestement, relève de manœuvres politiciennes et pernicieuses à la petite semaine, auxquelles on nous a tristement habitués depuis 14 ans et non de la vision de Grand homme d’Etat que les sénégalais, légitiment, avec patience mais avec espoir, attendent de leurs dirigeants. Nous souhaiterions que tous les compatriotes éclairés et de bonne foi montent au créneau, pour empêcher ce nouveau ‘‘wax waxeet’’ et amènent le Président de la République à recourir à la procédure la plus simple, la plus rapide, la plus claire et enfin à celle qui économise les deniers de l’Etat, denrée rare en ces périodes de diète financière. Le Président de la République pourra alors, ensuite et à juste titre, cette fois, réserver le référendum aux conclusions de la Commission Nationale de Réforme des Institutions (CNRI).
Dakar, le 11 août 2014
Pour le Parti ‘‘Citoyens pour l’Ethique
et la Transparence/ Jariñ Sama Reew’’
(CET / JARIÑ SAMA REEW)
Le Président, Moussa TOURE
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