Liban: les civils coincés après le bombardement israélien du passage vers la Syrie

Les bombardements aériens israéliens sur le Liban se poursuivent et s'intensifient dans de nombreuses villes du pays. Jeudi 3 octobre au matin, le point névralgique du poste-frontière de Masnaa entre le Liban et la Syrie a été frappé à trois reprises, entraînant la fermeture de cette route vitale, notamment pour les réfugiés. Plus de 200 000 personnes ont quitté ces derniers jours le Liban par ce point de passage. Les civils qui restent se retrouvent coincés et craignent de nouvelles attaques sur cette zone censée être sécurisée.



Du jour au lendemain, Masnaa a cessé d’être la fourmilière humaine qu’elle est habituellement. La veille encore, à ce point de passage vital entre le Liban et la Syrie, des norias de camions et de voitures se déployaient dans les deux sens. « La route est fermée à cause de la frappe, s'agace un chauffeur de camion, à l'arrêt. On est coincés à la douane. Je vais attendre un peu de voir si cela ouvre. Sinon, je devrais aller dans le Nord, pour rejoindre la Jordanie. Cela rallonge mon parcours de 500 kilomètres. »
 
À quelques centaines de mètres de là, entre le territoire libanais et le territoire syrien, un immense cratère rend la route impraticable. C’est à pied que les réfugiés libanais ou syriens fuient les bombardements. Ils contournent l’obstacle, beaucoup portant leurs bagages, leurs enfants à bout de bras. Ici, sur un muret, des frères et sœurs jouent et débattent, de leurs voix fluettes : « Tu crois qu’on peut passer illégalement ? », « Non ! Je veux pas passer par la montagne ! »
 
« Ils portent des armes, ces gens, pour qu’on les empêche de passer ? »
Leur mère est trop épuisée pour intervenir et trancher. Ils viennent de Beyrouth après la frappe massive du vendredi 27 septembre. « On fuit vers la Syrie », lâche le premier bambin. « La frappe était très forte », complète le second.
 
C’est ici la fin du voyage pour Mohamed, un taxi qui a emmené toute cette famille jusqu’ici. « La route est coupée, on ne peut plus aller en Syrie, s'alarme le chauffeur. Je suis là, je fais le taxi. Regardez tout ce monde qui fuit, les pauvres ! Ils portent des armes, ces gens, pour qu’on les empêche de passer ? Leur vie est déjà assez difficile comme cela. »
 
Taxé par l’armée israélienne d’être un point de passage pour les armes à destination du Hezbollah, Masnaa a vu ces derniers jours, plus de 200 000 réfugiés traverser la frontière.

RFI

Samedi 5 Octobre 2024 10:50


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