A Monrovia, la plupart des mesures de sécurité sont toujours en place. Fermeture des frontières, couvre-feu, même si ce dernier a tout de même été allégé. Lorsqu’on arrive à l’aéroport, avec la moiteur et l’odeur de chlore, on a toujours autant l’impression de débarquer dans une piscine, ce qui a un côté rassurant. Néanmoins, le comportement des gens a légèrement changé.
En octobre, lors d’une première mission dans le pays, les Libériens semblaient abattus, personne ne se touchait, il y avait une distance physique et une méfiance réciproque palpables. Maintenant, les habitants, et ça se voit sur leur visage et leur comportement, ont retrouvé de l’espoir, une joie de vivre.
Rapprochement
A l’aéroport, un douanier pose la main sur l’épaule d’un usager pour lui indiquer la sortie. Un geste impensable il y a quelques mois. Sur le parking, des amis sont en train de chahuter entre eux. Les voir se toucher a quelque chose de surprenant et d’effrayant à la fois parce que la peur d’une contamination est toujours présente, même si cela révèle un certain optimisme, cela montre que les gens réapprennent à vivre ensemble. Pour autant, les Libériens ne se serrent toujours pas la main, pas d’accolade, pas de bise.
Certains vont jusqu’à dire qu’Ebola est déjà vaincu, mais la grande majorité reste sur ses gardes. Beaucoup veulent attendre que l’épidémie soit déclarée officiellement terminée. Ils ne veulent pas revenir à l’été dernier lorsqu’après une accalmie générale, le virus avait fait un retour fracassant et tué des centaines de personnes.
Un pays profondément marqué
A Monrovia, les structures de lutte contre Ebola sont toujours en place, mais la baisse du nombre de cas a eu des conséquences. Des centres de traitement ont été fermés, faute de patients. D’autres ont diminué leur capacité, comme le grand site Elwa 3 de Médecins sans frontières (MSF). L’un des centres d’accueil pour orphelins qui, il y a quelques semaines, grouillait encore d’enfants qui attendaient un placement en famille, est désormais vide. Le crématorium, où on brûlait plus d’une centaine de corps par jour, ne fonctionne plus. Les morts d’Ebola sont maintenant enterrés à Disco Hill, un cimetière spécial.
→ A (RE)LIRE : [[Reportage] Ebola: colère et abandon au crématorium de Monrovia]urlblank:http://www.rfi.fr/afrique/20150206-reportage-liberia-colere-abandon-crematorium-monrovia-ebola/
Dans le même temps, le système de santé se remet tout doucement en place. Plusieurs hôpitaux ont rouvert. Maintenant, il y a un énorme travail à faire pour consolider ce système qui s’est écroulé en quelques mois avec l’arrivée du virus. Et puis, il y a aura les plaies d’Ebola qui mettront du temps à cicatriser. La stigmatisation reste forte envers les malades, leurs proches et même les survivants, pourtant immunisés. La peur qu’a inspiré et inspire toujours Ebola va laisser des traces peut-être indélébiles sur la société libérienne.