Très tôt ce vendredi, une frappe aérienne a totalement détruit sa cible, une maison près de Sabratha, laissant derrière elle un vaste cratère. D'abord inconnue, l'origine de ce raid a rapidement été révélée dans la matinée par le quotidien américain The New York Times : il s'agit d'une frappe américaine qui visait un cadre tunisien du groupe Etat islamique en Libye : Nourredine Chouchane.
Ce jihadiste était considéré par Washington comme le planificateur des attentats du Bardo en mars et de Sousse en juin 2015, dans lesquels 60 touristes européens ont été tués. RFI avait déjà révélé que les deux auteurs tunisiens de ces attentats avaient été formés dans ce camp, situé à l'extérieur de Sabratha, à 70 km à l'ouest de Tripoli. Selon Washington, Nourredine Chouchane facilitait l'envoi de nouvelles recrues tunisiennes vers la branche libyenne de l'EI. Une filiale du groupe irakien dans laquelle les Tunisiens forment le contingent étranger le plus nombreux, entre 1 000 et 1 500 selon l'ONU.
D'autres attentats
Pour le porte-parole du département de la Défense, Peter Cook, Washington craignait qu'il ne prépare d'autres attentats en Europe ou en Afrique du Nord : « Nous avons décidé de frapper après avoir déterminé que Chouchane et les autres combattants dans ce camp préparaient des attaques extérieures contre des intérêts américains et occidentaux dans la région. »
« L'élimination de ce facilitateur expérimenté » et la destruction de ce camp « auront un impact immédiat sur les capacités de recrutement de l'EI en Libye » indique encore Washington. Le camp ciblé par les Américains avait été fondé en 2013, par d'autres Tunisiens devenus depuis des membres importants de l'organisation Etat islamique en Libye, mais aussi en Syrie. Selon la municipalité de Sabratha, parmi la quarantaine de personnes tuées dans ce bombardement américain, presque toutes seraient des jihadistes tunisiens.
Quatrième intervention
Il s'agit de la quatrième intervention armée non clandestine américaine contre des jihadistes en Libye depuis 2013. La dernière, en novembre dernier à Derna, avait coûté la vie à un autre cadre du groupe Etat islamique, l'Irakien Abu Nabil. La situation en Libye est un sujet de préoccupation pour les Occidentaux. Ils sont partagés entre leur réticence à lancer des opérations militaires d'ampleur et la crainte de voir s'étendre la zone d'influence du groupe Etat islamique.
Ces derniers jours, le président américain Barack Obama a clairement indiqué que les Etats-Unis pourraient traquer l'organisation jihadiste partout où elle s'installe. Selon la presse américaine, les forces spéciales américaines et britanniques ont récemment accru leurs missions de reconnaissance clandestine en Libye avec pour objectif l'identification des cibles de frappes aériennes.
Source: Rfi.fr