Une chose est certaine, cette journée a été meurtrière à Kinshasa. Lambert Mendé, le porte-parole du gouvernement, parle de quatre morts tués par balle – deux policiers et deux civils. Il précise que les policiers tués étaient affectés à la surveillance de magasins. Et les civils tués étaient selon lui des pillards.
Ce n'est pas l'avis de l'opposition qui évoque un bilan beaucoup plus lourd de 13 morts, tous tués par des tirs à balle réelle, affirme le chef de file de l'UNC, Vital Kamerhe. Un bilan « provisoire », précise-t-il. « Il y a trois étudiants, il y a effectivement des policiers qui sont comptabilisés dans ce bilan », détaille-t-il. Vital Kamerhe dit disposer d'enregistrements prouvant que des militaires ont tiré à balle réelle sur les manifestants.
Paul Nsapu, le secrétaire général de la FIDH section Afrique, évoque lui aussi un bilan plus élevé que le bilan officiel et parle de 14 morts. « Le personnel soignant nous a informés, chiffres à l’appui, et nous avons des images, des photos sont là », assure Paul Nsapu. « Le régime a tué. Le régime a déployé un dispositif vraiment disproportionné », dénonce-t-il.
Ces chiffres sont difficiles à vérifier dans l'état actuel des choses, d'autant que les journalistes qui ont tenté d'aller comptabiliser les victimes dans les hôpitaux de Kinshasa n'ont pas été autorisés à entrer dans les morgues. Plusieurs autres personnes ont par ailleurs été blessées en province, et notamment dans la ville de Goma où ont eu lieu des manifestations. Plusieurs centaines de personnes y ont tenté de manifester contre la nouvelle loi électorale. Résultat : au moins une dizaine d'interpellations de manifestants, selon plusieurs sources. Deux policiers des Nations-unies ont par ailleurs été blessés par des jets de pierre de manifestants.