L’article premier de la Constitution du Sénégal dispose en son alinéa 1 : «La République du Sénégal est laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens, sans distinction d’origine, de race, de sexe, de religion. Elle respecte toutes les croyances.»
En clair aucune autre loi ne peut, en l’état actuel de la Constitution, instaurer une discrimination positive ou négative basée, sur l’origine, la race, la religion et même le sexe.
En faisant voter récemment par l’Assemblée nationale la loi sur la parité absolue homme-femme dans toutes les institutions totalement ou partiellement électives, le donneur d’ordre de l’exécutif sait qu’il viole la Constitution en son état actuel. Il aurait fallu enlever le mot sexe de l’alinéa 1 de l’article premier de notre Loi fondamentale pour être en conformité. Mais au Sénégal, on ne s’embarrasse point de fioritures. Quand le donneur d’ordre dit sa préférence, les exécutants se mettent dans les rangs. C’est comme si pour une raison ou pour une autre, la Constitution pouvait être tordue pour des manœuvres électoralistes.
Sans doute en jouant à la parité absolue, le donneur d’ordre voulait tendre un piège à l’opposition. Il voulait certainement que l’opposition, en attaquant cette violation de la Constitution, tombât sous le coup d’une misogynie qui serait difficilement défendable dans la perspective des joutes électorales à venir. L’opposition est constituée de politiques et normal est-il que l’heure soit au silence plutôt qu’à une dénonciation maladroite de cette incohérence avec la Loi fondamentale. Demander à un homme politique d’aller à contre-courant du populisme, c’est lui dire d’hypothéquer son avenir. Les femmes de l’opposition ont sans doute bien fait de déjouer le piège politique en allant avec toute la blancheur à l’applaudimètre du Palais.
Ecrire dans les lois et règlements des dispositions pour aller vers la parité absolue dans les institutions électives n’est pas une mauvaise chose en soit. Cela pourrait même être une façon très symbolique et pédagogique de dire à certains machos que la femme est égale à l’homme en droits et devoirs. Mais il faut rendre cette loi conforme au texte Constitutionnel qui refuse la discrimination.
Il faut dépasser le symbolisme et oser aller dans une démarche planifiée de véritable politique de promotion de la femme pour régler au moins les questions de fond comme : la scolarisation des jeunes filles et des femmes en général, l’accès de la femme rurale à la terre, l’accès de la femme au secteur de l’emploi moderne. Elles ne représentent qu’à peine 8% de ce secteur ; l’égalité avec les hommes dans le traitement des salaires et autres émoluments ; la promotion sanitaire de la femme notamment la lutte contre la mortalité maternelle qui ravage 510 femmes sur 100 000 naissances.
Ce que nous devons savoir, c’est que la loi sur la parité n’est pas un sésame. Elle semble révolutionnaire mais loin est la fin du combat légitime pour une véritable promotion de la gent féminine. La révolution est d’abord dans les mentalités qu’il faut façonner pour faire accepter l’égalité en droit, et la complémentarité en actions, entre les inséparables que nous sommes. Cette révolution ne doit pas se faire dans une sorte de confrontation sociologique, qui fera prendre la couronne pour le pouvoir véritable, et l’autodétermination libre et citoyenne des femmes et des élus en général.
Ce combat-là pour l’autodétermination individuelle et consciente des personnes issues des institutions électives, est aujourd’hui la seule véritable bataille dans une société de donneurs d’ordres et de vote à l’applaudimètre sur instruction du chef.
Nous devons avoir une vision moins monarchique du chef et agir sur la base de nos intimes convictions dans l’intérêt général.
Que vive l’égalité en droit.
Vivement la politique sincère de promotion féminine au-delà du folklore des tenues unies.
Vivement la promotion de l’élu libre qui ne vote que sur instruction de sa conscience qui est proche de celle collective.