Du renfort dans l’opposition sénégalaise. Parti politique créé en France, le Mouvement pour le Socialisme et l’Unité (MSU) est bien décidé à s’opposer au président Macky et son gouvernement qui ont «montré leurs limites dans la prise en charge des préoccupations des Sénégalais», de l’avis de son coordonnateur, Sidy Fall qui a accordé une interview exclusive à PressAfrik. De ce fait, partant du principe que «si on est incapable, il faut laisser la place à ceux qui sont capables», la formation politique qui dit véhiculer les valeurs éthiques du Président Mamadou Dia, n’exclut pas de s’allier avec Idrissa Seck pour aller vers la «créativité pour donner de l’espoir, booster l’économie et mettre en place des chemins de fer électro-solaires, des bateaux et une usine de sidérurgie» afin de sortir le pays de l’ornière.
Depuis le 25 mars 2012, Macky Sall préside aux destinées du Sénégal, que vous inspire sa gestion ?
«Je suis scandalisé de voir ce que le Sénégal est devenu». Je n’ai aucun espoir parce que le Sénégal n’est pas un gâteau à se partager. Le gouvernement s’est jugé lui-même parce qu’ils ont montré qu’ils ont été incapables de prendre en charge les préoccupations des Sénégalais. Si on est incapable, il faut laisser la place à ceux qui sont capables. Le Sénégal regorge de ressources humaines immenses. Nous avions fait des propositions au président Wade et le président des Assises. Le professeur Souleymane Atta Diouf avait remis un document aux assises. Une correspondance qui est restée sans suite. Il avait saisi le président Wade pour un train solaire au Sénégal. Wade voulait le faire mais le professeur était le seul détenteur du brevet. La réponse de Wade a été offensante. «Rentrer au Sénégal avant de vieillir en France». Macky Sall en tant que ministre des Mines et de l’énergie avait été contacté, mais sa réponse a été tout aussi lacunaire.
Récemment, le président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse qui avait avoué l’impuissance du gouvernement à baisser les prix des denrées de première nécessité, du riz notamment ne vous a pas surpris alors ?
C’est ce qui est très grave, quand on est élu c’est pour trouver une solution aux problèmes. Il faut que le gouvernement prenne ses responsabilités et qu’on évite d’importer tout le temps. On n’a jamais vu, à travers le monde, un pays qui s’est développé sur la base de la mendicité et de l’aide internationale. En dehors des denrées de premières nécessités, il y a un déficit en eau potable et en énergie à Dakar. C’est un aveu de taille d’impuissance. Ce sont eux qui avaient dit pendant la campagne qu’ils pouvaient amener le prix du gasoil à 500 francs CFA. Il disait que c’était inacceptable que le prix du carburant qui transite au Sénégal soit moins cher au Mali et au Burkina. Il faut aller vers la créativité pour donner de l’espoir aux porteurs de projet et booster l’économie de ce pays pour que l’argent puisse circuler. Il nous faut aussi des chemins de fer électro-solaires, des bateaux et une usine de sidérurgie et autres qui pourront tirer le pays. Au lieu de cela, les entreprises étouffent. Nous n’avons pas de banques qui peuvent prêter à de moindres taux. Nos acteurs politiques ont un déficit sur le plan de la technique et de la science.
A vous entendre, vous êtes décidé à vous opposer. A ce propos le MSU est-il prêt à s’allier à d’autres partis en vue des prochaines échéances locales ?
Nous allons nous opposer avec des partis dignes. Nous connaissons Idrissa Seck, il a été PM, il doit nous dire qu’est-ce qu’il a fait dans ce pays. Nous n’excluons personne. Mais nous n’allons pas cheminer avec l’ennemi du Sénégal ou de l’Afrique.
Que vous inspire la traque des biens mal acquis ?
La traque des biens mal acquis est une bonne chose. Nous avons été les premiers à réclamer ce type de commission. Nous sommes très attentifs sur ce dossier. Il faut donner les moyens logistiques et financiers à la justice. Si le juge n’a pas les moyens de sa politique, il ne pourra pas traquer. Il appartient à l’Etat de restaurer l’ordre, à prendre ses responsabilités pour protéger chaque citoyen.
Votre parti connait des remous avec notamment le coordonnateur général, Massène Niang. Qu’en est-il exactement ?
Massène Niang n’a jamais été coordonnateur général du MSU. Il n’a pas organisé de congrès depuis sept ans. Il faut qu’on arrête de leurrer les militants et les citoyens. Ce combat nous le menons depuis la France. Le MSU a été créé en France. J’ai eu la chance d’accompagner le Maodo (Président Mamadou Dia) alors que Massène n’était même pas encore militant. Massène Niang a été intérimaire après le décès de Tidiane Ba. Il s’est accroché au parti et l’utilise à des fins personnelles. Nous croyons à l’intérêt général. Si nous militons à MSU, nous avons un devoir à l’égard du Maodo qui a beaucoup fait et sacrifié pour le Sénégal.
Que comptez-vous donc faire pour débarquer Massène Niang ?
On lui a laissé tout le temps pour réorganiser le parti. Il sort un communiqué pour virer tous les responsables régionaux du MSU, il s’est alors auto-exclu lui-même. MSU n’est pas une société à responsabilité limitée, c’est un parti politique. On travaille dans le sens de fédérer les militants et responsables. La politique quadriennale du président Mamadou Dia, un programme pour les paysans. Une banque pour le monde rural. Les paysans n’étaient pas pauvres à l’époque, aujourd’hui ils vivent dans la misère. Nous avons été choqués que le président Wade ne se soit pas incliné devant la dépouille du Maodo pour quelqu’un qui a apposé sa signature à l’indépendance du Sénégal.